L’Europe se veut un phare énergétique et climatique

6 septembre 2021
par Raphaël Duboisdenghien
Durée de lecture : 4 min
"La réussite de l'Europe", par Domenico Rossetti di Valdalbero. Editions L’Harmattan. VP 21,50 euros, VN 15,99 euros
« La réussite de l’Europe », par Domenico Rossetti di Valdalbero. Editions L’Harmattan. VP 21,50 euros, VN 15,99 euros

Domenico Rossetti di Valdalbero prend le contre-pied de l’idée d’un déclin de l’Union européenne (UE). L’économiste publie «La réussite de l’Europe» aux éditions L’Harmattan.

«Avec clairvoyance et réalisme, mais aussi avec enthousiasme et idéalisme, Domenico Rossetti di Valdalbero est un fervent partisan de l’intégration européenne», souligne Christian Jourquin, membre de l’Académie royale de Belgique, président honoraire du Comité exécutif du groupe chimique Solvay.

«Pour ma part, enfant de l’après-guerre, je suis convaincu que de la santé publique aux migrations en passant par la transition énergétique et la lutte contre les changements climatiques, l’échelon européen est le plus adéquat. Le Pacte vert est exemplaire à cet égard. Il faut donner un nouveau visage à l’économie, qui soit positif tant en termes d’utilisation des ressources naturelles qu’en termes d’emploi, de croissance économique et de protection de l’environnement. Le privé et le public doivent travailler ensemble.»

Réduire l’empreinte carbone

Avec sa production d’électricité, le chauffage des bâtiments, le transport et l’industrie, le secteur de l’énergie est responsable de 70% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

«Il est donc le principal concerné, aux côtés de l’agriculture et de l’usage des sols dont la déforestation, lorsqu’il s’agit de respecter les accords de Paris visant à lutter contre les changements climatiques et garder les températures globales sous le 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle», explique Domenico Rossetti di Valdalbero.

«Afin d’atteindre ce but, l’Union peut servir de phare au monde. Elle s’est fixé l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Et, dans cette perspective, la Commission européenne a proposé un objectif d’au moins 55% de réduction de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990. En ligne avec l’ambition du Pacte vert, première priorité de la présidente Ursula von der Leyen. Il s’agit de réduire l’empreinte carbone. Tout en relançant l’économie vers un nouveau modèle de développement.»

Un risque de pénurie d’énergie

«Le verdissement est en cours», note l’administrateur principal à la Commission européenne. «Les énergies renouvelables sont passées, en Europe, de 7 à 20% de la production d’énergie en 20 ans. Le charbon est en voie d’extinction pour la génération d’électricité dans la plupart des pays de l’Union. Même si cela s’avérera difficile pour des pays comme la Pologne et l’Allemagne dont respectivement 80% et 30% de l’électricité sont générés à partir de combustibles solides. Le pétrole et le gaz couvrent encore 55% de la consommation énergétique dans l’Union.»

Le docteur en économie voit un risque d’insécurité d’approvisionnement énergétique. «L’UE importe plus de 90% du pétrole et plus de 80% du gaz naturel qu’elle utilise de pays tiers. Hormis la Norvège, ces importations proviennent de pays dont la gouvernance est loin des valeurs démocratiques européennes.»

Cinq vérités dérangent

À titre personnel, le conférencier invité au Collège Belgique pointe cinq vérités qui dérangent.

Premièrement, une très grande partie de la chaleur dans les bâtiments, des processus industriels et des transports dépendront de l’électricité. La demande passera de 25% à près de 50% en 2050. Les Européens seront hyper dépendants des fournisseurs d’électricité.

Deuxièmement, en 2020, les 27 États membres de l’UE consommaient 1.400 millions de tonnes équivalent pétrole. Une consommation très proche de celle de 2000. Une stabilité qui serait liée à un «effet rebond»: économie d’énergie et plus grande efficacité énergétique répercutées sur d’autres consommations énergétiques.

Troisièmement, l’investissement sera substantiel pour une grande partie de la classe moyenne, notamment pour isoler les logements. Les bas salaires seront affectés par le passage à la voiture électrique.

Quatrièmement, le stockage de l’électricité reste problématique. Comme l’extraction des matériaux pour la fabrication des batteries ou leur recyclage.

Cinquièmement, il n’est quasiment pas fait référence au nucléaire et au gaz naturel dans le cadre des objectifs énergétiques et climatiques de 2030 à 2050. Cependant, seulement un tiers de l’électricité de l’UE est produit à partir de sources d’énergies renouvelables.

«Soyons ambitieux, mais honnêtes sur la transition énergétique», conclut Domenico Rossetti di Valdalbero. «Soutenons les rénovations des maisons, le changement des vieilles voitures et des appareils domestiques énergivores des personnes à bas revenus par de justes aides. Investissons dans la recherche et l’innovation high-tech et de rupture comme les nouvelles énergies renouvelables, l’hydrogène propre, le nucléaire, la captation, l’usage et le stockage du CO2. Mettons l’accent sur les économies d’énergie et les comportements durables.»

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