A l’UCL, un étudiant sur quatre s’ennivre chaque semaine

6 septembre 2016
Par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

La deuxième étude menée en cinq ans par l’Université Catholique de Louvain (UCL) auprès de ses étudiants sur leur consommation d’alcool vient de livrer ses résultats.

Réalisée par les chercheurs Pierre Maurage et Séverine Lannoy, de l’Institut de recherche en sciences psychologiques, la nouvelle étude montre que seuls 8% des 4.500 étudiants interrogés ne consomment jamais d’alcool. 10% des étudiants par contre expliquent être des consommateurs quotidiens de boissons alcoolisées tandis qu’un étudiant sur quatre (25%) avoue être ivre au moins une fois par semaine.

De la bière, surtout le jeudi et plutôt pour les kotteurs

La boisson la plus prisée des étudiants reste la bière. L’étude montre aussi que le jour le plus alcoolisé de la semaine est le jeudi et que les étudiants qui “kottent” (64% des étudiants) ont davantage tendance à boire que ceux qui résident chez leurs parents.

Côté profil, ce sont les garçons qui boivent le plus, comparativement aux filles. Et surtout pour la tranche d’âge allant de 18 à 21 ans. Ce qui correspond généralement aux étudiants en Bac 1 et Bac 2. “Passé ce cap, la consommation diminue”, indiquent les chercheurs.

Notre étude montre aussi, par rapport à il y a cinq ans, un rajeunissement des grands buveurs”, souligne le Dr Maurage. “A l’époque, c’était surtout en 2e et 3e Bac qu’on les retrouvait. Aujourd’hui, c’est dès la première année. Ce qui signifie qu’ils arrivent à l’université avec une consommation importante d’alcool déjà initiée.”

Le binge drinking touche 40% des étudiants

Un autre enseignement de la nouvelle enquête porte sur l’alcoolisation massive et rapide des étudiants: le binge drinking.

40% de la population totale des étudiants connaissent des épisodes de binge drinking”, détaille encore Pierre Maurage. “Et 30% connaissent même un binge drinking intense, soit la consommation de plus de 8 doses d’alcool sur une même soirée et ce au moins deux fois par mois”.

Le stress et la pression sociale

Les raisons qui poussent les étudiants à boire ont aussi été clairement identifiées par cette seconde étude. C’est le stress qui pousserait à la boisson. Le stress, mais aussi la pression sociale “pour être dans la norme”, note-t-on à l’UCL

Les étudiants associent la consommation d’alcool à des effets davantage positifs que négatifs”, soulignent les chercheurs. Selon eux, elle renforce la socialisation et la relaxation. 69,4 % des répondants déclarent avoir eu plus de facilité à engager une conversation et 67,1 % avoir fait la connaissance d’une nouvelle personne. Les étudiants rapportent aussi que l’alcool leur a permis de prendre leurs distances par rapport à certaines inquiétudes et de diminuer leur stress (60,7 %).

Violence, relations sexuelles regrettées, désinvestissement des études

Ce recours à la boisson n’est pas sans risques. Les conséquences de ces excès se traduisent par davantage de faits de violence, de relations sexuelles regrettées ou non-protégées et un désinvestissement des études.

Les étudiants reconnaissent ne pas se sentir capable de travailler le lendemain d’une cuite et 44 % d’entre eux admettent négliger leurs études suite à une consommation excessive d’alcool”.

Sur le long terme, cette consommation excessive a des effets néfastes sur le fonctionnement du cerveau, et conduit à des troubles durables de la mémoire, de l’attention et de la concentration”, rappellent les chercheurs.

Un plan alcool

Cette étude menée pour la seconde fois à l’UCL en cinq ans vise à mieux comprendre les raisons qui poussent les étudiants à consommer de l’alcool de manière excessive afin de mettre sur pied des actions ciblées et pertinentes.

Un “plan alcool” a ainsi été établi en partenariat avec les étudiants.

D’autres études concernant le bien-être des étudiants sont également en projet. Après l’alcool, ce seront la vie affective et sexuelle de ses étudiants , leurs habitudes alimentaires, leur activité physique et enfin leur santé mentale qui seront décortiquées.

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