La beauté en questions

29 juillet 2016
par Raphaël Duboisdenghien
Durée de lecture : 4 min

Hommes et femmes semblent être sensibles à la beauté. Mais de façon différente selon Gaëlle Bustin, docteure en psychologie de l’Université de Liège (ULg).

 

«60 questions étonnantes sur la beauté», par le Dr Gaëlle Bustin, éditions Mardaga, VP 14,90 euros.
«60 questions étonnantes sur la beauté», par le Dr Gaëlle Bustin, éditions Mardaga, VP 14,90 euros.

En sélectionnant des études de par le monde, la professeure de management à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone bouscule bon nombre d’idées reçues dans ses «60 questions étonnantes sur la beauté» aux éditions Mardaga. Dans la collection «In psycho veritas» dirigée par le passionné de vulgarisation psychologique Jean-Baptiste Dayez. Et par Anne-Sophie Ryckebosch, psychologue clinicienne aux Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles. Une collection pour mieux comprendre ses semblables en appréhendant comment ils pensent, ressentent et agissent.

 

Une des capacités les plus remarquables de l’espèce humaine

 

«La capacité à apprécier la beauté est l’une des capacités les plus remarquables de l’espèce humaine», souligne Gaëlle Bustin, collaboratrice au diffuseur d’actualités psychologiques Psychopium. «Les filles feraient plus attention aux détails, à la localisation des différents éléments dans l’espace. Les garçons auraient une attention visuelle globale. Il faudrait remonter au temps des chasseurs-cueilleurs pour expliquer cette différence. À l’époque, la chasse, traditionnellement l’apanage des hommes, requérait une vision globale de l’environnement afin de traquer les animaux en mouvement. La cueillette, réalisée par les femmes, nécessitait une vision plus précise et détaillée pour identifier les fruits, racines et baies comestibles.»

 

Les œuvres d’art ne seraient pas vues de la même façon par les deux sexes. Des chercheurs espagnols ont enregistré l’activité du cerveau face à 400 images, dont 200 peintures célèbres de styles artistiques variés. Chez les femmes, les côtés gauche et droit s’activent quand elles admirent des représentations. Chez les hommes, l’activité est restreinte au côté droit du cerveau.

 

Quelque 120 étudiants se rendent sur le site web d’une personne de sexe opposé pour indiquer à quel point ils la trouvent attirante. Quatre versions différentes des sites sont proposées par les chercheurs états-uniens. Mêmes informations sur ce que les personnes aiment. Mais leur genre et la musique de fond varient. Les étudiants ont tendance à juger une fille 10% plus jolie si le site distille une musique classique. Un homme est jugé en moyenne 15% plus attirant aux yeux des étudiantes quand c’est du rock.

 

Les femmes utilisent trop de maquillage

 

Les filles sont-elles bien plus belles quand elles sont maquillées? «Les résultats de chercheurs anglais suggèrent que les femmes utilisent trop de maquillage. Hommes et femmes préféraient les visages avec moins de 40% de maquillage que ce que la quarantaine de femmes photographiées avaient déterminé comme étant la dose optimale. Les participants se trompaient largement sur les préférences de l’autre sexe. Les femmes pensaient que les hommes préféreraient une femme lorsqu’elle était fort maquillée, alors que ces derniers appréciaient en fait un visage plus naturel.»

 

L’effet pom-pom girl

 

Le contexte influence la perception de la beauté… «Lorsque nous voyons un groupe de personnes, notre système visuel aurait tendance à calculer une sorte de moyenne des différents individus dans le groupe plutôt que de traiter chaque personne séparément. Un peu comme si nous fusionnions tous les visages pour n’en former qu’un seul aux proportions standards. Or, il se fait que les êtres humains trouveraient tout ce qui est standard particulièrement attirant.»

 

Pour tester cette théorie, des chercheurs californiens ont mené une série d’expériences. Plus d’une centaine de participants devaient juger l’attractivité de visages apparaissant en groupe ou individuellement. Les femmes, aussi bien que les hommes, ont estimé que l’on paraissait plus beau en groupe que lorsqu’on est seul. C’est ce que les scientifiques appellent «l’effet pom-pom girl». Au-delà de trois, le nombre de personnes supplémentaires n’aurait pas d’influence sur le niveau d’attractivité d’un individu.

 

Les enfants de 6 ans auraient déjà internalisé le stéréotype «ce qui est beau est bon». Dans les dessins animés qu’ils regardent, plus un personnage est beau, plus il est bon, gentil, intelligent, heureux en amour. L’étude d’une équipe de chercheurs états-uniens montre que, quel que soit le Disney visionné, 78% des jeunes participants préfèrent avoir comme ami un bel enfant plutôt qu’un moins beau.

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