L’histoire de l’environnement belge s’enrichit

22 juin 2017
par Raphaël Duboisdenghien
Durée de lecture : 4 min

Dans «Études et bibliographies d’histoire environnementale», les Presses universitaires de Namur viennent d’éditer les actes des «Deuxièmes rencontres d’histoire de l’environnement». Colloque international et interdisciplinaire organisé en 2012 à l’Université de Namur.

 

«Études et bibliographies d’histoire environnementale», Presses universitaires de Namur, 24 euros.
«Études et bibliographies d’histoire environnementale», Presses universitaires de Namur, 24 euros.

«Alors que l’histoire de l’environnement fait preuve d’un dynamisme quasi mondial, il s’agissait de mesurer les avancées de la recherche en la matière concernant la Belgique et les anciennes colonies belges qu’étaient le Congo et le Ruanda-Urundi», explique la professeure Isabelle Parmentier, fondatrice du Pôle d’histoire et de sociologie environnementale de l’Université de Namur, actif dans les réseaux du Fonds de la Recherche Scientifique-FNRS.

 
Le livre figure parmi les synthèses sur le développement durable de la collection «Autres futurs»… «Nous espérons que ce livre répondra aux attentes d’un courant historiographique encore jeune en Belgique, mais néanmoins actif et prometteur. Une section particulière regroupe les textes faisant le point sur les questions de sources et de méthodes. Soulignant la richesse de certains fonds et collections méconnus. En dévoilant les potentialités, mais aussi les écueils auxquels il convient de prendre garde.»

 

Les archives orales sauvent la mémoire

 

En Fédération Wallonie-Bruxelles, le centre Etopia abrite les archives d’associations environnementales et d’écologie politique.

 

«Outre un travail de conscientisation et de préparation en amont de la production des documents, nous avons la possibilité d’éclaircir les zones d’ombre de nos archives en établissant un contact direct avec les acteurs de la mouvance, producteurs de ces archives», raconte Szymon Zareba, responsable du centre d’archives privées.

 

«L’objectif n’est pas uniquement de les interroger sur leurs parcours, leurs actions, mais bien de commenter leurs archives, de les interroger sur tel ou tel événement qui nous semble intéressant et qui n’est évoqué que partiellement dans les archives. Nous savons tous que beaucoup de documents se perdent au fil du temps: les inondations, les incendies, les déménagements successifs sont autant de facteurs de destruction d’archives. L’idée est donc bien de créer une source supplémentaire.»

 

Cette collecte d’archives orales a commencé en 2010. Des archives papier sont présentées régulièrement lors des entretiens. Pour préciser les souvenirs, faciliter le contact…

 

«L’entretien devient parfois encore plus intéressant lorsque la personne met sa propre pensée en perspective. Cette nouvelle dimension nous donne de nouveaux éléments d’information. Ceux-ci sont très précieux pour préciser l’analyse et la critique de l’entretien. Ils donnent également un aperçu général de la personne que nous avons devant nous.»

 

Repenser le développement de l’Ardenne

 

La deuxième partie du livre rassemble les contributions sur l’histoire du climat. La troisième sur l’histoire des paysages. L’historien Nicolas Scroeder propose un aperçu des évolutions de l’historiographie pour penser la croissance médiévale dans un cadre plus large que les XIe-XIIIe siècles. Le chargé de recherches au Fonds de la Recherche Scientifique-FNRS à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) présente aussi une étude sur la Famenne et l’Ardenne du IIIe au XIVe siècle.

 

«En Europe, l’habitat et les paysages ruraux se sont développés au cours du Moyen Âge, créant une trame qui sous-tend souvent encore les réseaux de peuplement actuels. Les principaux facteurs identifiés intervenant dans cette genèse sont environnementaux, sociaux et économiques. La Famenne et l’Ardenne sont un bon laboratoire pour l’étude de l’évolution du peuplement et des formes d’appropriation de l’environnement. Les fouilles menées sur des sites carolingiens et du Moyen Âge central permettent la confrontation de l’information avec des sources écrites.»

 

Les archives des abbayes, des chapitres religieux et des seigneurs laïcs épaulent les chercheurs. Au bas Moyen Âge, du XIVe au XVe siècle, on ne cultive pas les mêmes céréales d’hiver dans les deux régions. Le seigle est généralement préféré à l’épeautre en Ardenne. Ses sols et son climat plus rude rendent peu aisée la culture de cette céréale moins résistante. Pour le docteur en histoire, ce constat est extrêmement intéressant parce qu’il permet de poser, sur des bases nouvelles, la question du développement agraire de l’Ardenne.

Haut depage