La revue scientifique « Brussels Studies » fête ses 15 ans

24 mai 2022
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

Quinze ans (et quelques mois)! La revue scientifique digitale bruxelloise « Brussels Studies » fête son quinzième anniversaire. Portées sur les fonts baptismaux par le gouvernement bruxellois en décembre 2006 (et subsidié depuis par celui-ci via Innoviris, l’administration de la recherche de la Région de Bruxelles-Capitale), cette revue scientifique de territoire est naturellement centrée sur les problématiques bruxelloises.

« L’idée est de rendre plus accessibles les articles scientifiques concernant Bruxelles », expliquait à l’époque Benoît Cerexhe, qui était alors ministre en charge de la Recherche au sein du gouvernement régional. « Cette revue sera donc alimentée par de véritables articles scientifiques quelque peu simplifiés pour les rendre compréhensibles par le plus grand nombre. Ils seront accessibles en ligne gratuitement ».

Une publication qui fait la part belle à l’interdisciplinarité

Quinze ans plus tard, le résultat est à la hauteur de ses espérances. Le dernier article en date rappelle le chemin parcouru. « Un total de 169 articles ont été publiés », indique Margaux Hardy, secrétaire de rédaction de la revue depuis cinq ans. « Ils couvrent de multiples facettes de la réalité bruxelloise. La majorité des articles (50 sur 169) sont d’ailleurs de type recherche multidisciplinaire ».

Dans leur article anniversaire, Margaux Hardy et Tatiana Debroux, la rédactrice en chef de la revue, précisent: « la revue ayant comme objet un territoire urbain, il n’est pas surprenant de voir apparaître deux des disciplines dominantes des études urbaines, la géographie (25 articles) et la sociologie (21). Les sciences politiques, les sciences économiques et les disciplines de l’architecture et de l’aménagement comptabilisent chacune plus de 10 publications à ce jour. Parmi la catégorie «Autres», figurent des textes en nombre très réduit relevant des sciences de l’ingénierie, de l’histoire de l’art, de la criminologie ou des sciences de la santé. »

Une offre de lecture qui ne se limite pas au monde académique

Quelques exemples tirés d’articles récents témoignent bien de l’ouverture à 360 degrés des sujets de recherche publiés dans Brussels Studies. Pointons, par exemple, l’article de mars 2022 sur la formation des artistes amatrices de la noblesse à Bruxelles au 19e siècle, celui de novembre 2021 sur le déploiement d’une infrastructure de recharge publique pour véhicules électriques en Région de Bruxelles-Capitale ou encore celui de juin 2021 sur la fluidité des déplacements et gênes piétonnes dans les rues commerçantes de Bruxelles.

Encore une précision: l’ambition des gestionnaires de la revue est aussi de faire en sorte que les articles publiés ne s’adressent pas qu’au monde académique. Et ici aussi, le pari semble être gagné. Vu le niveau de langage accessible utilisé et la diversité des thématiques abordées, Brussels Studies est également séduisante pour des lecteurs situés en dehors du champ académique.

Un article sur trois n’est pas publié

Côté cuisine, on notera que la revue fonctionne comme n’importe quel journal scientifique à comité de lecture. Les articles soumis à la rédaction passent par divers filtres avant d’être publiés, dont celui d’une relecture par des pairs.

Ces scientifiques non impliqués dans l’article soumis, mais versés dans la ou les matières concernées, jettent un regard critique sur le texte, émettent des commentaires, suggèrent des modifications. Après adaptation par les auteurs, quand l’article est déclaré « bon pour la publication », il est finalement publié.

« En moyenne, un article sur trois est rejeté par la rédaction ou est abandonné par les auteurs », reprend Margaux Hardy.

Les scientifiques donnent leur avis

« Au fil du temps, nous avons aussi assisté à une diversification dans le type d’articles publiés. Aux articles de recherche classiques, sont venues s’ajouter des notes de synthèse. Ces textes sont des états de l’art thématiques », dit encore Margaux Hardy.

« Depuis 2021, nous avons également commencé à publier des « Position papers ». Il s’agit d’articles d’opinion argumentés publiés sur un blog complémentaire au site principal de la revue », précise-t-elle.

Ces sortes de cartes blanches donnent aux acteurs de la recherche la possibilité de s’exprimer sur de grandes problématiques bruxelloises. Et ce, en format long. Le dernier texte du genre, publié mi-avril 2022, a d’ailleurs suscité quelques remous. Il tirait à boulets rouges sur les projets de construction d’une nouvelle ligne de métro « Nord » (« Métro 3 ») dans la capitale.

« Ce projet constitue une menace grave pour les finances régionales et, partant, pour les autres politiques que la Région doit mener. Alors que le gain environnemental escompté se révèle négligeable et l’amélioration attendue de la mobilité peu satisfaisante », y annoncent d’emblée les six auteurs de ce texte, soutenus par des dizaines d’autres scientifiques.

La santé, une thématique sous-représentée

On notera encore que si l’essentiel des articles publiés par la revue sont le fait de recherches menées par des scientifiques relevant en majorité d’universités bruxelloises (Université libre de Bruxelles : 34 % ; Vrije Universiteit Brussel : 17 % ; Université Saint-Louis – Bruxelles : 13 %), certains auteurs proviennent également d’universités belges disposant d’une implantation à Bruxelles (Université Catholique de Louvain : 8 % ; Katholieke Universiteit Leuven : 5 %) mais également du secteur public (11 % des auteurs font de la recherche dans des institutions ou administrations régionales).

Un défi pour les années à venir? Sans doute publier davantage d’articles en lien avec la santé et les Bruxellois(es). Cette thématique est peu représentée dans Brussels Studies. Une lacune pour une ville-région dotée de trois imposants hôpitaux universitaires (Erasme, St-Luc et UZBrussel), sans parler de l’Institut Bordet.

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