Acinetorbacter baumanii
Acinetorbacter baumanii

L’UNamur emprunte un chemin de traverse pour venir à bout d’une bactérie résistante

23 janvier 2018
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Il avait quitté Namur voici cinq ans pour un postdoctorat à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse). Le voici de retour en bord de Meuse. Le biologiste Charles Van der Henst vient tout juste de poser ses valises à l’Institut Narilis (UNamur) avec une idée bien précise en tête: venir à bout d’Acinetobacter baumannii une bactérie qui fait des ravages dans les hôpitaux.

« Toutes les bactéries ne sont pas mauvaises pour notre santé », rappelle le Dr Van der Henst. « Certaines sont même indispensables. Sans elles, notre système digestif par exemple serait incapable d’assimiler les nutriments que nous avalons. Savez-vous que chacun d’entre nous porte en lui plus de « bonnes » bactéries que notre corps compte de cellules? »

Infections nosocomiales

La bactérie qui intéresse l’infectiologue namurois n’entre cependant pas dans cette catégorie. « Il s’agit d’une bactérie qui infecte principalement les personnes affaiblies », précise-t-il. « On la retrouve notamment dans les hôpitaux où elle est responsable d’infections nosocomiales ». Et le biologiste de préciser que 30 à 70% des patients admis aux soins intensifs et qui sont infectés par Acinetobacter baumannii, risquent de décéder des suites d’une infection grave.

En 2017, l’Organisation Mondiale de la Santé l’a placée en tête des agents pathogènes critiques à combattre en priorité.

« Le problème avec cette bactérie, c’est qu’on la connait très mal », reprend le scientifique. « Nous savons qu’elle résiste à la quasi-totalité des traitements antibiotiques. Elle porte des gènes de résistance identifiés. Par contre nous ne savons pas comment elle infecte l’être humain ».

Atténuer la virulence pour mieux l’éliminer

Pour tenter de limiter ses dégâts, le biologiste propose d’emprunter un chemin de traverse. Plutôt que de tenter de l’éradiquer, pourquoi ne pas plutôt rechercher un moyen qui la rendrait inoffensive? Et ensuite, laisser notre système immunitaire travailler pour nous en débarrasser? Son idée a séduit l’Union Européenne qui vient de lui accorder un financement personnel de deux ans pour développer cet axe de recherche à Namur.

À l’Institut NARILIS (Namur Research Institute for Life Sciences), le chercheur va donc exposer au fil des prochains mois Acinetobacter baumannii à toute une série de composés chimiques en vue de découvrir si l’un d’eux permet d’inhiber sa virulence.

« Nous allons travailler avec des centaines de composés chimiques et de nombreuses souches bactériennes », précise Charles Van der Henst. « Si nous avons la chance de découvrir un composé qui gomme l’effet nocif de la bactérie, nous chercherons ensuite à comprendre comment ce composé agit », précise-t-il.

Son projet s’inscrit dans le cadre d’une collaboration entre le Pôle de recherche en infectiologie de l’UNamur, le centre NAMEDIC (Namur Medicine and Drug Innovation Center) de l’Institut NARILIS et le CHU UCL Namur situé à Godinne.

Ce dernier est le centre de référence belge en ce qui concerne Acinetobacter baumannii. « J’ai déjà reçu quelque 40 souches de cette bactérie de Godinne », dit-il encore. « A terme, je devais en recevoir 200. Au NAMEDIC, on dispose des technologies et du savoir-faire pour multiplier ces composés, mais aussi pour en produire des analogues. C’est cette convergence de moyens et d’expertises namuroises qui a sans doute décidé l’Union Européenne à soutenir mon projet avec une bourse Marie Sklodowska-Curie. En faisant le lien entre toutes ces ressources, nous devrions obtenir de bons résultats ».

 

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