Pr Christine Schaut, USaint-Louis / ULB

De la sociologie urbaine au « rayon vert », un petit lieu socio-culturel polyvalent

17 août 2016
par Violaine Jadoul
Durée de lecture : 4 min

Série (10) / « PassionS de chercheurs »

Christine Schaut est sociologue. Elle est professeur à l’Université Saint-Louis mais aussi à l’Université libre de Bruxelles (ULB)  (où elle enseigne la sociologie urbaine à de futurs architectes).

A l’ULB, elle se penche sur la question de la limite et des frontières à partir des frontières urbaines. A Saint-Louis, ses recherches portent sur les politiques urbaines (sécuritaires ou culturelles notamment) mises en place depuis les années 90.

« Je m’intéresse à la manière dont elles sont implémentées au niveau local et à ceux qui sont supposés en être les bénéficiaires. J’analyse, par une démarche ethnographique, la mise à l’épreuve sur le terrain de toutes ces politiques », explique Christine Schaut. Il y est question de participation et de mixité.

La particularité de son travail est la collaboration avec le milieu associatif. « J’ai besoin de contacts avec le terrain », précise-t-elle.

Le terrain. Les contacts. C’est aussi ce qui a mené à la création du rayon vert, à Jette, « un petit lieu socio-culturel polyvalent », ainsi que le décrit Christine Schaut.

Multiculturalité et développement durable

Le rayon vert est né en 2006 à l’initiative de trois couples d’amis dont Christine Schaut et son mari.

« L’idée était de faire quelque chose ensemble. C’était aussi l’occasion de se voir entre amis parce que nous avons tous une vie très occupée », raconte la scientifique.

Les maîtres-mots du rayon vert sont : la multiculturalité, l’ouverture au monde, le local et le développement durable. « A partir de là, nous développons des activités qui rentrent dans tous ces axes ou l’un d’entre eux », précise Christine Schaut. En vrac : des concerts, des conférences, des stages…

« On a reçu une association qui travaille avec les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) ou un réalisateur d’un documentaire sur l’agriculture urbaine par exemple. Il y a également des ateliers pour faire son savon ou cuisiner de manière durable. Nous avons de plus en plus d’activités sur le développement durable. Et une épicerie bio, qui occupe désormais une partie des locaux du rayon vert ».

Analyse sociologique du public

« Cet engagement pourrait paraître en décalage par rapport à mon travail. Moi, je trouve cela ressourçant et j’y vois une filiation. Cela illustre un peu la manière dont je mène ma recherche. J’aime regarder et être sur le terrain avant de me dire que je pourrais formuler quelque chose d’intelligent », explique Christine Schaut.

Regarder, c’est ce qu’elle fait au rayon vert. Avec son regard de sociologue, elle analyse les publics qui se rendent aux activités de ce lieu polyvalent.
« Au début, le public était composé de nos amis qui étaient forcés de venir », dit, amusée, Christine. « Ensuite, des gens qu’on ne connaissait pas sont arrivés. Aujourd’hui, grâce au marché bio, des habitants de Jette et de Ganshoren viennent régulièrement. Il y a aussi des gens de la communauté européenne. Puis, toujours grâce au marché, on attire des gens d’origine maghrébine qui viennent parfois aussi à nos activités. J’aime bien analyser ces mouvements de personnes ».

Un lieu qui favorise la mixité

La question de la mixité chère à la chercheuse refait aussi ici surface.

« C’est un lieu tout à fait ouvert. Au niveau du public, cela se mixe », se réjouit Christine Schaut. Une espèce de politique urbaine à petite échelle, en somme.

« Des fils existent entre les différentes activités. Entre l’université et le rayon vert. C’est comme une pelote de laine. J’aime tisser des liens », note encore la chercheuse.

Ses compétences professionnelles sont également utiles pour la gestion du lieu. La sociologue sait « organiser les choses ». La question des objectifs et de la traduction de ces objectifs en activités: elle connaît!
Récemment, le projet s’est professionnalisé. Le rayon vert a permis la création de quatre emplois.

« Ce n’était pas l’objectif à la base. Les trois couples de départ géraient le lieu de manière bénévole », rappelle Christine Schaut.

Les six amis étaient au four et au moulin. « Nous organisions des tables d’hôtes thématiques pour 100 à 200 personnes. Nous servions au bar jusqu’à la fermeture et pouvions nous lever à sept heures du matin pour lancer le marché bio », poursuit-elle.

Aujourd’hui, les amis ont levé un peu le pied. « Nous n’avons plus les contraintes », sourit Christine Schaut. « Jusqu’il y a deux ans, on passait quasiment tous nos week-ends là-bas. Il fallait que ça reste un plaisir. C’est le cas aujourd’hui. Cela n’empêche pas qu’on s’implique à fond sur un projet précis. »

 

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