La Secrétaire d’Etat bruxelloise à la Recherche, Fadila Laanan (PS), a rendu visite cette semaine au Pr Lahoutte

La stratégie du camélidé pour vaincre le cancer du sein

21 avril 2016
Par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

La lutte contre le cancer prend parfois des aspects inattendus. C’est le cas à Jette, dans le nord de Bruxelles, où l’équipe du Pr Tony Lahoutte mise sur des anticorps de camélidés pour venir à bout de certains cancers du sein chez l’être humain. Une idée qui est aujourd’hui suffisamment mûre pour organiser un premier essai clinique.

Un essai clinique cette année à Bruxelles

L’essai durera neuf mois”, indique le Pr Lahoutte, chef du service de médecine nucléaire à l’UZ Brussel, l’Hôpital universitaire de la VUB (Vrije Universiteit Brussel).

Il démarrera cette année et devrait concerner une dizaine de femmes: quatre patientes souffrant d’un cancer du sein métastasé et six témoins. L’idée, avec cet essai, est d’abord de tester l’innocuité du produit.”

Le produit en question, mis au point à Bruxelles par la spin-off universitaire Camel-IDS grâce à un soutien d’Innoviris, n’est autre qu’un anticorps de camélidés.

Des anticorps de lamas pour cibler les cellules malignes

En l’occurrence, il s’agit d’anticorps de lamas”, indique Ludwig Camusot, le patron (CEO) de la jeune société.

Pourquoi avoir recours à ces animaux? “Parce que le fragment de protéine de camélidé qui nous intéresse est petit, dix fois plus petit qu’un anticorps humain”, précise Ludwig Camusot. “Mais il cible aussi rapidement et très précisément les cellules cancéreuses sur lesquelles nous travaillons”.

La petite taille de cet anticorps, une fois injecté dans le sang des patientes, lui permet d’arriver dix fois plus rapidement à destination et donc d’y entrer en action.

Ces fragments d’anticorps sont préalablement chargés d’iode 131: un isotope radioactif. Une fois lié à la cellule cancéreuse grâce à cet anticorps, l’iode fait son œuvre. Sa radioactivité est chargée de détruire la cellule maligne.

Et uniquement la cellule cancéreuse”, précise le Pr Tony Lahoutte. “Les tissus sains ne sont pas affectés”, contrairement à une radiothérapie classique.

D’autres cancers en ligne de mire

Autre intérêt de cette recherche très appliquée, qui intéresse beaucoup la Fondation Fournier-Majoie, laquelle œuvre à la mise sur le marché de nouveaux moyens de lutter contre le cancer, la courte durée de ce futur produit radiopharmaceutique.

Il est rapidement éliminé de l’organisme”, précise le Dr Lahoutte. “Ce qui permet notamment de préserver les reins”.

Fadila Laanan, la Secrétaire d’Etat bruxelloise (PS) en charge de la Recherche et de l’Innovation, a pu prendre cette semaine la mesure des enjeux de ces travaux académiques et des développements portés par la spin-off Camel-IDS.

“La santé est une des priorités du Plan régional d’innovation”, a-t-elle rappelé. “Dans ce cadre, nous avons même pu dégager des moyens supplémentaires pour 2016”, a-t-elle précisé.

Une information qui ne devrait pas manquer d’intéresser les scientifiques et les gestionnaires de cette jeune entreprise qui a déjà bénéficié de deux coups de pouce de la part d’Innoviris en 2014 et 2015. D’autant qu’elle ne compte pas se limiter au cancer du sein. D’autres cancers, notamment gastriques, pourraient bénéficier de sa technologie.

40358Cancer: Le Télévie 2016, c’est cette semaine

Le Télévie 2016 démarre ce vendredi. La grande opération de récolte de fonds au profit de la recherche contre le cancer, portée par le Fonds de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS) veut faire (encore) mieux que l’an dernier. Samedi, la chaîne de télévision RTL-Tvi proposera sa grande soirée Télévie aux téléspectateurs.

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