La fièvre industrielle et ses instruments de développement (mines et chemin de fer) ont été à l'origine des découvertes scientifiques dans le région montoise.
La fièvre industrielle et ses instruments de développement (mines et chemin de fer) ont été à l'origine des découvertes scientifiques dans le région montoise.

Trois découvertes scientifiques majeures en douze ans

30 juillet 2015
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

Série (8) « Sciences en vacances »

 

Dans le Borinage et ses environs immédiats, le sol cache des trésors. Le Muséum régional des Sciences naturelles de Mons propose de les découvrir. Il abrite pendant quelques mois une exposition remarquable consacrée à trois découvertes majeures réalisées dans le sous-sol de la région.

 

Ces découvertes, à haute valeur scientifique, ont été induites par la fièvre industrielle qui s’était emparée de la région dans la seconde partie du 19e siècle. L’exploitation du charbon, de la craie phosphatée et la construction du chemin de fer ont permis de mettre au jour les minières néolithiques de Spiennes, les iguanodons de Bernissart et les mosasaures de Ciply.

 
Dès 1867, les silex de Spiennes

 

« Dans la région de Mons, le sous-sol est riche en charbon », rappelle d’entrée de jeu l’exposition, organisée par l’Université de Mons (UMons).  « Les mineurs travaillent comme des forcenés pour extraire le précieux minerai. Le charbon est la force vitale des machines à vapeur. Les trains s’ébranlent, les usines prennent leur essor… Dans la deuxième moitié du 19e siècle, on creuse partout dans la région. Pas seulement pour le charbon mais aussi pour la craie phosphatée qui sert d’engrais pour les champs ou encore pour tracer de nouvelles voies ferrées, éléments stratégiques du développement économique ».

 

Le décor est planté. Le sous-sol va commencer à livrer ses secrets. Et quels secrets! En douze ans, de 1867 à 1879, les trésors remontés au grand jour se multiplient! C’est en 1867, à Spiennes, que les découvertes débutent, lors des travaux de la ligne de chemin de fer reliant Mons à Chimay. De nombreux fragments de silex intriguent les ingénieurs. Vingt-cinq puits d’extraction sont identifiés. Ils datent du néolithique! Au fil de leur exploration, les archéologues relèvent de précieuses informations sur la vie humaine il y a 6.000 ans.

 
A l’époque déjà, la région était connue pour ses mines. Des puits de 16 mètres de profondeur sont recensés.  Aujourd’hui, alors que le site est classé patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco, on estime à 20.000 le nombre de puits d’extraction du silex à Spiennes. Leur étude permet de comprendre comment cette industrie minière néolithique a pu se développer. Elle est la conséquence des progrès de l’agriculture, de l’élevage et des débuts de la sédentarisation de l’Humanité.

 

L’autre vedette de « Jurassic World »

 

En 1879, une autre découverte majeure a eu lieu à Ciply. Alors que les ingénieurs de l’École des Mines sont à la recherche de gisements de craie phosphatée, un immense squelette fossilisé apparaît dans la roche. Avec sa mâchoire impressionnante et ses dix mètres de long, ce spécimen sera le premier des 52 squelettes de mosasaure, un gigantesque reptile marin vieux de 65 millions d’années, découverts à Ciply.

 

Fossile de mosasaure découvert à Ciply.
Fossile de mosasaure découvert à Ciply.

 

Au 19e siècle, alors que la théorie de l’évolution de Darwin est au cœur des discussions, cette découverte révèle combien la vie sur Terre est ancienne et comment les espèces peuvent apparaître puis disparaître et être remplacées par d’autres, mieux adaptées au milieu en mutation.

 

A noter également: ces gigantesques « lézards de la Meuse » (Mosasaures…) disposent depuis peu d’une salle complète les concernant au Muséum de l’Institut Royal des Sciences naturelles de Bruxelles et… qu’ils occupent un second rôle majeur dans le dernier film hollywoodien « Jurassic World ».

 
Et bien sûr, les iguanodons de Bernissart

 

Au même moment, en 1878, c’est à Bernissart que d’étranges objets friables sont remontés en surface par les mineurs de la fosse Sainte-Barbe. Une fouille minutieuse du site est entreprise par les scientifiques de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique. En trois ans, 25 squelettes d’iguanodons sont extraits. C’est la première fois que de tels trésors complets et articulés, vieux de 150 millions d’années, sont mis au jour.

 

Ces trois découvertes majeures dans la région sont illustrées dans l’exposition montoise par divers fossiles et objets provenant de plusieurs collections scientifiques. Une belle occasion de plonger dans l’histoire de l’Homme et celle de l’évolution… Ou de participer cet été à l’une ou l’autre des activités organisées sur les sites mêmes de ces découvertes!

 

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