Les tiques, vectrices de la maladie de Lyme, sont de retour

3 avril 2020
par Laetitia Theunis
Durée de lecture : 5 min

Alors que le coronavirus est sur toutes les lèvres, voilà que débute la saison des tiques, avec le spectre de la maladie de Lyme. Dès le retour des beaux jours, cet acarien n’épargne aucune province belge. Cependant, le risque de morsure chez l’Homme est plus grand en Wallonie qu’en Flandre. C’est, notamment, ce qui ressort du dernier rapport épidémiologique de Sciensano.

Les tiques ne supportent pas la sécheresse

En 2019, le nombre de morsures sur l’humain signalées sur le site internet TiquesNet a augmenté drastiquement au mois de mars. S’en est suivi une période plus calme vu les températures relativement basses qu’a connues le mois de mai. Ensuite, un pic a été atteint en juin, avant de voir le nombre de morsures chuter considérablement en juillet. Au cours des mois suivants, le nombre de morsures signalées est resté limité. Comparé aux années précédentes, le nombre de morsures signalées a fortement baissé en 2019.

« Cela est probablement dû aux conditions exceptionnelles de sécheresse et de chaleur durant les mois de juin, de juillet et d’août. A partir du 16 juin 2019, l’IRM indique l’absence de précipitations à Uccle pendant 26 jours. Or, les tiques sont très sensibles à la sécheresse », analyse Dre Katrien Tersago, chercheuse au sein du service Epidémiologie des maladies infectieuses de Sciensano (anciennement l’Institut scientifique de Santé publique).

Nombre de morsures de tiques signalées par mois en 2019. À titre de comparaison, les données pour les années 2016, 2017 et 2018 sont également affichées © Sciensano

 

Le risque est plus élevé en Wallonie

Alors que la Flandre compte la majorité des morsures signalées (53,9 %), suivie par la Wallonie (45,0 %), la prise en compte de la densité de population place la Wallonie en tête. Exprimées par 100.000 habitants, 79 morsures de tique sont recensées en Wallonie contre 53 en Flandre, et 6 à Bruxelles.

« Si l’on exprime les données par 100 000 habitants (on parle d’incidence), c’est la province du Luxembourg qui prend la tête du classement du nombre relatif de morsures (188 par 100 000 habitants), suivi des provinces du Brabant wallon (167 par 100 000 habitants), de Namur (126 par 100 000 habitants) », précise la chercheuse.

Et d’ajouter, « l’incidence moyenne en 2019, toutes régions confondues, est de 56 morsures par 100 000 Belges. Elle est nettement inférieure à celle des années précédentes, qui fut, de 78 morsures par 100.000 habitants en moyenne sur 2016, 2017 et 2018. »

Distribution géographique du nombre de morsures de tique par 100 000 habitants en 2019, établie sur la base de la commune où la morsure a eu lieu

 

Environnement dans lequel les morsures ont eu lieu © Sciensano

Près d’une morsure sur deux a lieu dans le jardin

« La majorité des morsures (près de 80%) ont eu lieu dans la région d’habitation, dans un rayon de 10 kilomètres autour du domicile. À l’aide de questionnaires, nous tentons de définir les activités et l’environnement associés à une morsure », poursuit Dre Katrien Tersago.

Les morsures de tique sont généralement associées à des activités de loisir (88 %) dans les jardins (44,6%) ou en forêt (35,4 %). Il est donc primordial de prendre quelques précautions lors des jeux au jardin et lors des balades au grand air permises en cette période de confinement.

Précautions au jardin et en forêt

Afin de déterminer s’il y a des tiques dans le gazon, rien de plus simple: il suffit de traîner un grand drap blanc sur le sol. S’il y a des petits points noirs qui s’y agrippent, ce sont des tiques. « Pour les faire fuir, il faut tondre court, car elles n’apprécient pas la sécheresse », explique une spécialiste.

Les tiques se logent dans les herbes mais, grimpent aussi dans les arbres jusqu’à 2 m de haut. Là, de leur branche, elles se laissent tomber dans les cheveux. En forêt, il faut veiller à protéger les zones corporelles difficiles d’accès, grandes favorites des tiques : porter une casquette et des chaussures montantes fermées, se couvrir le nombril ainsi qu’éviter de se dévêtir et d’uriner dans la nature.

Après un bain de forêt ou de jardin, un contrôle quotidien du corps est recommandé

Et si, malgré ces précautions, on est tout de même mordu? Il faut enlever la tique au plus vite par torsion du corps. « De façon générale, le risque de transmission de la bactérie Borrélia lors d’une morsure augmente avec la durée d’attachement de l’acarien», insiste Dre Tersago.

Après avoir désinfecté la lésion, il conviendra de la tenir à l’œil quotidiennement et durant quatre semaines afin de détecter toute inflammation cutanée.

En effet, la manifestation la plus fréquente de la borréliose de Lyme est l’apparition d’une tache rouge grandissante à l’endroit de la morsure, rougeur également appelée « érythème migrant » (EM).

L’émergence de symptômes grippaux (fièvre et douleurs musculaires) peut également être le signe d’une infection par la morsure de tique. Consulter son médecin traitant est alors vivement conseillé.

 

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