Troubles addictifs : la neurostimulation à l’étude

4 juillet 2017
par Camille Stassart
Durée de lecture : 3 min

Casinos, tickets à gratter, poker et paris en ligne… L’offre de jeu d’argent et de hasard a explosé ces dernières années. Depuis 2013, la dépendance aux jeux d’argent et de hasard est également considérée comme un trouble addictif. Au même titre que l’alcoolisme, la toxicomanie et le tabagisme.

Plusieurs signes peuvent indiquer si la pratique ludique devient pathologique. La 5e version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux pointe notamment :

  1. La perte de contrôle et un désir intense de jouer
  2. La poursuite du comportement alors qu’en découlent des conséquences négatives, comme continuer de jouer alors que l’on est endetté
  3. La nécessité de jouer des sommes d’argent de plus en plus élevées dans le but d’atteindre l’excitation souhaitée.

L’hypersensibilité des joueurs pathologiques à la récompense monétaire

« Une de nos études montre que la promesse d’une récompense monétaire plus élevée augmente la réponse motivationnelle associée chez le joueur pathologique. Alors même que cette récompense n’est pas connue des sujets » explique le Dr Xavier Noël, Chercheur qualifié FNRS, attaché au Laboratoire de Psychologie Médicale et d’Addictologie au CHU-Brugman (ULB).

Cette hypersensibilité aux récompenses monétaires a été confirmée dans une étude du Centre de Neuroscience Cognitive (France). En utilisant l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, les scientifiques ont étudié les réponses cérébrales des joueurs pathologiques et des joueurs contrôles quand ils sont confrontés à des récompenses érotiques visuelles, et des récompenses monétaires.

Leurs résultats mettent en évidence que les personnes accros au jeu font preuve d’une moins grande réactivité aux indices prévoyant des stimuli érotiques. Et lorsqu’ils reçoivent la récompense en question, leur motivation comportementale reste aussi plus faible.

Des désordres neurocognitifs en jeu

Concrètement, nous retrouvons dans les cerveaux « dépendants » plusieurs éléments :
« Une impulsivité hyperactive, ainsi qu’une réflexion hypoactive, dépendant du cortex préfrontal, le système nerveux responsable de la prise de décisions, la prévision des conséquences futures d’un comportement et de la conscience de soi. Mais aussi un système nerveux géré par le cortex insulaire. Ce qui renforce l’activité du système impulsif » indique le Dr Noël.

Les moyens thérapeutiques actuels sont la psychothérapie, les cures ou encore les traitements médicamenteux. Jugés encore peu efficaces sur le long terme. D’autres traitements innovants sont aujourd’hui envisagés, comme la stimulation transuranienne à courant direct (tDCS).

La tDCS pourrait traiter les troubles addictifs en stimulant électriquement les régions du cerveau mises en cause. La technique consiste à placer 2 électrodes sur le crâne durant quelques dizaines de minutes. Ce qui améliorerait les fonctions neuropsychologiques du sujet. Comme le contrôle des impulsions et l’évaluation des conséquences de ses propres actes.

Durant trois ans, cette technique sera testée au Laboratoire de Psychologie Médicale et d’Addictologie de l’ULB.

Avec le soutien du Fonds pour la Recherche en Psychiatrie, les chercheurs étudient la possibilité d’aider sans traitement pharmacologique des personnes dépendantes. La thérapie combinant la tDCS à une formation sur la perte de contrôle (ICT) vise actuellement des patients souffrant d’alcoolisme.

Une solution sur le long terme pourrait donc bientôt voir le jour pour toutes les personnes atteintes de troubles addictifs.

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