Investir dans une machine à remonter le temps

15 décembre 2022
Par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

Le Département d’Histoire de l’Art et Archéologie de l’UNamur participe pour la première fois à un projet d’archéologie expérimentale, dans le cadre d’une thèse de doctorat sur la production du verre à l’époque romaine. Mené en partenariat avec Malagne, l’archéoparc de Rochefort, le projet Specularia a pour objectif de mieux comprendre la réalité des gestes et des techniques des artisans gallo-romains et de valider scientifiquement des hypothèses qui font encore débat aujourd’hui. Pour mener à bien cette expérience, le Département d’Histoire de l’Art et d’Archéologie lance son premier financement participatif.

Le projet Specularia

Y avait-il déjà des vitres aux fenêtres au temps des Romains ? La réponse est oui. Vertes, bleues, jaunes ou incolores, les vitres avaient des formes et des usages variés. La manière dont ce verre à vitre était produit à l’époque romaine continue cependant de faire débat entre les scientifiques.

À l’UNamur, les archéologues tentent de percer les secrets de cette production, en partenariat avec des artisans verriers et Malagne, l’archéoparc de Rochefort. Cette expérience s’inscrit dans la thèse de doctorat menée à l’UNamur par Géraldine Frère, sous la direction du professeur Julian Richard.

Chercheuse doctorante, Géraldine Frère étudie depuis 2019 les productions et les usages du verre à vitre entre le 1er et le 5e siècle en Gaule Belgique et en Germanie inférieure, un vaste espace qui correspond à la Belgique actuelle, aux Pays-Bas, au Luxembourg et au nord de la France. Sa recherche est à l’origine du projet Specularia (de specularis, vitres ou fenêtres en latin).

Expérimenter un processus jamais tenté

Le projet entend décrypter les pratiques des artisans romains en recréant deux fours à verre « à l’antique » au sein de l’archéoparc. Le premier sera utilisé pour la fusion du matériau, l’autre pour sa recuisson, deux étapes indispensables de la production du verre.

L’expérience sera menée par Géraldine Frère avec l’aide d’artisans verriers (Allain Guillot et « Les infondus ») qui utiliseront des techniques et des outils « à la romaine », spécialement conçus sur base d’expérimentations antérieures et des traces retrouvées sur les fragments de vitres antiques.

Le verre sera mis en forme suivant un processus inédit et différent de tout ce qui a été testé jusqu’ici : le verre en fusion sera cueilli dans le four, déposé sur une surface avec un cadre chauffée préalablement, puis étiré à l’aide d’outils jusqu’à obtention d’une forme rectangulaire.

Un objectif scientifique et pédagogique

Ce projet permettra aux étudiantes et aux étudiants du Département d’Histoire de l’Art et d’Archéologie de suivre un projet d’archéologie expérimentale en région namuroise.

« Le public pourra également voir la progression de l’expérience, de la construction des fours dans l’archéoparc au coulage des vitres, avec comme point d’orgue « le Rendez-vous gallo-romain » organisé les 15-16 juillet 2023. Et les résultats des expériences seront valorisés scientifiquement dans le cadre du projet de recherche Specularia », explique l’équipe de recherche.

Un financement participatif

Pour mener cette expérience à bien, le Département d’archéologie est à la recherche de 10.000 euros. « Cette somme sera intégralement utilisée pour acheter les matériaux permettant de construire les fours et couler le verre (bois, argile, sable, tuiles…) au sein de l’archéoparc et financer le travail des verriers durant la durée de l’expérience, soit de mai à juillet 2023. »

« Si vous souhaitez faire progresser les connaissances en archéologie gallo-romaine, il vous est possible de rejoindre l’équipe du projet en participant à son financement. Des contreparties sont prévues, ainsi que des réductions d’impôt. Chaque geste de soutien, petit ou grand, sera aussi un encouragement moral à poursuivre ces projets d’innovation en recherche et en enseignement dans le domaine de l’archéologie à l’UNamur.»

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