Les pères séparés prennent davantage de responsabilités

5 décembre 2019
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

Depuis deux ans, la Professeure Laura Merla, sociologue au sein du centre interdisciplinaire de recherche sur les familles et les sexualités (CIRFASE) de l’UCLouvain, et son équipe décortiquent la composition, les interactions et les évolutions au sein du noyau familial. Et, au passage, déconstruisent quelques clichés. Ils ont interrogé un grand échantillon de jeunes sur leur vie de famille. Et ce, afin de comprendre comment ils perçoivent et s’approprient leur organisation familiale.

Cette enquête, intitulée Louvain Adolescents Survey (LAdS) a été réalisée dans le contexte plus large d’une recherche UCLouvain intitulée MobileKids et financée par une bourse européenne (ERC).

La parole aux enfants

Alors que les études se basent généralement sur les dires des parents, les chercheurs ont opté pour le témoignage et le ressenti des jeunes. Au total, 1 600 jeunes entre 12 et 18 ans de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont 500 vivent dans une famille où les parents sont divorcés ou séparés, ont été interrogés. La question centrale : comment navigue-t-on entre divers lieux de résidence, des cultures familiales et des règles de vie qui peuvent être différentes chez la mère et chez le père ? Et plus globalement : qu’est-ce que ces jeunes nous disent des familles contemporaines ?

Un tiers des familles belges sont séparées

L’enquête rapporte qu’en Belgique, près de 33 % des familles sont séparées. Le type d’hébergement majoritaire est l’hébergement exclusif chez la mère (4 enfants sur 10). Vient ensuite l’hébergement alterné (3 enfants sur 10), puis principalement chez la mère ( 2 enfants sur 10 ) et enfin exclusivement chez le père (1 enfant sur 10).

« Aujourd’hui, plus de 50 % des jeunes en hébergement exclusif ou principal vivent dans un foyer monoparental. C’est-à-dire où le parent gardien – souvent la mère – vit seul avec ses enfants », expliquent les chercheurs.

Absence d’une norme unique pour définir la famille contemporaine

Il y a 10 ans, l’hébergement exclusif chez la mère primait, tandis que celui chez le père était rarissime. Quant à l’hébergement alterné, il s’implantait doucement.

La famille du 21e siècle s’esquisse bien différente de ce qu’elle fut aux générations précédentes. « On oublie l’image type de la famille dite « classique » : le père, la mère et les deux enfants. Aujourd’hui, la notion de famille est multiple : parents ensemble ou séparés, hébergement exclusif ou alterné, famille homo ou mono-parentale – il n’y a plus de norme unique », expliquent les chercheurs.

On voit émerger une famille davantage relationnelle et démocratique : qu’il s’agisse d’une famille nucléaire (parents ensemble) ou d’un hébergement alterné, les parents coopèrent et dirigent la famille ensemble.

Dans les familles séparées, le père prend plus de place

« La place du père est plus importante qu’avant, même si la mère garde un rôle prépondérant. L’image du « papa Walibi/copain », qui n’aurait ses enfants que le week-end et pendant les vacances scolaires et ne ferait que des choses amusantes par opposition à la mère « contrôlante », n’est plus d’actualité. Au contraire : les jeunes disent que les pères séparés prennent plus de responsabilités. »

Les nouvelles technologies sont indispensables pour maintenir la coprésence

Les réseaux sociaux aident les jeunes à entretenir une continuité des liens avec leurs parents.Autrement dit, les jeunes communiquent avec papa quand ils sont chez maman, et inversement. Facebook est utilisé par 68 % des jeunes pour garder le contact avec leurs parents.

Globalement, les enfants sont satisfaits de leur situation familiale

« 8 jeunes sur 10 se disent satisfaits de leur situation familiale » , précisent les chercheurs. «  Dans le cadre d’une séparation, les filles se sentent plus proches de leur mère, tandis que les garçons construisent le même type de relation avec chacun de leur parent. »

Enfin, la séparation atténue les conflits entre parents, mais ne les fait pas disparaître. Sept jeunes sur 10 estiment que leurs parents se disputent moyennement voire beaucoup. Et ce, que ces derniers soient séparés ou pas.

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