Pr Nicolas Marquis © Christian Du Brulle
Pr Nicolas Marquis © Christian Du Brulle

Le coaching, ses rites et ses impacts sous la loupe du Pr Marquis 

3 septembre 2019
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Coaching personnel, sportif ou encore professionnel. Cette pratique percole dans toutes les activités de notre société moderne.  « On aide les personnes à se transformer en partant de leurs propres ressources », explique Nicolas Marquis, professeur de sociologie à l’Université Saint-Louis, à Bruxelles. « On vise à leur assurer une plus grande autonomie, à gommer certaines différences, à leur permettre de s’élever. »

Quels impacts ces pratiques de coaching ont-elles sur les individus? Sur la perception qu’ils ont de leurs compétences? Sur leur place dans la société? Plus loin encore, quels effets socio-économiques ces pratiques peuvent-elles avoir sur notre société, sur le monde politique qui développe des réformes touchant à des domaines aussi essentiels que l’éducation, la santé et l’enseignement?

Voilà quelques-unes des questions auxquelles le chercheur aimerait apporter des réponses. Il vient de décrocher une bourse du Conseil européen de la Recherche (ERC Starting Grant), la première attribuée à un chercheur de l’Université Saint-Louis.

Valorisation de l’autonomie individuelle

« Le but de ce projet de recherche de cinq ans, et doté d’1,5 million d’euros, est de dessiner les contours de la pratique de coaching et de ses impacts », précise le Pr Marquis. « Dans un premier temps, nous allons établir une comparaison des diverses pratiques de coaching en Angleterre, en Italie et en Belgique francophone, ainsi qu’en France. »

« Dans un second temps, nous allons opérer une comparaison identique entre la Belgique francophone et la France, en étudiant les pratiques de divers acteurs du coaching, tant du secteur public que du secteur privé. Et ce, toujours dans les trois domaines qui nous intéressent: l’éducation, la santé et l’enseignement. »

« Enfin, nous allons tenter de comprendre comment vivent les personnes qui bénéficient de ce coaching et comment elles appliquent les changements qui leur sont proposés. Au final, nous allons nous intéresser aux impacts que ces pratiques ont sur les individus en « position basse ». C’est-à-dire les élèves par rapport à leurs professeurs, les enfants par rapport à leurs parents mais aussi les soignés par rapport aux soignants. »

« Les impacts sociopolitiques nous intéressent également. Notamment dans la manière dont le coaching transforme la perception qu’ont les décideurs de certains métiers dans des secteurs où ils orchestrent diverses réformes », dit encore en substance Nicolas Marquis.

Des relations essentielles et inégalitaires 

Cette recherche s’inscrit dans la droite ligne des travaux précédents du chercheur. « Nous vivons dans une société qui valorise très fort l’autonomie individuelle », précise-t-il. « Mais que faisons-nous avec les personnes qui présentent des troubles dans ce domaine ? »

« Au départ du constat de la prééminence de l’autonomie dans notre société, je m’interroge sur les conséquences que cela peut avoir sur trois types de relations essentielles: les relations entre parents et enfants, celles entre enseignants et étudiants et celles entre soignants et soignés. »

« Il s’agit de trois vestiges de relations inégalitaires dans notre société. Ces trois relations visent à faire changer de position des personnes en « position basse », vers des statuts différents et les amener vers davantage d’autonomie. Dans ces trois domaines, il y a une tendance grandissante à tenter de gommer les différences entre les personnes en « position haute » et en « position basse », afin d’aboutir à une relation égalitaire. Il ne s’agit plus simplement d’éduquer ou d’instruire. Il s’agit d’aider les personnes en « position basse » à faire émerger leurs potentiels cachés, leurs ressources inexplorées. »

« Un bon parent, par exemple, n’est plus tellement celui qui transmet, mais plutôt celui qui éveille. D’où l’objet de mon travail de recherche sur le coaching », conclut-il.

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