Le Pr Rasmont et une représentation moderne et colorée du ptérodactyle.
Le Pr Rasmont et une représentation moderne et colorée du ptérodactyle.

Les dinos de Jurassic World sont trop ternes

29 juin 2015
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Science et cinéma

 

Le professeur Pierre Rasmont, chef du service de zoologie de l’Université de Mons, est catégorique. Les dinosaures du film « Jurassic World », qui vient de sortir en salle, sont trop ternes.

 

«Cela reste pour l’essentiel des créatures vertes et brunes, des animaux plutôt sombres», explique le scientifique, juste après avoir découvert le film, lors du « ciné-sciences » organisé par la Faculté des Sciences de son université.
 
“Il s’agit d’une manière de représenter les dinosaures vieille de dizaines d’années. Les découvertes récentes nous font aujourd’hui penser que ces dinos étaient plutôt colorés».

 
Un peu comme le ptérodactyle, dont l’image a été projetée à l’écran par le scientifique, juste après le film.

 

 

Le regard critique de ce spécialiste de l’Évolution n’épargne pas d’autres incongruités relevées dans le film.

 

Dinos à plumes

 

«Ces animaux du Crétacé étaient non seulement colorés, mais ils portaient aussi des plumes. Les dinosaures sont les ancêtres de nos oiseaux actuels», indique le Pr Rasmont.
 
Cela explique notamment la taille démesurée de certains d’entre eux.
 
« De telles dimensions n’étaient possibles que parce que, comme les oiseaux, ils avaient les os creux, donc légers. Et comme les oiseaux, ils avaient des plumes. Des fossiles découverts récemment en attestent ».

 

Et la couleur?
 
« Tout comme les oiseaux actuels, les mâles étaient sans doute plus colorés que les femelles. Certains devaient même être très colorés. Une manière de séduire visuellement… »

 

Et précisément, la vision appelle deux commentaires de la part du scientifique. D’abord en ce qui concerne la pupille du géant présenté dans le film. Il présente une pupille verticale. Le scientifique montois ne connaît pas beaucoup d’oiseaux présentant cette caractéristique.
 
De même, de nombreuses scènes se déroulent la nuit. Or, sauf rares exceptions, les oiseaux sont des animaux diurnes. Dès que la nuit tombe, leur activité se fige. Ce qui n’est pas le cas dans le film réalisé par Colin Trevorrow.

 

Un mosasaure surdimensionné

 

Et on pourrait encore égrener longuement les incongruités du film, à commencer par l’éclosion d‘un œuf de dino.
 
Pourquoi passe-t-il d’abord une griffe à travers la coquille plutôt que le bout du « nez », comme c’est le cas chez l’essentiel des espèces ovipares? Pourquoi les narines du diplodocus en train de mourir ont-elles été déplacées vers l’avant du crâne, ce qui lui donne un air bovin?

 

Et pourquoi le Mosasaure, une des vedettes du nouveau parc d’attraction « Jurassic World », est-il surdimensionné, au point de faire deux fois la taille du plus grand des spécimens fossiles connus des paléontologues?
 
Une question qui n’a pas manqué de faire débat, à Mons, lors de cette projection. Et pour cause, c’est à Ciply, en 1879, tout à côté de la ville de Mons, que le premier des 52 premiers squelettes de Mosasaures découverts dans la région a été mis au jour…

 

« Il ne s’agit que d’un film », souligne le chercheur. « Il reflète le fantasme que se font les cinéastes de ce qu’étaient les dinosaures ». Et c’est bien comme cela qu’il faut le déguster.

 

 

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