Premier forum de la valorisation francophone. © Laetitia Theunis
Premier forum de la valorisation francophone. © Laetitia Theunis

Le français, une langue avantageuse dans la compétition scientifique internationale

24 mai 2018
par Laetitia Theunis
Durée de lecture : 6 min

Du Burkina Faso à Haïti, en passant par le Vietnam, le Canada et l’Arménie: une vingtaine de pays francophones s’étaient donné rendez-vous à Liège cette semaine afin de participer au premier Forum francophone de la Valorisation. Cet événement était proposé par Wallonie-Bruxelles International, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et le Réseau LIEU.

Soutien à l’innovation scientifique et à l’articulation entre l’entreprise et l’université

« Nous souhaitons élaborer une carte blanche révélant l’expertise francophone dans le domaine de la valorisation », explique Pr Ciprian Mihali, Directeur de l’AUF en Europe de l’Ouest. « Elle sera mise à disposition des décideurs politiques lors du sommet des Chefs d’État de la Francophonie à Erevan en octobre prochain afin de voir dans quelles mesures les politiques pourraient s’impliquer davantage dans le soutien à l’innovation scientifique et à l’articulation entre l’entreprise et l’université ».

« Le français s’inscrit aujourd’hui dans un concert plurilingue où il peut faire valoir ce qu’il a comme valeurs et comme qualités d’innovation dans la recherche auprès des universités du monde entier », précise-t-il ce philosophe roumain.

À ses yeux, il s’agit de faire du français un avantage dans la compétition scientifique et technique internationale.

 

L’expertise technique de la FWB plébiscitée par l’AUF

Pr Ciprian Mihali, Directeur de l’AUF en Europe de l’Ouest. © Laetitia Theunis
Pr Ciprian Mihali, Directeur de l’AUF en Europe de l’Ouest. © Laetitia Theunis

Depuis deux ans, l’AUF collabore étroitement avec des universités belges. « Nous sommes ainsi en train de monter un grand projet avec l’ULB et l’ULiège visant à renforcer les capacités d’universités africaines dans les domaines de l’architecture, de l’urbanisme, de la protection du patrimoine et du paysage. En effet, les pays africains manquent dramatiquement de spécialistes dans ces domaines de grande importance », poursuit le Pr Mihali.

Et d’ajouter, « nous sommes également en train de travailler à la création d’un MOOC (massive open online course, NDLR), un module d’enseignement en ligne, entre les Universités de Liège et de Yaoundé (Cameroun). Dans un premier temps, l’idée est de favoriser le transfert de compétences belges dans la création d’un MOOC et d’ensuite permettre aux chercheurs africains de différentes disciplines d’en réaliser d’autres par eux-mêmes. » De quoi mettre en évidence les universités belges dans un espace international compétitif. «Elles ont de très fortes expertises dans des domaines nombreux et variés. C’est pourquoi l’Agence Universitaire de la Francophonie essaie au maximum de les associer à ses grands projets. »

Sécurité alimentaire au Sénégal, au Maroc et au Congo

Dans les grands projets européens coordonnés par l’AUF, l’expertise de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est quasi omniprésente. « Le projet phare de notre direction régionale a trait à la sécurité alimentaire. D’une durée de 3 ans, il est doté de budgets importants. On en est à mi-parcours. Avec l’ULiège notamment, le but est de renforcer les départements des universités partenaires au Sénégal, Maroc et Congo dans le domaine des études de terrain sur la sécurité alimentaire. Et ce, afin de pouvoir proposer des études aux décideurs politiques et aller vers l’élaboration de certaines politiques au niveau local, mais aussi national. »

La FWB pourrait aider le Bénin à se doter d’un parc industriel scientifique

Parmi les experts présents lors de ce premier forum de la Valorisation, on retrouve le Béninois Serge Abihona, directeur de l’incubateur d’entreprises en devenir à Abomey-Calavi. Il est ravi de la collaboration qui s’installe avec la Belgique. «  Nous sommes en train de créer un parc industriel adapté aux start-ups, similaire à celui de Liège », dit-il.

« Notre modèle pourrait s’inspirer de ses éléments différentiels pour améliorer le projet et avoir aussi au Bénin un parc scientifique industriel digne de ce nom. Ce sera le premier de cette envergure en Afrique noire ! », annonce-t-il. Le projet a intéressé la FWB et l’interface LIEU, lesquels sont déjà prêts à l’accompagner techniquement. Lancé voici deux ans, ce projet devrait sortir de la terre béninoise d’ici deux à trois. Il pourrait accueillir jusqu’à une centaine de start-ups.

© Laetitia Theunis

Aide à la structuration d’une unité de valorisation à Madagascar

Pour Hubert Goffinet, directeur de l’unité recherche et innovation au sein de Wallonie-Bruxelles International, ce premier Forum francophone de la valorisation est l’aboutissement de collaborations de longue haleine entre les interfaces des universités belges et celles de pays francophones. « De par nos travaux institutionnels avec l’Organisation internationale de la francophonie et l’Agence universitaire de la francophonie, nous cherchons un moyen d’associer davantage les universités au développement économique. Donc, à mettre en œuvre la stratégie économique pour la francophonie qui a été lancée en 2014 au sommet des chefs d’État de Dakar. Et ce, en valorisant l’expertise et les compétences de nos interfaces au sein de l’espace francophone », explique-t-il.

Par exemple, certaines de nos universités, comme celle de Mons, accompagnent, via un projet CCD de l’Académie de Recherche et d’enseignement supérieur, l’université malgache de Antananarivo à la structuration d’une unité de valorisation en son sein. « Cela s’accompagne de séminaires, de soutien technique et de formation des valorisateurs », explique Hubert Goffinet.

Ecoutez Hubert Goffinet pointer les plus-values pour les universités belges dans ce cadre

 

Des technologies orphelines belges intéressent le Québec

Si l’on dispose, en Fédération Wallonie-Bruxelles, de toute une série d’acteurs de valorisation locale liée à notre tissu économique, nos instituts de recherche accouchent aussi de technologies qui ne trouvent pas de débouchés sur le marché belge. On parle de technologies orphelines. De l’autre côté de l’Atlantique, le Québec vit la même situation avec ses propres technologies.

Partant de ce constat, une structure privée dénommée Aligo a vu le jour. «  Elle vise à déterminer le potentiel de valorisation de technologies orphelines belges au Québec, et inversement », explique Olivier Vande Vyver, directeur belge du réseau LIEU (LIaison Entreprises-Universités). Ce dernier a identifié une technologie orpheline de l’ULB et de l’UNamur – une technologie de traitement de surface innovante et offrant des propriétés spécifiques sur certains matériaux – actuellement en test de valorisation par Aligo sur le marché Nord-Américain.

« Ce projet pilote vient juste de démarre. L’accord a été signé en septembre 2017. Aligo démarche actuellement des entreprises québécoises, les contacte pour présenter la technologie. L’avenir dira si elle trouvera preneur sur le marché nord-américain. » D’ici septembre, le réseau LIEU devrait avoir repéré deux ou trois technologies orphelines supplémentaires. Elles s’en iront, elles aussi, tenter leur chance outre-Atlantique.

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