Femmes et scientifiques? La Région de Bruxelles-Capitale mène actuellement une vaste campagne en ce sens. A découvrir sur Wats.brussels.
Femmes et scientifiques? La Régimon de Bruxelles-Capitale mène actuellement une vaste campagne en ce sens. A découvrir sur wats.brussels.

Femme et chercheur: l’équation passionnante

9 février 2018
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

Que deviennent les boursiers et les post-doctorants en Belgique francophone une fois leur mandat terminé? Et quelle est plus particulièrement la situation des femmes dans ce contexte? Les chiffres de la dernière enquête du Fonds de la Recherche Scientifique (F.R.S-FNRS) sur le sujet épinglent les différences liées au genre. Ils ont été commentés jeudi à Bruxelles par la Dre Véronique Halloin, Secrétaire générale du Fonds de la Recherche scientifique, en prélude à la Journée internationale des femmes et des filles de science (ONU) (le 11 février).

Ces chiffres proviennent d’une enquête réalisée fin 2017 auprès de la « génération 2016 » des mandataires FNRS en fin de contrat. Il s’agit des doctorants et post-doctorants dont les financements FNRS ont pris fin en 2016. Au total, 274 doctorants et 63 Chargés de Recherche (post-doctorants) ont répondu au questionnaire, soit environ 88% de chaque contingent.

Taux de réussite similaire

Premier constat posé par la Dre Halloin: les proportions d’hommes et de femmes qui ont décroché leur thèse dans les 14 mois suivant la fin de leur financement sont quasi identiques. Ces chiffres sont de 68% pour les femmes et 76% pour les hommes. Si on regarde le taux d’abandon, les chiffres sont respectivement de 2,8% et 4,5%.

C’est quand il s’agit d’envisager un épisode de mobilité internationale au terme de la thèse que le fossé se creuse. Les femmes se font plus timides. 38,5% d’entre elles disent avoir connu une expérience de mobilité internationale de plus de 3 mois après leur thèse, contre 57,4% pour les hommes.

 

Mobilité internationale des doctorant(e)s. © FNRS
Mobilité internationale des doctorant(e)s. © FNRS

Quant à la question de l’insertion professionnelle, l’équilibre est quasi respecté. 80% des femmes déclarent avoir un emploi 14 mois après la fin de leur financement. Un chiffre qui passe à 86% pour les hommes.

Toutefois, lorsqu’on s’intéresse à la nature de cet emploi, des nuances apparaissent. Alors que les hommes sont majoritairement actifs dans la recherche académique (57,5%), les femmes font plutôt carrière en dehors du secteur (54,5%). On notera au passage que pour les anciens Chargés de Recherche, les femmes sont davantage employées à durée déterminée (65,5%) que leurs confrères (47%).

Insertion professionnelle des anciens boursier(e)s FNRS, "génération 2016".
Insertion professionnelle des anciens boursier(e)s FNRS, « génération 2016 ».

 

La piste du mentorat

Pour faire progresser la carrière des chercheur(e)s, pourquoi ne pas avoir recours au mentorat? L’enquête du FNRS auprès des docteurs diplômés de la génération 2016 montre que les femmes y sont davantage favorables que les hommes (67,7% contre 42,6%)

Le mentorat consiste en un accompagnement volontaire, assuré par une personne plus expérimentée et éventuellement active dans un autre domaine de recherche que le sien, et qui écoute et conseille le ou la jeune chercheur(e). Depuis sa création en 2003, l’association sans but lucratif BeWISe (Belgian Women in Science) propose un tel programme d’accompagnement aux doctorantes.

« L’idée est qu’un mentor, qui cumule plus de 10 années de recherche scientifique, soit, pendant 12 mois, un référent de confiance pour la « mentee », explique Tania Van Loon, présidente de l’asbl BeWISe.

« Notre objectif est de soutenir la position des femmes en sciences, que ce soit dans le secteur privé ou public, et ce partout en Belgique. « Notre conviction, c’est la diversité et son attrait pour l’excellence scientifique. Et cette diversité s’exprime aussi en matière de genre », souligne madame Van Loon.

Bénéfices mutuels

Les bénéfices sont mutuels. « Pour la jeune chercheuse, cet accompagnement de confiance permet de poser toutes les questions qui lui importent », indique encore la présidente de BeWISe. « Cela lui permet d’élargir son réseau, augmente sa satisfaction professionnelle et favorise le développement de soft skills (des compétences connexes et transversales à son domaine d’expertise). Le Mentor en retire pour sa part de nouvelles perspectives sur sa propre manière de faire de la recherche. Cela l’aide également à se remettre en question, ce qui contribue ainsi à son propre épanouissement professionnel ».

Vie familiale, mobilité, réseau: les contraintes liées à la carrière scientifique académique féminine peuvent être variées et nombreuses.

« Mais il faut s’accrocher. Ne pas baisser les bras. Il y a moyen d‘y arriver », assure, enjouée, la Dre Anne-Sophie Libert, mathématicienne de l’Université de Namur, qui est venue témoigner de son expérience de chercheure à la Journée internationale des femmes et des filles de science organisée par le Comité Femmes et Science.

La preuve par sa propre trajectoire. Cette mère de famille de deux enfants, a pu combiner mobilité internationale pendant une année, au prix de quelques sérieux aménagements de ses journées partagées entre Namur et Lille et d’heures de route…

Un choix que cette ancienne Bruxelloise ne regrette pas. À 35 ans, elle est aujourd’hui à la tête du Naxys, l’Institut namurois des systèmes complexes. Un Institut riche d’une septantaine de cerveaux…

 

Note: La photo en tête d’article représente les portraits de six femmes scientifiques bruxelloises. Elles participent au projet WATS « Éveille la scientifique qui est en toi ! ». Cette opération proposée par la Région de Bruxelles-Capitale connaitra son apogée le dimanche 25 février aux Halles Saint-Géry. Une belle occasion de découvrir d’étonnantes carrières scientifiques et de se renseigner sur les différentes formations scientifiques à suivre dans les universités ou hautes écoles bruxelloises. L’évènement est gratuit mais l’inscription est obligatoire.

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