La Bataille des Ardennes, de l’Histoire à l’Innovation

8 décembre 2014
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 6 min

Le 16 décembre marque cette année le 70e anniversaire de la bataille des Ardennes. A l’époque, l’Allemagne nazie lançait une contre-offensive pour tenter d’enrayer la progression des Alliés vers Berlin. Parmi d’autres, les soldats de la “101e aéroportée”, encerclés à Bastogne, ont vaillamment résisté. En janvier 1945, après de longues semaines de batailles dans un environnement glacial et difficile, l’ennemi était finalement repoussé.

 

Cet épisode majeur de la guerre est sans aucun doute l’événement le plus dur qu’ait connu la Belgique lors du second conflit mondial. C’est également un des faits d’armes particulièrement marquants pour tous les professeurs, étudiants et anciens étudiants de… l’Université Texas A&M.

 

Bastogne la ville la plus « Aggies » d’Europe

 

« Aux Etats-Unis, le nom de Bastogne résonne comme celui d’une des plus importantes batailles qui ait permis de gagner la Seconde Guerre mondiale », estime Brett Cornwell, vice-recteur associé de l’Université Texas A&M (TAMU). « Dans l’esprit de mes compatriotes, Bastogne est aussi celui de la ville la plus américaine d’Europe ».

 

Désormais, avec l’exposition, “Aggies go to war”, elle va devenir au fil des mois, la ville européenne la plus texane de l’histoire. Parmi les 610.000 militaires américains engagés dans la bataille et les 76.000 soldats américains tués, blessés ou portés disparus en Ardennes, bon nombre venaient du Texas. “Au total, 950 d’entre eux ont perdu la vie en Europe, notamment au cours de la bataille des Ardennes”, précise Brett Cornwell.

 

Aggies? C’est le surnom donné aux étudiants et aux anciens de l’Université Texas A&M. Ce surnom, porté avec fierté par celles et ceux qui sont passés par cette université, s’est formé sur le « A » du nom « A&M » qu’on retrouve dans le nom de l’Université. A&M étant à l’origine l’acronyme de « Agricultural & Mechanical », deux disciplines phares dans l’histoire de cette université d’état doublée d’une composante militaire: le « Corps des Cadets ».

 

Cinq étudiants texans sous les feux de l’Histoire

 

Quant à l’exposition qui s’ouvre ce dimanche au public, il s’agit d’un témoignage des liens qui unissent, aujourd’hui encore, la Wallonie aux Etats-Unis, et à l’Université Texas A&M en particulier.

 

Les cinq "Aggies" qui illustrent la nouvelle exposition à Bastogne.
Les cinq “Aggies” qui illustrent la nouvelle exposition à Bastogne.

 

L’exposition raconte l’histoire de cinq étudiants de la “Texas A&M University” qui ont chacun joué un rôle dans la bataille des Ardennes: James Hollingsworth, Turney Leonard, William Pena, Joe Routt, et James Earl Rudder. Il ne s’agit pas de la énième exposition relatant un épisode tragique de la seconde guerre mondiale mais plutôt d’une mise en perspective.

 

La vie des cinq témoins texans sert de fil conducteur à une plongée dans l’histoire récente, qui démarre au Texas, dans les années 1920.
Bien entendu, les valeurs intrinsèques de défense de la Liberté, de dévouement, de sacrifice, de réconciliation qui animent chaque soldat américain (Texas A&M est toujours une institution à vocation militaire partielle avec son “Corps des Cadets”) sont bien présentes dans cette exposition.

 

A travers les exemples des cinq « Aggies » qui leur servent de guide tout au long de l’exposition, les visiteurs découvriront ce qu’était la vie sur un campus américain dans l’entre-deux-guerres, avec ses traditions estudiantines. Ils se rappelleront l’entrée en guerre des Etats-Unis après le choc de Pearl Harbor, le recrutement et l’entraînement des jeunes soldats, le débarquement en Normandie et enfin, la lente reconquête d’une Europe en ruines, jusqu’à la forêt d’Ardenne.

 

L’Histoire vecteur de l’Innovation wallonne actuelle

 

L’exposition n’est pas qu’un regard sur le passé. Elle nous ramène aussi aux liens actuels, plus économiques, qui unissent la Wallonie au Texas et la TAMU. Ce partenariat important pour la Wallonie a été monté en une année à peine. « Les premiers accords de partenariat ont été engrangés en mai 2013 avec Idélux », explique le Dr Philippe Lachapelle, de l’AWEX, l’Agence wallonne à l’exportation. « En décembre de la même année, il y a tout juste un an, la ville de Bastogne a également marqué son accord ».

 

Le partenariat entre les acteurs belges et américains se traduit par un investissement commun de 1,3 millions d’euros. Chaque partie prenant la moitié du budget à sa charge (soit 750.000 dollars pour l’Université Texas A&M).

 

Ce soutien financier de l’Université Texas A&M à l’exposition « Aggies go to war » est également une forme d’investissement. D’ici deux ans, l’exposition prendra la direction du Texas, et des villes jumelles de Bryan et de « College Station », siège de la TAMU. Elle constituera le cœur d’un nouveau musée tout entier dédié à l’implication des « Aggies » dans les conflits armés.

 

Partenariats technologiques avec les Etats-Unis

 

Au-delà de cette opération historique, il est aussi utile de souligner que si ce partenariat a pu voir le jour, c’est grâce aux excellentes relations entretenues par la Wallonie (et l’AWEX en particulier) avec la TAMU. Depuis sept ans, les missions technologiques réalisées au Texas au profit des entreprises wallonnes ont permis de créer des liens privilégiés avec la TAMU. Des liens qui ont permis à plusieurs entreprises wallonnes de développer leurs activités outre-Atlantique. Mais cela, c’est une autre histoire. Une histoire qui est en train de s’écrire…

 

Une expo et  un spectacle “son et lumières”

 

L’exposition « Texas Aggies go to war » sera accessible dès le 14 décembre à l’Espace Quartier Latin, à Bastogne. Elle est le fruit de partenariats noués entre la Texas A&M University System, la ville de Bryan, la ville de College station, Research Valley, mais également la Ville de Bastogne, Idelux, la Province du Luxembourg, l’Agence wallonne à l’Exportation et Wallonie Bruxelles International.

 

Tempora, société belge spécialisée dans la conception, réalisation, promotion et gestion d’événements mais également d’équipements culturels a été mandatée, dans le cadre des activités du Bastogne War Museum dont elle assure la gestion, pour mettre en œuvre le projet.

 

En mai 2014, à l’occasion de la « journée du souvenir » aux Etats-Unis (Memorial Day), la journée d’hommage aux membres des forces armées américaines morts au combat, un spectacle « son et lumières » époustouflant était présenté à Bastogne, au Mardasson. La toile de fond de ce spectacle n’était autre que le célèbre monument en forme d’étoile à cinq branches érigé en hommage aux Libérateurs américains.

 

Les cinq Aggies qui servent aujourd’hui de fil conducteur à la nouvelle exposition en étaient déjà les figures principales. Ce spectacle est à nouveau à l’affiche, ces vendredi et samedi, à Bastogne.

 

En voici un court extrait

 

 

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