Projet MobileKids, Dr Laura Merla (UCL), bénéficiaire d'une bourse ERC.
Projet MobileKids, Dr Laura Merla (UCL), bénéficiaire d'une bourse ERC.

Dix chercheurs belges décrochent une bourse du Conseil européen de la Recherche

17 décembre 2015
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 6 min

Au début du mois de décembre, le Conseil européen de la Recherche (ERC) a annoncé les noms des nouveaux 291 jeunes chercheurs européens bénéficiaires d’une « bourse de démarrage » (Starting Grant). Parmi eux, on retrouve dix Belges, dont quatre relèvent d’universités de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB): Nicolas Gillis (UMons), Jean-Michel Lafleur (ULg) ainsi que Laura Merla et Patrick Meyfroidt à l’Université Catholique de Louvain (UCL).

Les bourses de démarrage de l’ERC sont des bourses importantes. Elles sont dotées de quasi 1,5 million d’euros et sont attribuées pour une période de cinq ans. Ces starting grants sont réservées aux « jeunes » chercheurs: des scientifiques qui ont bouclé leur doctorat depuis deux ans au moins et il y a maximum 7 ans.

Un taux de réussite de 10%
« La compétition est rude pour tenter de décrocher une telle bourse. Dix pour cent à peine des candidats décrochent une telle bourse au terme d’une procédure de sélection sévère, en deux temps », explique le Pr Jean-Christophe Renauld, pro-recteur à la Recherche à l’Université catholique de Louvain (UCL).

« Participer à cette compétition prend également du temps », indique le Dr Patrick Meyfroidt (UCL) un des lauréats de cette année. « Nous avons consacré quasi 4 mois à la mise sur pied de cette candidature ».

De multiples disciplines scientifiques soutenues

Pour cet appel à projets, ce sont globalement 291 jeunes chercheurs à travers l’Europe qui sont soutenus par une bourse de démarrage ERC. Pour chacun, cette bourse doit leur permettre de mettre en place leurs propres équipes de recherche et de poursuivre leur recherche exploratoire dans une multitude de domaines scientifiques et technologiques.

Les nouveaux bénéficiaires vont travailler sur un large éventail de sujets allant de l’exploration des climats passés de la Terre, à l’étude de maladies tropicales négligées ou encore à mener des recherches sur la façon dont la diplomatie se transforme sous la pression des nouveaux médias…

Deux chercheurs de l’UCL soutenus cette année à hauteur de 1,5 million d’euros chacun

A l’UCL, les deux lauréats de cette année empochent un financement de 1,5 million chacun. Ils travaillent sur deux sujets très différents.

Le Dr Laura Merla, professeure de sociologie et chercheuse à l’Institut d’analyse du changement dans l’histoire de la société contemporaine de l’UCL, veut mieux comprendre les expériences vécues par les enfants qui grandissent dans des familles dont les parents séparés ont opté pour un système d’hébergement alterné. Le but ? Identifier les besoins spécifiques de ces enfants partagés entre deux foyers, à partir du récit qu’ils font de leur propre vie.

Ecoutez le Pr Merla détailler quelques objectifs de son projet

De son côté, le Dr Patrick Meyfroidt, géographe, veut mieux comprendre le développement des frontières agricoles en Afrique australe. L’objectif de son projet de recherche porte sur le développement et la mise à l’épreuve de théories expliquant les relations entre trois des principaux processus d’utilisation du sol. C’est à dire les trajectoires d’intensification opposées à l’expansion d’utilisation du sol, le déplacement d’utilisation du sol au travers du commerce international et enfin les transitions non-linéaires d’utilisation du sol.

Chargé de recherche F.R.S.-FNRS au sein du Earth & Life Institute de l’UCL, le Dr Meyfroidt devrait, avec cette recherche, mieux appréhender les processus qui conditionnent l’émergence et le développement de frontières agricoles.

« C’est à dire de régions abondantes en terres et ressources naturelles mais limitées en capital et force de travail, et caractérisées par des changements d’utilisation du sol rapides », précise-t-il.

Les bourses ERC: une reconnaissance internationale

Les recherches financées par l’ERC concernent toutes les disciplines: sciences physiques et de l’ingénieur, sciences de la vie et sciences sociales et humaines.

Ce sont aussi de véritables atouts sur le CV des chercheurs. « En début de carrière, ils ne sont pas très visibles par leurs pairs », indique le Pr Renauld.

« Dans les colloques internationaux, ils ne sont qu’un scientifique parmi d’autres. Lorsqu’ils disposent d’une bourse ERC, la crédibilité de leurs travaux prend une tournure toute différente. Ils sont davantage invités à ces rencontres, ils sont également invités à venir y faire l’une ou l’autre communication, à donner des conférences ».

13 milliards de budget pour la période 2014-2020

Ces bourses sont également des outils de démultiplication de la recherche. L’ERC estime qu’avec ses starting grants allouées à 291 jeunes chercheurs, ce sont au final près de 1.000 scientifiques qui vont pouvoir produire de la science de qualité.

« Ces subventions permettent aux scientifiques récompensés de construire leurs propres équipes de recherche et d’engager environ un millier de post-doctorants et doctorants. L’ERC contribue ainsi également à soutenir une nouvelle génération de chercheurs de haut niveau en Europe”.

Deux précisions chiffrées: le montant total des bourses de démarrage allouées cette année aux 291 chercheurs européens s’élève à 429 millions d’euros. Le budget total de l’ERC pour ses multiples actions pour la période 2014-2020 est de 13,1 milliards d’euros.

 

Les lauréats belges

Luc Baeyens (VUB): son projet Neobetacell porte sur l’étude de la genèse des cellules bêtas pour le traitement de patients diabétiques.

Frederik Buylaert (VUB): son projet STATE concerne l’étude des seigneuries et l’émergence des états en Europe occidentale entre 1300 et 1600.

Sofie Cambré (Université d’Anvers): avec ORDERin1D, elle travaille sur la chiralité et les hybrides fonctionnels des nanotubes de carbone (en une dimension).

Wim De Malsche (VUB): Son projet de recherche EVODIS concerne l’utilisation de vortex afin de supprimer la dispersion.

Nicolas Gillis (UMons): Le projet COLORAMAP concerne, en sciences informatiques, le développement d’algorithmes liés aux « approximations contraintes ».

Simon Kuhn (KUL): Le projet MicroParticleControl concerne la synthèse contrôlée de particules en matières dans les microfluides.

Jean-Michel Lafleur (ULg): Son projet MiTSoPro porte sur la protection sociale transnationale dans le cadre des migrations dans une Europe en (post)-crise.

Silvana Mandolessi (KUL): son projet intitulé DigitalMemories porte sur le rôle joué par les médias digitaux dans le façonnement de souvenirs transnationaux.

Laura Merla (UCL): Avec MobileKids, la scientifique va étudier la situation des jeunes enfants issus de couples séparés.

Patrick Meyfroidt (UCL) : Son projet MIDLAND concerne les modifications dans l’utilisation des sols en Afrique méridionale.

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