La solitude, une maladie sociale qui touche surtout l’Europe du Sud, de l’Est et… la Belgique

18 juin 2019
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Qui sont les Européens souffrant le plus de solitude et où résident-ils ? Le Centre Commun de Recherche de la Commission européenne s’est penché sur la question. Son dernier rapport montre que les Belges sont parmi les Européens souffrant le plus de ce sentiment, comme les habitants des pays de l’Est de l’Europe mais aussi du Sud.

C’est dans le cadre d’un projet de recherche pluriannuel visant à analyser différents aspects de l’équité sociale que les chercheurs du CCR sont arrivés à ces conclusions. Leurs résultats sont basés sur les données de l’enquête sociale européenne (ESS).

Sentiments subjectifs et déterminants spécifiques

Deux indicateurs ont été retenus. Celui basé sur des sentiments subjectifs de solitude et celui basé sur des déterminants spécifiques de la solitude tels que la fréquence des rencontres avec les amis. Ce dernier mesure le nombre de personnes socialement isolées, c’est-à-dire celles qui ne rencontrent leurs amis, parents ou collègues de travail (en dehors du travail) qu’une fois par mois, voire moins fréquemment encore.

Premier constat: la solitude touche de la même manière les Européens des villes que ceux des zones rurales. Selon cette analyse, environ 30 millions d’adultes européens (7 %) se sentent souvent seuls. Ce chiffre atteint 10 % en Hongrie, en République tchèque, en Italie, en Pologne, en Grèce, en Italie et en Belgique.

 

© CCR
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La plus faible proportion de personnes se sentant seules se trouve aux Pays-Bas et au Danemark (3 %), en Finlande (4 %) ainsi qu’en Allemagne, en Irlande et en Suède (5 %).

18 % des adultes en Europe sont socialement isolés

Si seulement 7 % des adultes en Europe se sentent seuls, l’analyse montre que beaucoup plus d’adultes en Europe (18 % soit environ 75 millions de personnes) sont en réalité socialement isolés.

Les différences entre les pays sont également beaucoup plus importantes dans ce domaine que pour la solitude subjective. Plus de 40 % des Hongrois et des Grecs ne fréquentent leurs amis ou leur famille qu’une fois par mois ou moins. En Lituanie, en Estonie et en Pologne, ce chiffre avoisine les 35 %.

 

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À l’autre extrémité du spectre, l’isolement social est le plus faible aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède, où environ 8 % des adultes ne rencontrent leurs amis ou leur famille qu’une fois par mois ou moins.

La solitude touche tous les groupes d’âge, des enfants aux personnes âgées. Les personnes en mauvaise santé, les chômeurs et les personnes à faible revenu souffrent davantage de solitude, notent les chercheurs.

Pourquoi mener ce genre d’études ? « Parce que les personnes seules sont souvent stigmatisées. Elles sont plus susceptibles d’être en mauvaise santé et d’avoir des problèmes mentaux et des opinions pessimistes », précisent les chercheurs. « Elles se sentent aussi plus vulnérables, plus facilement menacées dans de multiples situations de la vie quotidienne. Enfin, la solitude est également associée à un risque de mortalité accru, équivalent à celui lié à l’obésité et au tabagisme. Et que la solitude en tant que problème social n’est entrée dans le débat politique et social que récemment », constatent-ils.

 

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