Le répertoire universel de Paul Otlet. © Mundaneum, Patrick Tombelle
Le répertoire universel de Paul Otlet. © Mundaneum, Patrick Tombelle

Le tout premier moteur de recherche « belge » fait peau neuve

26 juin 2015
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Le Mundaneum vient de rouvrir ses portes, à Mons. Cette institution ouverte au public présente et valorise l’héritage de Paul Otlet, un des précurseurs du concept de «  moteurs de recherche » qui fleurissent sur internet.

 

« Lors de la création de son Mundaneum, à Bruxelles, en 1895, Paul Otlet, un pionnier en matière de science de l’information, envisageait d’y indexer toutes les connaissances du monde », explique Charlotte Dubray, la directrice de l’actuel Mundaneum. Il s’est aussi attelé à leur mise en forme et en présentait une partie sous forme graphique. « L’idée généreuse derrière ce centre de documentation universel était de rendre accessible au plus grand nombre un savoir alors morcelé et difficile d’accès ».

 
 

Visualisation de l'information : Paul Otlet et l’évolution des instituts intellectuels © Mundaneum
Visualisation de l’information : Paul Otlet et l’évolution des instituts intellectuels © Mundaneum

 

Bien entendu, sans ordinateur, la tâche était immense. Otlet s’en remettait aux moyens de l’époque: des fiches de papier soigneusement indexées dans des meubles aux multiples tiroirs.

 

Avec le concours de Henri La Fontaine (1854-1943), par ailleurs Prix Nobel de la Paix , Otlet a mis au point le système de classification décimale universelle, une méthode standardisée d’indexation de la connaissance. Il a également rédigé, avec l’aide de bénévoles, plus de 18 millions de fiches ! Ses meubles-fichiers constituent aujourd’hui la toile de fond du nouveau Mundaneum, à Mons.

 

Mise en réseau de l’information

 

« Otlet se situait entre les encyclopédistes du 18e siècle et les moteurs de recherche sur le web d’avant-hier », estime Jean-Paul Depuis, président du Mundaneum. « C’était un visionnaire, un des pionniers du web ».

 

Le génie du précurseur s’est aussi traduit par la présentation en images d’une partie de ces informations. Y compris le concept de mise en réseau de l’information. Otlet imagina même les premières téléconférences, destinées à diffuser les savoirs.

 

44 zettaoctets d’informations numériques

 

A l’ère numérique, ces documents en papier vieux d’un siècle font sourire. Mais ils font aussi réfléchir. Avec les moyens technologiques dont nous disposons actuellement, et l’avalanche d’informations qu’ils stockent et distribuent, l’exploitation des données est devenue un enjeu majeur.

 

« On estime que d’ici 2020, l’humanité aura produit quelque 44 zettaoctets de données numériques, soit 57 fois le nombre total de grains de sable présents sur Terre », proclame l’exposition « Mapping Knowledge », proposée par le Mundaneum. Face à une telle profusion, des outils d’analyse et de représentations visuelles de ces données deviennent essentiels. Autant dire que le « data-journalism », le journalisme de données, à de beaux jours devant lui!

 

« Les graphiques de Paul Otlet ne sont autres que les ancêtres des ‘data visualizations’ actuelles », souligne Jean-Paul Depuis. Et Mapping Knowledge, qui s’échelonne sur les trois étages de l’ancien magasin Art-Deco qui abrite le Mundaneum, propose un voyage au coeur de ce concept, depuis la cartographie antique aux représentations les plus modernes du « connectome »: les connexions entre neurones dans le cerveau humain.

 

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