Devenir mère, cela coûte cher

4 novembre 2020
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

La dernière publication de Sébastien Fontenay et Ilan Tojerow, chercheurs au sein du département d’Economie Appliquée (DULBEA) de l’ULB, résume l’impact de la naissance des enfants sur la carrière des femmes.

Après l’accouchement, les revenus des mères fondent presque de moitié

« La naissance des enfants engendre en moyenne une diminution de 43% des revenus des mères, et ce jusqu’à 8 ans après la première naissance », notent les chercheurs avant de préciser qu’aucune diminution similaire n’est observée chez les pères.

A titre de comparaison, cette diminution de revenus est de l’ordre de 21% au Danemark, de 43% au Royaume-Uni et va même jusqu’à 61% en Allemagne.

Après la naissance de leur premier enfant, les mères sont aussi davantage pénalisées dans leur carrière que les pères. « Elles sont 40% plus susceptibles que les pères d’être en incapacité. Et ce,  jusqu’à 8 ans après la naissance d’un enfant », indiquent les deux chercheurs. « Cet écart se maintient à long terme et tend à s’amplifier avec le nombre d’enfants qui composent la famille. »

Cette situation tend à s’atténuer quelque peu depuis la disponibilité, en juillet 2002 en Belgique, du congé de paternité. « Les mères dont le conjoint pouvait prendre un congé de paternité ont passé en moyenne 21% de jours de moins en incapacité sur une période de 12 ans. »

Pertes de revenus du père et de la mère lors de la naissance d’une premier enfant au fil des trimestres © Tojerow et Fontenay/DULBEA-ULB

Le congé de paternité est bon pour la santé… des mères

En début d’année, lors d’un colloque sur le sujet à l’ULB, Ilan Tojerow pointait déjà que le congé de paternité avait aussi un effet positif sur la santé des mères dont le conjoint en bénéficiait.

« Le taux d’invalidité des mères diminue de 11 % en moyenne. » Quand il regarde les chiffres sur douze mois après la naissance, il constate, en effet, une diminution de 32 % du nombre de jours d’incapacité de travail des mères.

Qu’est-ce qui expliquerait cet effet bénéfique du congé de paternité sur la santé des femmes ? « Notre hypothèse est que si le père est effectivement présent autour du moment de la naissance, même si cela ne dure que deux semaines, la technologie liée aux soins à apporter aux enfants est apprise par les deux parents. Ce qui a un impact à long terme, y compris sur la santé des mères. »

Le travail à temps partiel est surtout choisi par les mères

Le chercheur pointait encore d’autres effets bénéfiques du congé de paternité pour les mères. Dans les familles où le père est présent dans les jours qui suivent la naissance, il constate que ceux-ci se consacrent ensuite davantage aux tâches ménagères. Et que chez ces familles, le taux de séparation ou de divorce était moindre que chez celles où il n’avait pas été question de congé de paternité.

En ce qui concerne le recours au temps partiel après la naissance d’un premier enfant, une étude menée récemment par une doctorante de la KULeuven pointe la moins bonne situation des jeunes mères par rapport aux pères.

Après avoir interrogé une centaine de couples qui ont eu un premier enfant au cours de ces deux dernières années, la chercheuse a calculé que sept familles sur dix ont dû repenser leur façon de combiner travail et vie de famille.  Et que dans 29% des cas, c’étaient les mères qui avaient opté pour un travail à temps partiel, contre 7% de pères. Par ailleurs, 17 % des jeunes mères optent pour une interruption de carrière contre seulement 3% des pères.

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