Quel usage faisons-nous de notre temps ?

16 mars 2016
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

C’est une évidence. Qu’on soit salarié, indépendant, jeune travailleur, chef d’entreprise, étudiant ou retraité: dans notre société moderne, nous avons tous l’impression de courir après le temps.

 

Mais dans quelle mesure cette impression traduit-elle une certaine réalité? Quelle part prend, par exemple, le travail, les loisirs ou la vie de famille dans cette quête continue du temps?

 

C’est ce qu’ont voulu savoir les chercheurs de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et de l’Université Catholique de Louvain (UCL). Dans le cadre du projet de recherche LFS&TIME, soutenu par la Politique scientifique fédérale (BELSPO), Theun Pieter van Tienoven (VUB) et Bernard Fusulier (UCL) ont revisité, avec leurs équipes, trois enquêtes portant sur ces thématiques.

 

Mieux encore, ils ont fusionné les bases de données de ces trois enquêtes. Ce qui leur apporte une intéressante plus-value. La nouvelle base de données intégrée est désormais accessible librement en ligne.

 

90% du travail rémunéré se déroule entre 6 heures et 19 heures

 

Dans le cadre de ce projet, les scientifiques ont comparé l’estimation du temps de travail que livrent les bases de données initiales et en proposent une relecture éclairée.

 

Ils apportent aussi quelques réponses à diverses questions.

 

  • – Combien d’heures les Belges travaillent-ils effectivement chaque semaine ?
  • – Quelle est l’ampleur du travail à temps partiel par rapport à l’emploi à temps plein ?
  • – Quelle est l’importance des horaires de travail atypique?

 

La réponse à la dernière question révèle que presque 90% du travail rémunéré en Belgique se déroule entre 6 heures et 19 heures, 3,3% du travail rémunéré est réalisé en soirée en cours de semaine, 2,9%, la semaine durant la nuit, 3,1% la journée du samedi et 1,4% celle du dimanche.

 
Des pressions temporelles différentes selon le sexe

 

Trois tests ont également été menés sur cette nouvelle base de données intégrée. Les scientifiques se sont intéressés à la question de la pression temporelle, à celle de la supervision des devoirs des enfants à la maison, et à la question de la flexibilité du temps de travail.

 

Il en ressort qu’en Belgique, hommes et femmes ne sont pas égaux face à la “pression temporelle”. Chez les hommes, ce sentiment est surtout vécu en lien avec leur vie professionnelle. Ce sont les indépendants, travaillant en soirée, qui sont les plus affectés. “Chez les femmes, c’est la vie familiale qui est au cœur de la production de ce sentiment, surtout chez les mères en couple âgées entre 30 et 44 ans”, précisent les chercheurs.

 

La question de la supervision des devoirs à la maison visait à déterminer si les « parents travailleurs » adaptaient leur temps de travail pour superviser les devoirs scolaires de leur(s) enfant(s). “Le nombre d’individus pouvant nous informer sur le sujet est peu élevé dans la base de données, ce qui limite la capacité d’affinement statistique”, mettent en garde les chercheurs. Ils constatent toutefois que ce sont les femmes qui sont les plus impliquées temporellement dans cette supervision. “Ce qui est probablement associé au nombre de femmes ayant un emploi à temps partiel”, analysent-ils.

 

Quand les “temps partiels” lèvent-ils le pied?

 

En ce qui concerne la question de la flexibilité au travail, celle-ci peut être imposée par l’employeur ou par le travail lui-même. L’étude montre que ce sont les employés à temps partiel du secteur public et du secteur privé qui sont les moins astreints à cette flexibilité. Les indépendants ainsi que les vendeurs en sont par contre les premières victimes.

 

Les scientifiques montrent également que les jeunes travailleurs sont les plus flexibles au travail, tous secteurs confondus. “Cependant, les caractéristiques de l’emploi sont plus significatives pour expliquer la flexibilité subie que les caractéristiques individuelles”, notent les chercheurs.

 

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À propos, combien d’heures les Belges travaillent-ils effectivement? Lors du séminaire de présentation des résultats de ce projet de recherche, au début du mois de mars à Louvain-la-Neuve, divers graphiques ont été montrés. Celui reproduit ici indique que les 40 heures et plus sont désormais la moyenne pour les travailleurs à temps complet (FT ou “Full Time” dans le graphique) tandis que le temps partiel se rapproche des 25 heures par semaines (PT ou “Part Time”).

 

Et quand les Belges lèvent-ils le pied lorsqu’ils travaillent à temps partiel ? L’enquête montre que c’est plutôt le mercredi après-midi pour les femmes avec enfant(s). Les travailleurs âgés de 55 à 64 ans préfèrent par contre se libérer de leur emploi le vendredi, voire pour certains, le lundi.

 

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