Entrée des tombeaux, Mleiha

L’histoire du royaume d’Oman mieux cernée grâce à un archéologue belge

9 février 2016
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

En décembre dernier, le Dr Bruno Overlaet, du Musée du Cinquantenaire à Bruxelles, a dirigé une mission archéologique aux Émirats Arabes Unis. En fouillant le sol, ce n’est pas du pétrole qu’il a découvert, mais bien la preuve que le Royaume d’Oman est plus ancien que ce que l’on imaginait jusqu’à présent. Il existait déjà au 3e siècle av. J.-C..

« Cette découverte a été réalisée lors de notre 7e campagne de fouilles dans la région », précise le Dr Bruno Overlaet, conservateur des collections Proche-Orient, Iran et de la section Islam, au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles. « Une campagne réalisée sur le site archéologique de Mleiha ».

 

MLEIHA localisationCette région, située actuellement sur le territoire des Emirats Arabes Unis, a été pendant six siècles au moins un important carrefour commercial dans la région. Les caravanes provenant du bassin Méditerranéen, mais aussi d’Inde s’y croisaient régulièrement entre le 3e siècle av. J.-C. et le 3e siècle apr. J.-C.. Des marchandises comme des pièces en verre romaines, des amphores grecques et même des céramiques indiennes y ont été retrouvées.

Un texte bilingue précise la date de construction du monument

« L’ancienne ville caravanière de Mleiha (al Maleha) a connu un développement fulgurant au 3e siècle av. J.-C. Ce développement est en rapport direct avec l’essor du commerce international entre l’Est et l’Ouest. Mleiha jouait un rôle d’intermédiaire et de ravitaillement des caravanes de chameaux sur la route entre l’Arabie du Nord-Est et la côte d’Oman », indique le chercheur.

Le 17 décembre dernier, l’équipe d’archéologues belges, qui travaillait en étroite collaboration avec le Département des Antiquités de Sharjah, explorait deux chambres funéraires souterraines, jadis surplombées par un bâtiment carré fabriqué en briques crues.

Les murs de ces chambres, qui contenaient le défunt ainsi que les offrandes funéraires, étaient construits avec de gros rochers. Le passage entre les deux pièces était bloqué par des briques et par une inscription monumentale, tombée de la structure supérieure.

C’est cette inscription bilingue, rédigée en araméen et en ancien arabe du sud, qui a permis de faire remonter l’histoire du Royaume d’Oman.

Des noms et une date

Eisa Yousef, du département des Antiquités de Sharjah, et Bruno Overlaet examinent l’inscription
Eisa Yousef, du département des Antiquités de Sharjah, et Bruno Overlaet examinent l’inscription

Le texte, exceptionnellement bien préservé, révèle l’identité et la généalogie du défunt, ainsi que la date de construction du bâtiment. Le panneau central de la pierre indique que la tombe a été construite par le fils d’un certain Amid, qui était au service du roi d’Oman.

L’inscription araméenne, qui se trouve quant à elle sur le bord du panneau central, précise que le bâtiment a été érigé en 90 ou en 96 de l’époque séleucide, c’est-à-dire en 222/221 ou 216/215 avant notre ère.

Pour le Dr Overlaet, cette inscription fournit la plus ancienne mention connue du nom Oman et prouve qu’un royaume d’Oman existait déjà à la fin du IIIe siècle avant Jésus-Christ.

« La dynastie locale Abiel, connue pour ses monnaies frappées à Mleiha, peut donc en toute probabilité être associée avec le titre de « Roi d’Oman », indique-t-il.

« Leur royaume était apparemment centré autour de Mleiha et recouvrait probablement le territoire actuel des Émirats Arabes Unis ainsi que le nord du Sultanat d’Oman ».

Nouvelles fouilles en perspective

Jusqu’à présent, la plus ancienne mention du nom d’Oman se trouvait dans des sources classiques du premier siècle de notre ère, sources dans lesquelles Omana faisait référence à un port de la péninsule d’Oman.

Cet Omana mentionné dans le Periplus Maris Erythraei (Voyage autour de la mer érythréenne) et dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, est généralement associé avec les sites côtiers de ed-Dur dans l’émirat de Umm al-Qaewaen ou de Dibbah dans l’émirat de Sharjah, tous les deux aux E.A.U.

L’identification de Mleiha en tant que siège royal suggère que les auteurs classiques auraient fait référence à un port qui servait Mleiha en tant que capitale du royaume d’ Oman. Pour l’instant, seule la partie supérieure des chambres funéraires a été fouillée. La tombe monumentale, mesurant environ 5,20 mètres de côté, sera de nouveau explorée à l’automne 2016.

 

In vino veritas…

Les amphores à vin de Rhodes découvertes lors des fouilles belges à Mleiha constituent des indices importants pour la datation des tombes. Parmi les nombreux fragments découverts dans et aux environs des tombes, une trentaine d’anses portent des cachets mentionnant le nom d’un magistrat rhodien. C’est ce qui permet aux archéologues de les dater de manière précise.

 

Dans sa dernière édition, le magazine « Science Connection », publié par la Politique Scientifique fédérale (BELSPO), propose un long article sur les fouilles menées par le Dr Overlaet dans cette région du monde.

 

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