Deux nouveaux tests sanguins de dépistage du cancer voient le jour en Belgique

1 juin 2017
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

En matière de cancer, le diagnostic précoce va souvent de pair avec de meilleures chances de guérison. Le problème étant de disposer de tests simples à mettre en œuvre qui sont, bien sûr, fiables et efficaces. En Belgique, deux nouveaux tests de ce genre prennent leur envol commercial depuis quelques semaines. Il s’agit de deux des quatorze projets soutenus depuis des années par la Fondation Fournier-Majoie (FFM). Une Fondation basée à Bruxelles qui fête cette année ses dix ans d’existence et qui soutient précisément, la mise sur le marché de ce type de nouveaux outils diagnostiques.

 

Financement et accompagnement

 

«Le but de notre Fondation est d’aider les équipes de recherche belges qui disposent d’un solide projet en matière de diagnostic du cancer ou de pronostic de traitement, voire de théranostique, à transformer leurs bons résultats de laboratoire en un produit réellement utile pour les patients», rappelle Jérôme Majoie, qui dirige la FFM.
 
Après l’appel à projets, la Fondation sélectionne une ou deux équipes prometteuses. «Elle leur apporte un solide soutien financier, mais aussi un accompagnement pour que la recherche en laboratoire débouche effectivement sur un produit ou une technique utilisable chez les patients», précise-t-il.

 

23 biomarqueurs pour surveiller le côlon

 

Les projets «Colonokit » et « Glyco Liver profile» entrent parfaitement dans cette catégorie. Le premier a été porté par une équipe de la KULeuven dirigée par le Pr Massimiliano Mazzone. Il est développé en collaboration avec la société DNAlytics, un spin off de l’UCL installée à Louvain-la-Neuve. Comme son nom l’indique, ce test vise à détecter le cancer colorectal à un stade précoce, via un test sanguin.

 

Quand nous sommes touchés par le cancer, notre système immunitaire y répond en tentant d’éliminer les cellules cancéreuses de notre corps. Dans ce processus, un type spécifique de globules blancs est mobilisé: le monocyte du sang périphérique. Dès le moment où les cellules cancéreuses colorectales sont présentes dans le corps, les monocytes du sang périphérique répondent aux substances sécrétées par les cellules cancéreuses. Les chercheurs de VIB, de la KULeuven et de l’hôpital universitaire de Louvain ont identifié 23 gènes avec un rôle spécifique dans ce processus. Cet ensemble de biomarqueurs est incorporé dans le test.

 

Prédire les risques de cancer hépatocellulaire

 

Le « Glyco Liver profile », en phase de commercialisation, concerne lui la détection précoce d’un éventuel cancer du foie. Développé par l’équipe du Pr Nico Callewaert, à l’Université de Gand, il se base sur la détection dans le sang de certaines molécules présentes à la surface de protéines libérées dans le système sanguin par le foie.

 

«Le test mis au point à Gand se réalise lui aussi au départ d’une simple prise de sang», explique le Dr Leander Meuris, qui travaille avec le Pr Callewaert sur ce projet. «Comparativement à d’autres méthodes de diagnostic du cancer hépatocellulaire, le “Glyco Liver Profile” est moins invasif qu’une biopsie et moins lourd à mettre en œuvre qu’une échographie», précise le spécialiste en biochimie. «Mieux encore, ce test peut également prédire quels patients présentent le plus de risques de développer un cancer dans la cinq ans».

 

Ce nouveau test a été présenté officiellement lors du dernier congrès de l’organisation EASL (European association for the study of the liver), voici quelques semaines. Développé en collaboration avec l’entreprise spécialisée dans le diagnostic médical Helena-Biosciences, il devrait être disponible dès cette année en Belgique avant d’être proposé, au premier trimestre 2018, ailleurs en Europe.

 

Une Fondation en pleine évolution

 

«Avec ces deux premiers succès, le cercle vertueux imaginé par La Fondation Fournier-Majoie en en train de se boucler», souligne Jérôme Majoie. «Une partie des bénéfices liés à la mise sur le marché de ces deux tests vont permettre d’alimenter financièrement la Fondation, afin qu’elle puisse continuer à soutenir de nouveaux projets innovants et prometteurs». Bien entendu, cela ne se fera pas en quelques semaines ni en quelques mois. «Notre objectif n’est pas de bénéficier de retours sur investissements immédiats», souligne son directeur. «Nous souhaitons d’abord que ces deux beaux projets soient viables sur le long terme».

 

Rappelons que les équipes qui bénéficient du soutien de la FFM pour transformer le produit de leurs recherches scientifiques en produits commercialisables s’engagent à rétrocéder une partie de leurs bénéfices à la Fondation, afin de lui permettre de pérenniser son action. La Fondation, qui a engagé en dix ans d’existence la moitié de son capital de départ (lequel était de vingt millions d’euros), profite aussi de ce dixième anniversaire pour faire évoluer sa stratégie.

 

«Nous pensons soutenir davantage des projets plus matures, moins en amont, comme des sociétés qui sont sur le point d’être créées», indique Jérôme Majoie. «Mais toujours en matière de diagnostic, de pronostic et de théranostique concernant le cancer. À l’avenir, la FFM pourrait être plus proche d’une structure équivalente à un incubateur et un accélérateur de jeunes entreprises dans ce domaine».

 

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