Fragments microscopique de charbon de bois de chêne. © Koen Deforce, IRSNB
Fragments microscopique de charbon de bois de chêne. © Koen Deforce, IRSNB

L’archéobotanique révèle un épisode de déforestation rapide au Moyen Âge

28 octobre 2016
par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

Se pencher sur quelques traces de charbon de bois et fragments de bois anciens peut parfois réserver des surprises. C’est ce qui s’est produit pour le Dr Koen Deforce, archéobotaniste de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB). En étudiant des restes de bois retrouvés du côté de Gand, il a pu déduire que la région avait connu un important épisode de déforestation au Moyen Âge.  « L’urbanisation de Gand au Moyen Âge a causé une déforestation phénoménale des alentours », confirme-t-il.

 

Il tire cette conclusion de l’examen d’une couche de déchets médiévaux (des fragments de bois et de charbon de bois ) retrouvés sous la place Émile Braun à Gand.  « Du 10e au 12e siècle, Gand s’est développé d’un petit comptoir commercial en une métropole de 65 000 habitants. À la fin du 12e siècle, Gand était, après Paris, la plus grande ville au nord des Alpes. Cette croissance nécessitait du bois : les Gantois de l’époque l’utilisaient pour se chauffer, cuisiner et construire ».

 

Quelques fragments de bois étudiés par l'archéobotaniste.  © Koen Deforce, IRSNB
Quelques fragments de bois étudiés par l’archéobotaniste. © Koen Deforce, IRSNB (Cliquer pour agrandir)

 

Plusieurs siècles emprisonnés dans 110 cm d’épaisseur

 

Le Dr Deforce a répertorié les espèces de bois les plus fréquentes dans cette couche de 110 cm d’épaisseur. Il l’a subdivisée en tranches de 10 cm d’épaisseur : toutes ont livré au moins 10 fragments de bois et 200 fragments de charbon de bois.

 

Résultats? Au 10e siècle, les Gantois construisaient leurs bâtiments avec le meilleur bois disponible : le chêne, espèce locale d’excellente durabilité. Ils utilisaient aussi des espèces de grande qualité comme bois de combustion : du chêne, du hêtre, du charme et du bouleau…

 

Les meilleures essences ayant été abattues, les habitants de la ville ont dû ensuite passer à du bois de moins bonne qualité.

 

Au 11e siècle, ils utilisaient principalement du bois de frêne, jusqu’à ce que ne restent plus que des essences « médiocres » comme l’aulne qui, à partir de la première moitié du 12e, était le plus utilisé comme bois de construction et comme combustible.

 

De la tourbe pour se chauffer, faute de bois

 

À la fin du 12e siècle, les Gantois ont alors commencé à importer leur bois de construction et à utiliser de plus en plus, en guise de combustible, la tourbe extraite dans la plaine maritime et de l’embouchure de l’Escaut.

 

Et le Dr Koen Deforce conclut : « Les Gantois n’étaient pas les seuls bûcherons acharnés entre 950 et 1200. Les habitants de villes comme Anvers, Bruges, Courtrai et Ypres – qui ont, elles aussi, connu une explosion démographique – ont également contribué à la déforestation d’une grande partie de la Flandre.»

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