Sur les traces d’une septième météorite belge

25 janvier 2021
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Ces dernières heures ont été bien chargées pour plusieurs astrophysiciens et spécialistes des météorites de l’Université de Liège (ULiège), de l’Université libre de Bruxelles (ULB) et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB). Une chasse inopinée à la météorite est venue bousculer leur week-end!

Une septième météorite « belge » pourrait, en effet, venir grossir, dans les jours qui viennent, la collection de « cailloux de l’espace » découverts sur le sol belge.

Détection d’un bolide par le réseau FRIPON

Tout a commencé vendredi dernier, le 22 janvier 2021, au matin. « Des caméras de surveillance du ciel dédiées à la détection des étoiles filantes ont enregistré à 7h52 le passage d’un bolide très brillant au-dessus de la Belgique », indique le Dr Emmanuel Jehin, Maître de recherches FNRS à l’ULiège.

« Il a été enregistré par les caméras du réseau FRIPON/Vigie-Ciel installées à Bruxelles (Institut d’Aéronomie spatiale à Uccle), de Oostkapelle et la caméra Néerlandaise de Noordwijk (ESA-ESTEC). D’après les derniers calculs, il est possible qu’une chute de petites météorites se soit produite dans une zone entre Termonde et Alost, à 30 km de Bruxelles ».

Voici un montage vidéo des trois observations du bolide du 22 janvier 2021 à 7h52 du matin. Dans l’ordre, par les stations de Bruxelles, Noordwijk et Oostkapelle. © Fripon

20210122T065150_UT from Francois Colas on Vimeo.

« Les météorites sont des petits morceaux d’astéroïdes qui tombent sur Terre à grande vitesse », précise le Dr Jehin. « La plupart du temps, elles sont très petites et sont détruites dans l’atmosphère sous la forme d’une étoile filante. Parfois, des fragments peuvent arriver au sol. Les météorites ont un intérêt scientifique très important. Elles permettent d’étudier la composition des astéroïdes et renseignent donc les spécialistes sur l’histoire du système solaire. »

Un caillou de 100 à 200 grammes

Le bolide observé vendredi matin dans le ciel hollandais et belge avait, semble-t-il, une vitesse initiale considérée comme faible par les spécialistes, de l’ordre de 16 km/s et une vitesse finale de 6 km/s. Il aurait pu donner naissance à  plusieurs fragments. « Dont le principal pourrait faire de 100 à 200 grammes », précise le Dr Steven Goderis, spécialiste des météorites de la VUB.

Dimanche, sous sa direction, une équipe s’est rendue dans la zone potentielle d’atterrissage de cette météorite en Belgique: un territoire elliptique situé au nord de Bruxelles. Mais l’expédition a fait chou blanc. « On y retournera sans doute mardi, avec des étudiants de l’ULB et de la VUB », confiait le Dr Goderis, dimanche en fin de journée.

« On reconnaît les météorites à leur croûte de fusion de quelques millimètres d’épaisseur (elles chauffent très fort et fondent en surface en traversant l’atmosphère), à la présence de surfaces lisses et d’angles émoussés, et au fait qu’elles paraissent lourdes pour leur taille (densité élevée) », précise le Dr Jehin.

Les météorites doivent être collectées très rapidement pour ne pas être détériorées ou se perdre. C’est la raison pour laquelle les chercheurs ont aussi fait appel au public habitant la zone potentielle d’atterrissage de ces météorites.

Zone potentielle d’impact de la septième météorite belge © FRIPON

Il n’existe, à ce jour, que six chutes de météorites répertoriées en Belgique depuis 1830. La dernière a eu lieu en 1971, à Tintigny (Province de Luxembourg). Elle n’a cependant été rapportée qu’en 2018, pour finalement être exposée au Musée Royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB), à Bruxelles. Sa spécificité? Elle provient de l’astéroïde Vesta, qui est le deuxième plus gros astéroïde de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. D’où vient le bolide observé vendredi dans le ciel belge? Pour répondre à cette question, il faudrait d’abord mettre la main sur l’un ou l’autre de ses fragments…

 

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