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Les perturbations humaines sont parfois indispensables à la forêt

17 janvier 2017
par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

Chaque année, les activités humaines font disparaître quelque 3 millions d’hectares de forêts dans le monde, constate la FAO. « Mais dans certains cas, les perturbations causées par l’homme sont indispensables à la diversité des essences », relève de son côté Julie Morin-Rivat, chercheuse au Musée royal de l’Afrique centrale et à Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège), où elle termine son doctorat.

 

Evolution de la forêt mondiale, données FAO. Cliquer pour agrandir.
Evolution de la forêt mondiale, données FAO. Cliquer pour agrandir.

 

L’archéologue s’est intéressée à la situation de certains grands arbres héliophiles (qui aiment la lumière) en Afrique centrale. En collaboration avec le Dr Adeline Fayolle, du centre de recherche Terra de Gembloux Agro-Bio Tech (ULg), elle a tenté de comprendre pourquoi, dans cette région, plusieurs essences thermophiles disparaissaient alors que la forêt ne subit plus depuis des décennies, d’exploitation particulière.

 

Menaces sur les arbres héliophiles

 
« Les populations d’arbres héliophiles qui dominent les canopées des forêts d’Afrique centrale sont vieillissantes », explique Julie Morin-Rivat, attachée au département de biologie du bois, au Musée royal de l’Afrique Centrale.

 
« Des études antérieures montrent que peu de jeunes arbres les remplacent. Ces espèces risquent donc de disparaître si ces forêts ne sont pas gérées correctement. C’est une préoccupation majeure puisqu’il s’agit d’essences importantes dans l’industrie du bois. »

 

Un problème vieux de 165 ans

 

Terminalia superba, une des quatre essences héliophiles menacées par la non gestion de la forêt en Afrique centrale. © Morin-Rivat
Terminalia superba, une des quatre essences héliophiles menacées par la non gestion de la forêt en Afrique centrale. © Morin-Rivat

L’étude menée par Julie Morin-Rivat et ses collègues s’est focalisée sur quatre essences spécifiques rencontrées dans le nord du bassin du Congo. Elle montre que la majorité des arbres de ces espèces ont environ 165 ans, ce qui signifie qu’ils datent du milieu du 19e siècle.

 

En combinant les informations de différentes bases de données et de données historiques, les chercheurs ont montré que jusqu’à cette période, les forêts étaient habitées et que des clairières étaient donc créées.

 

Cependant, à partir du milieu du 19e S., lorsque les Européens ont commencé à coloniser la région, les habitants et les villages se sont déplacés pour s’installer à proximité des rivières et des routes pour des raisons administratives et commerciales.

 

Parallèlement, le nombre de décès a sensiblement augmenté à cette époque, notamment à cause de conflits et de nouvelles maladies.

 

Une tranquillité inquiétante pour la biodiversité

 
« À partir de cette période, les forêts ont été moins perturbées par l’homme », explique l’archéologue. « Moins de clairières étaient créées. Or, une perturbation humaine est nécessaire au maintien de certains habitats forestiers et de certaines espèces d’arbres, dont les héliophiles. »

 

Les exploitations actuelles ne créent pas de clairières assez grandes pour garantir la régénération naturelle de ces espèces et des actions supplémentaires sont donc nécessaires. Certains arbres âgés pourraient par exemple être abattus autour de jeunes arbres héliophiles. Des espèces menacées pourraient être replantées », préconise-t-elle.

 

Une gestion raisonnée de la forêt qui permettrait ici, comme ailleurs sur la planète, de préserver cet indispensable capital végétal.

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