Histoires d’ours au Muséum

17 octobre 2018
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Cet hiver, si le sommeil se fait trop léger, pourquoi ne pas passer prendre quelques leçons d’hibernation au Muséum royal des Sciences Naturelles de Belgique? La nouvelle exposition temporaire consacrée aux ours dit en effet tout sur les petites habitudes de ces plantigrades, y compris en ce qui concerne leur repos hivernal.

On y apprendra notamment que les huit espèces recensées actuellement occupent quasi tous les recoins de la planète (sauf l’Afrique). Que ces gourmands mangent de tout, même si certains ont leurs petites habitudes question bambou ou miel par exemple. Que la Belgique a hébergé des populations d’ours jusqu’au 12e siècle, mais qu’en Suisse, le dernier ours a été abattu en… 1904.

Ne dormir que d’un œil…

Bien sûr, la question de l’hibernation n’est pas éludée. « L’hibernation, cette merveille de la nature, permet aux ours de ralentir le fonctionnement de leur corps pendant l’hiver », rappelle-t-on. « Au fond de leur tanière, ils s’endorment, leur température baisse peu, mais leur cerveau reste actif en cas de danger ou de redoux. Ils ne mangent pas, ils ne boivent pas et ne font pas non plus leurs besoins : ils diminuent ainsi drastiquement leurs dépenses en énergie et passent l’hiver sans encombre ».

Pourquoi six doigts? La réponse est dans l'expo.
Pourquoi six doigts? La réponse est dans l’expo!

 

L’exposition rappelle aussi que les plus anciens ours connus remontent à 35 millions d’années. Qu’ils ont pour cousins les chiens, mais aussi les phoques… Et qu’à cette époque, leurs dents commençaient à évoluer différemment des autres carnivores pour s’adapter à un régime omnivore.

L’ours « spéléo » aimait beaucoup Goyet

En Europe, une race aujourd’hui disparue, l’ours des cavernes, apparaît il y a 150.000 ans environ. On le retrouve même en Belgique où des fossiles d’ours des cavernes ont notamment été découverts dans les grottes de Goyet, en province de Namur.

Des trois squelettes d’ours des cavernes qui sont présentés dans l’exposition, deux proviennent des collections de l’Institut Royal des Sciences naturelles de Belgique.

« Des restes d’ours des cavernes (Ursus spelaeus) ont été retrouvés dans de nombreuses grottes belges », indique le Dr Mietje Germonpré, paléontologue à l’Institut Royal des Sciences Naturelles.

« Les deux squelettes présentés dans l’exposition, un mâle adulte et un jeune, ont été découverts par Edouard Dupont en 1868 dans la grotte de Goyet avec les restes de plus de 130 autres ours des cavernes ».

Ce matériel est conservé depuis 150 ans déjà dans les collections de l’Institut. Les ours des cavernes, qui avaient un régime essentiellement végétarien, vivaient en Europe et en Sibérie occidentale.

L’ADN de l’ours des cavernes se retrouve chez… l’ours brun actuel

Ils recherchaient des régions montagneuses avec de nombreuses grottes et cavernes, qu’ils utilisaient comme abris durant l’hiver. Bon nombre de ces ours mouraient durant l’hibernation, en particulier les animaux jeunes, malades et très vieux, ce qui explique le nombre important d’ossements découverts notamment à Goyet. Ils étaient souvent la proie du lion des cavernes, mais aussi de l’homme préhistorique.

Leur nombre a diminué progressivement durant la dernière période glaciaire, sans doute en raison de la chasse par l’homme, combinée à un refroidissement du climat.

Bien que les ours des cavernes aient disparu il y a environ 25.000 ans, une partie de leurs gènes « vit » encore. « Des recherches récentes, mais qui n’ont pas été menées sur des fossiles belges, ont démontré que l’ADN de l’ours brun que nous connaissons aujourd’hui contient 1 à 3 % de l’ADN de l’ours des cavernes. Des croisements entre les deux espèces ont dû avoir lieu lors d’une précédente période glaciaire », indique la paléontologue.

L’ADN mitochondrial de l’ours des cavernes présent à Goyet a par contre déjà fait l’objet d’analyses. Comparé à l’ADNmt d’autres populations d’ours des cavernes, cet ADN avait permis de révéler que voici 30.000 ans, la diversité génétique de ces populations était en chute libre.

Huit espèces d’ours

Si l’illustration en tête d’article, visible dans l’exposition, présente un ours brun, on se souviendra aussi qu’il existe aujourd’hui huit espèces d’ours dans le monde. L’ours brun et l’ours blanc, le grand panda, l’ours à collier, l’ours malais, l’ours lippu, l’ours noir et l’ours à lunettes.

Toute la famille, et quelques invités, accueillent les visiteurs à l’entrée de l’exposition!

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