L’ULB et la VUB créent le premier Institut belge d’études avancées

19 avril 2022
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

BrIAS: l’acronyme fait référence au « Brussels Institute for Advanced Studies ». Il s’agit du premier Institut de ce genre créé en Belgique. « Une nécessité », selon Serge Jaumain, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université libre de Bruxelles. Avec le Pr Frank Deconinck (VUB), il codirige le nouvel Institut, qui vient de connaître, avec succès, sa première année d’existence.

« Les Instituts d’études avancées (IAS) sont des structures qui se sont développées depuis des années 1930 », rappelle le Pr Jaumain. « Le premier, organisé à l’Université de Princeton, aux États-Unis, a notamment accueilli Albert Einstein. L’idée est d’y réunir des chercheurs de très haut niveau, venus du monde entier, et de les faire réfléchir ensemble et de manière transdisciplinaire sur diverses thématiques pendant une longue période. »

Hébergé au sein du complexe Usquare

« Depuis l’IAS de Princeton, les Instituts d’études avancées se sont fortement développés dans le monde. Il n’y en avait pas encore en Belgique. C’est désormais le cas avec le BrIAS », précise le Pr Jaumain.

« En réalité, le BrIAS a vu le jour en 2018 dans le cadre du projet Usquare de la VUB et de l’ULB », indique le Pr Frank Deconinck (VUB). « Un institut d’études avancées est un instrument éprouvé pour attirer des chercheurs de haut niveau. Ces instituts sont souvent des incubateurs d’idées sans aucune restriction philosophique ou politique. Situé dans la ville de Bruxelles, elle-même un patchwork d’environnements socio-économiques et culturels, le BrIAS se veut un véritable bâtisseur de ponts entre les disciplines et les environnements. »

Usquare, qui accueille le BrIAS, est ce complexe immobilier qui hébergeait anciennement les casernes de la gendarmerie du boulevard Général Jacques. Il a été acquis par les deux universités libres de Bruxelles. Une partie de ces bâtiments est réservée au nouvel institut. Une vingtaine de chambres et de petits appartements vont y être aménagés pour héberger les chercheurs invités pendant des périodes de 5 à 10 mois.

Site du projet Usquare: anciennes casernes de gendarmerie à Bruxelles © Deborah Puylaert / VUB

Expérience pilote

« Le projet immobilier ne sera une réalité qu’en 2024 », reprend le Pr Jaumain. « Nous avons cependant déjà lancé cette année, de la mi-janvier à la mi-avril 2022, un projet pilote qui préfigure ce que sera la vie de ce nouvel institut. Au cours des premiers mois de cette année, si les 25 chercheurs invités ont été logés à l’hôtel, ils ont toutefois participé au projet tel qu’il existera à terme. »

Pour développer ce projet, une équipe de chercheurs de la VUB, qui travaille sur l’histoire de l’alimentation, a été mobilisée. Une seconde équipe, de l’ULB cette fois, spécialisée en biologie végétale et qui s’intéresse à l’amélioration des cultures, a également été mobilisée.

Ce sont ces deux équipes qui ont choisi les invités de cette année, afin de les faire interagir autour de la thématique générale du climat, du réchauffement global et du développement durable.

Renforcer les réseaux

« La règle de base pour les invités de cet Institut est qu’ils doivent participer au minimum une fois par semaine à un séminaire d’une demi-journée », reprend le Pr Jaumain. « Lors de chaque séminaire, un ou deux des chercheurs exposent leur sujet. Cela donne ensuite lieu à une discussion de fond avec l’ensemble des participants. »

Ces chercheurs invités s’engagent également à participer aux travaux des laboratoires universitaires de l’ULB et de la VUB qui les ont invités. L’idée est qu’ils proposent des conférences pour les chercheurs des deux universités bruxelloises et leurs étudiants.

« Pour nos deux universités, c’est l’occasion d’être en contact direct avec des chercheurs de tout premier plan dans leur discipline et de renforcer les réseaux », indique encore Serge Jaumain.

« Cette première expérience pilote est un succès », analyse-t-il. « Il était fascinant d’observer comment ces personnes se sont rencontrées et ont été capables d’imaginer ensemble de nouvelles choses. Ils nous ont dit qu’ils avaient eu l’occasion de faire des rencontres scientifiques qu’ils n’auraient pas pu faire ailleurs. Et que cette expérience avait été un véritable stimulant intellectuel ».

Comme les Conseils Solvay, mais sur plusieurs mois

« Nous la reconduirons l’année prochaine, également pendant une période de trois mois. Par la suite, nous adopterons alors notre rythme de croisière, en invitant des chercheurs de haut niveau à séjourner et à partager leurs connaissances et à confronter leurs points de vue avec leurs collègues issus de diverses disciplines, lors de séjours allant de 5 à 10 mois. »

Un autre souci des promoteurs du BrIAS est de réserver un certain nombre de places à des chercheurs venus du Sud et qui n’ont pas toujours les moyens de participer à ce genre d’expériences.

Avec le BrIAS, on touche à toutes les disciplines: sciences humaines, sciences exactes, sciences de la santé. Et, comme pour les Conseils Solvay, l’idée est aussi de redonner à Bruxelles sa place de centre d’excellence de la recherche », dit encore Serge Jaumain.

« Mais à la différence des Conseils Solvay, où les participants ne sont présents que quelques jours à Bruxelles, avec le BrIAS nous voulons que ces personnes d’exception passent de longs mois à Bruxelles. Ce qui les amènera à vivre ensemble, à partager des moments à la fois formels et informels. Pour ces invités, comme finalement pour n’importe quel congressiste dans un autre registre, les moments privilégiés autour d’une tasse de café peuvent souvent être fructueux et être à la base de grands échanges d’idées,  voire de la mise en place de grands projets de recherche. C’est cela notre objectif. C’est ce que nous voulons construire », conclut Serge Jaumain.

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