Dans le cadre des visites qu’elle rend aux établissements scientifiques fédéraux, Vanessa Matz (Les Engagés), ministre en charge de la Politique scientifique (Belspo), a fait escale à l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique. Nous lui avons posé quelques questions sur l’avenir de Belspo.
Daily Science (D.S.) : Quelle vision avez-vous en ce qui concerne l’avenir de la Politique scientifique fédérale dans le contexte d’économies budgétaires actuel ?
Vanessa Matz (V.M.) : Dans l’accord du gouvernement, il y a une phrase qui concerne la Politique scientifique fédérale. On y parle de la dynamisation des ESF (les « établissements scientifiques fédéraux », soit notamment l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique, l’Observatoire, l’Institut royal météorologique, l’Africa Museum, la Bibliothèque royale/KBR, etc, NDLR). On y indique aussi que les Services de programmation de l’État vont devoir intégrer un SPF (Service public fédéral). Dans le cas de Belspo, plusieurs options s’offrent à nous, dont le SPF Economie. Ma préférence va plutôt vers le SPF Bosa (le service public fédéral qui accompagne les autres administrations en matière d’informatique, de ressources humaines, de gestion, d’intégrité et de marchés publics, NDLR).
D.S. : Pourquoi privilégier à ce stade le SPF Bosa ?
V.M. : Ce n’est pas tranché du tout. Cela doit encore être discuté au gouvernement. À mes yeux, le contexte international est tel que des craintes émergent vis-à-vis de la politique scientifique, de la recherche scientifique, des chercheurs, etc. Intégrer Belspo dans au sein du SPF Economie enverrait un mauvais signal. Cela pourrait donner l’impression que la science est une valeur économique. Ma préférence va donc aujourd’hui au SPF Bosa.
D.S. : Quand la décision sera-t-elle prise ?
V.M. : Ceci fait partie d’une énorme réorganisation. Mon but est de présenter une note d’intention, une note de principe, au gouvernement avant les vacances parlementaires.
D.S. : Que deviennent alors les Établissements scientifiques fédéraux ?
V.M. : Il y a déjà eu des rencontres avec l’ensemble des directeurs des établissements scientifiques. Leur volonté, et elle me semble très saine et très juste, est d’aller vers plus d’autonomie. Dans le même temps, ils me disent qu’ils n’ont plus le temps de s’occuper de l’appui: tout ce qui est administratif, marchés publics, le personnel…
Une note de Belspo suggère la création de deux structures faîtières d’appui pour les ESF, en fonction de leurs missions. Les besoins de l’Africa museum ne sont pas les mêmes que ceux de l’IRM. La formule juridique dans laquelle pourraient évoluer ces deux structures n’est pas encore définie.
Cet appui se doublera d’une grande autonomie pour les ESF. L’idée est aussi de rendre les ESF plus attractifs. Il faut que l’argent qui rentre dans leurs caisses soit dédicacé évidemment à leur propre politique. Cet argent peut provenir de paiements pour des services qu’ils fournissent à des tiers ou à d’autres services de l’Etat, la location de salles à des entreprises, à d’autres administrations ou à l’occasion d’une visite privée d’une l’exposition temporaire. Certains ESF disposent de beaux espaces. Mais ils ne sont pas toujours assez valorisés. Il faut aussi que la recherche qui se fait au sein des ESF soit valorisée. Il faut qu’elle soit montrée au public.
Ce sont des scientifiques qui sont à la tête de ces institutions, ce qui est très bien. Mais ce ne sont pas des managers spécialisés dans une politique de marketing d’événements. La structure fédérale faîtière va les aider.
D.S. : Dans cette évolution de la Politique scientifique fédérale, que devient le secteur spatial, qui en constitue un gros morceau et pour lequel on parle de plusieurs dizaines de millions d’économies ?
V.M. : Il n’y aura pas de baisse des moyens spatiaux fédéraux pour le spatial. La baisse du budget spatial envisagée va être compensée par des financements issus de la Défense. Nous avons déjà un solide partenariat avec la Défense. C’est ce partenariat que nous souhaitons développer et anticiper dès cette année. Les 32 millions d’économies dans le spatial belge prévus en 2025 seront compensés par un apport équivalent du budget de la Défense qui, lui, est poussé à la hausse. Et nous sommes déjà occupés à l’élaboration du budget 2026. Dans ce cadre, nous avons eu plusieurs échanges avec la Défense sur un certain nombre de partenariats qui pourraient être mis en place.
D.S. : Dans les projets d’économies du gouvernement, que risque de devenir la Station polaire Princess Elisabeth Antarctica ?
V.M. : Il n’est pas question aujourd’hui de limiter le budget de la station polaire ni de faire des économies en ce qui concerne son fonctionnement. Il n’y a donc aucune menace en ce qui concerne les projets scientifiques qui s’y développent.
D.S. : Parmi les outils scientifiques belges, on retrouve le Belgica, le navire de recherche océanographique. Mais celui-ci reste à quai depuis des mois et ne remplit aucune mission scientifique. Quand reprendra-t-il la mer ?
V.M. : Vous le savez, pour le Belgica, il y a un conflit juridique en cours avec l’opérateur privé du bateau. L’idée est de régler ce problème juridique et d’en terminer le plus rapidement possible avec cet opérateur, afin de pouvoir imaginer la suite. Cela pourrait passer par des collaborations avec la Défense en ce qui concerne l’équipage du Belgica. Nous espérons pouvoir annoncer en septembre de bonnes nouvelles concernant le navire.