Examen de la côte de Saint-Pierre, Namur. © TreMA.
Examen de la côte de Saint-Pierre, Namur. © TreMA.

L’ADN de Saint-Pierre pisté à Namur

4 août 2017
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

SERIE (5/5) Sciences en vacances

 

Ce n’est pas tous les jours qu’une étude ADN concerne… un saint. Et encore, pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Saint-Pierre, un des douze apôtres de Jésus. Mieux encore, l’enquête en question ne se joue pas à Rome, mais bien à Namur ! Quant à l’objet étudié, il est toujours visible au TreM.a, le Musée provincial des Arts anciens du Namurois. Il s’agit du « Reliquaire de la côte de Saint-Pierre », une des pièces du trésor d’Oignies.

 

« Le Pr Georges Kazan, de l’École d’archéologie de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni), a effectivement prélevé en mai dernier, et par frottis, un échantillon de la côte de Saint-Pierre », indique Amélie Engelen, du TreM.a.

 

Un trésor du 13e siècle

 

Ouverture du reliquaire, Namur. © TreMA
Ouverture du reliquaire, Namur. (Cliquer pour agrandir) © TreMA

Le frottis effectué sur les ossements attribués à Saint-Pierre doit servir à dresser le profil génétique de son propriétaire. « L’idée est de pouvoir comparer ensuite ces informations aux résultats d’autres frottis opérés sur d’autres reliques de Saint-Pierre, et présentes ailleurs dans le monde. Le but de cette étude est de déterminer dans quelle mesure il y a concordance, ou pas », précise-t-on à Namur.

 
Le reliquaire est actuellement exposé dans la salle du Trésor d’Oignies, au TreM.a. On y découvrira aussi des morceaux de parchemin écrits par Frère Hugo (d’Oignies) qui indiquent la datation du placement des reliques.

 
Le Trésor d’Oignies est un ensemble d’orfèvrerie exceptionnel datant du 13e siècle. Il est classé comme Trésor de la Fédération Wallonie-Bruxelles et comme une des sept merveilles de Belgique. La congrégation des sœurs de Notre-Dame l’a légué à la Fondation Roi Baudouin, qui en a confié l’étude et la diffusion à la Société archéologique de Namur.

 

« Le Pr Kazan et son équipe devraient revenir faire d’autres frottis, sur d’autres reliques du trésor d’Oignies », précise-t-on à Namur. Ils devraient examiner trois autres reliquaires du trésor: la Vraie Croix, le pied de Saint-Jacques et le reliquaire de Saint-Nicolas.

 

Un parchemin de 1238

 

Le trésor d’Oignies est constitué d’une cinquantaine de pièces qui forment un tout cohérent témoignant de la vie et de l’histoire d’une institution monastique. Il provient de dons faits par Jacques de Vitry, alors en poste à Rome.

 
Hugo d’Oignies réalise dans ce cadre divers objets, tel que le reliquaire corporel de la côte de Saint-Pierre, appelé comme cela, car sa forme renvoie directement à la partie du corps d’où proviendrait la relique.

 

La côte du saint est enfermée dans un tube de cristal de roche qui trône au milieu d’un demi-cercle fait d’argent et garni de pierres. Un parchemin “authentique” atteste que l’objet a été réalisé par le frère Hugo en 1238.

 

La relique extraite de son tube de cristal de roche. Cliquer pour agrandir © TreMA
La relique extraite de son tube de cristal de roche. Cliquer pour agrandir © TreMA

 

A l’Université d’Oxford, le Pr Kazan étudie les reliques catholiques depuis des années. Il a déjà daté du 1er siècle de notre ère un ossement découvert en 2010 sous un édifice religieux en Bulgarie et attribué à Saint-Jean, un autre disciple de Jésus. Concernant ses recherches sur le Reliquaire de la côte de Saint-Pierre, il ne fait aucun commentaire pour l’instant. De quoi susciter toutes les supputations possibles? Peut-être… Ce qui est certain par contre, c’est que ce reliquaire ainsi que les autres pièces du trésor d’Oignies sont visibles au TreM.a, à Namur.

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