Attirer les jeunes vers les sciences : la recette de Félix Maltais

5 octobre 2016
par Violaine Jadoul
Durée de lecture : 4 min

Comment parler de sciences aux jeunes pour susciter leur intérêt et, qui sait, faire naître des vocations ? Cette question était au centre du débat organisé par Innoviris, voici quelques jours, au Planétarium de Bruxelles.

 

Félix Maltais, premier directeur de l’Agence Science-Presse (agence de presse scientifique québécoise), était un des invités. Son truc ? Le « multi-médias ». Banal? Pas vraiment, quand on sait qu’il l’applique depuis plus de trente ans.

 

Des chroniques scientifiques au magazine, il n’y a qu’un pas que le Québécois a sauté en 1982. « Les Petits Débrouillards » devenu « Les Débrouillards » sont bien plus que des magazines. C’est une marque. 25.000 abonnés et des animations scientifiques dans le cadre scolaire et extra scolaire soit 50 000 têtes blondes qui découvrent les sciences autrement ! « Les seuls magazines pour enfants qui existent au Québec sont nos magazines scientifiques », sourit Félix Maltais.

 

Une passion « noir-jaune-rouge »

 
Pour Félix Maltais, les sciences et l’attrait pour les magazines ont un petit accent belge. Il confie ainsi avoir appris à lire grâce à Hergé. A 12 ans, il fut fasciné par ce drôle de monument phare de l’expo 58 : l’Atomium. Et toute sa jeunesse fut bercée par l’attente du magazine Spirou venant du vieux continent.

 
« Le Spirou arrivait par bateau. Je ne pouvais jamais participer aux concours parce que je le recevais toujours en retard, se rappelle-t-il. Mais j’avais le sentiment de participer à une communauté via le magazine. Merci donc à la Belgique de m’avoir donné le goût des sciences. »

 

Des loisirs scientifiques et une politique scientifique

 

« L’originalité de notre mouvement est qu’on l’a conçu dès le départ comme un outil multi-médias », note-t-il. Ses chroniques scientifiques connurent un tel succès que Félix Maltais en a tiré un livre.  « Ensuite, je me suis dit : il y a des activités sportives proposées aux enfants, pourquoi ne pas proposer des loisirs scientifiques ? ». Il y eut également de petites émissions à la télé et à la radio. « Cela permet de toucher des enfants différents : ceux qui aiment lire, ceux qui préfèrent expérimenter… »

 

Le concept des Débrouillards a fait des petits à travers le monde. On compte actuellement sept organisations en dehors du Québec: en Belgique, en France, en République tchèque, en Slovaquie, en Allemagne, au Maroc et en Tunisie.

 

Des initiatives bienvenues. « Au Québec, il y a de moins en moins de sciences au niveau de l’enseignement secondaire et le gouvernement n’en fait pas beaucoup pour la culture scientifique », regrette Félix Maltais. « Peut-être que si davantage de scientifiques se présentaient en politique et atteignaient des postes clés, cela serait différent. »

 

L’homme croit aux sciences pour tous. « Le 21e siècle est un siècle où les sciences et les technologies prennent de plus en plus de place ». Il est donc crucial que les jeunes comprennent et apprivoisent ces matières. « Les jeunes sont capables de lancer des actions pour changer le monde », avance-t-il.

 

Amener les sciences où on ne les attend pas

 

Evy Ceuleers, responsable de la communication et de la sensibilisation chez Innoviris, a souligné que son institution soutient déjà des projets visant à sensibiliser le public aux sciences. « Nous souhaitons encore élargir ce volet », assure-t-elle.

 

L’Institut bruxellois souhaite notamment « accorder une attention particulière aux jeunes plus fragilisés et attirer plus de filles vers les filières STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics) ». Innoviris compte mettre sur pied une plateforme pour informer le public (parents, professeurs…) sur tout ce qui se fait en matière d’éducation scientifique mais peut-être avant tout pour que les acteurs du secteur puissent mieux se connaître et partager leurs expériences.

 

L’enjeu, que ce soit en scolaire ou en extra-scolaire, est d’atteindre des jeunes moins favorisés. Pour cela, tous sont d’accord : il faut aller là où les gens ne s’attendent pas à trouver les sciences (sur les marchés, dans les plaines de vacances…) pour toucher des gens qu’on ne touche pas habituellement. Leur montrer que les sciences font partie du quotidien.

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