Elodie MEUNIER, agent de liaison académique et culturelle et Julie DUMONT, attachée de liaison scientifique (ALS)

Les « embaixadoras »

25 mars 2020
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

Science, recherche, innovation, enseignement, culture… Au Brésil, la Fédération Wallonie-Bruxelles dispose de deux « ambassadrices ». À Sao Paulo et à Belo Horizonte, les villes brésiliennes qui les accueillent, Julie Dumont, attachée de liaison scientifique (ALS) et Élodie Meunier, agente de liaison académique et culturelle, ne bénéficient cependant pas du statut de diplomate. Et ce, même si leur mission consiste bien à mettre de l’huile dans les rouages de la collaboration entre les acteurs scientifiques et culturels de la Fédération Wallonie-Bruxelles et du Brésil.

« Nous assurons effectivement la promotion des différents opérateurs de Wallonie-Bruxelles », indique Élodie Meunier, en poste dans la ville de Belo Horizonte. À l’Université fédérale de Minas Gerais, elle dispense chaque semaine huit heures de cours de français et de littérature belge.

Elodie Meunier

Promotion de la science et de la francophonie

« Une de mes missions porte sur la promotion de la langue française », précise-t-elle. « Notamment en tentant d’amener le niveau de maîtrise de la langue à un niveau suffisant pour permettre aux étudiants brésiliens intéressés d’effectuer une partie de leur cursus dans l’un ou l’autre de nos établissements d’enseignement supérieur: universités, hautes écoles ou écoles supérieures des arts ».

Si cette dimension « francophone » est un axe important de son travail académique au Brésil, celui de la promotion de l’enseignement supérieur de la FWB en est un autre. Tout comme la facilitation des échanges culturels.

De son côté, l’attachée de liaison scientifique Julie Dumont s’attelle à favoriser les échanges et les relations entre scientifiques belges et brésiliens. « En ce qui me concerne, je tente, notamment, d’identifier des opportunités ou des partenaires scientifiques ou industriels intéressants pour nos chercheurs », précise-t-elle. « Outre un travail de veille dans ce domaine, je suis aussi attentive à promouvoir les acteurs bruxellois et wallons de la recherche et de l’innovation à l’échelle de tout le Brésil. Même si je suis basée au sein d’une université (l’Université de Sao Paulo), mon champ d’action porte sur l’ensemble du pays », précise-t-elle.

Favoriser la mobilité des chercheurs 

Julie Dumont

La mobilité des chercheurs est également une dimension qui lui tient particulièrement à cœur. Tant la mobilité vers le Brésil pour des chercheurs de la FWB, que celle en direction de la Belgique.

Chacune de ces deux femmes relève de réseaux distincts opérés par Wallonie-Bruxelles International (WBI), l’agence en charge des relations internationales de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La qualité de leur travail a pu être appréciée début mars, par une délégation de scientifiques de la FWB venus en mission au Brésil, juste avant que les mesures de confinement pour cause de pandémie au Covid-19 ne soient mises en place. À leur programme: des rencontres avec des équipes scientifiques brésiliennes, du réseautage avec des acteurs science-recherche, des visites de laboratoires en vue d’activités scientifiques communes ou de leur renforcement de collaboration, des séminaires sur les opportunités de financement, la signature d’un accord de coopération entre WBI et la Faperj, le Fonds de la recherche scientifique de l’État de Rio de Janeiro. Une « mission » riche et dense.

Deux profils complémentaires et stratégiques 

Mais disposer à la fois d’une attachée de liaison scientifique (ALS) et d’une agente de liaison académique et culturelle (ALAC) dans un même pays, n’est-ce pas un luxe pour WBI, dont le contingent global d’ALAC totalise 11 personnes et celui d’ALS six personnes?

« C’est un cas unique », concède Pascale Delcomminette, Administratrice générale de Wallonie-Bruxelles international (WBI). « Mais qui prend tout son sens aujourd’hui, dans le contexte difficile que connaît la science dans ce pays. Développer nos collaborations avec les chercheurs brésiliens est profitable à tous, autant pour eux que pour les scientifiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles ».

L’argument socio-économique, évoqué dans le cadre de cette forme de diplomatie scientifique, est clairement chiffré par le Dr Alejandro Zurita, qui dirige le service « Science, Technologie et Innovation » de l’importante délégation de l’Union européenne au Brésil.

Dr Alejandro Zurita, directeur du service « Science, Technologie et Innovation » de la délégation de l’Union européenne au Brésil.

Intensification de la présence de la FWB au Brésil

« Avec des diminutions de budgets consacrés à la recherche et à l’innovation de l’ordre de 40 à 45 % en 2019, les mesures prises par les autorités brésiliennes ont de quoi décourager la communauté scientifique du pays et d’hypothéquer l’émergence d’une nouvelle génération de chercheurs », analyse le Dr Zurita.

Et l’ingénieur de constater que le risque de fuite des cerveaux n’est pas à prendre à la légère dans ce pays. « Lors du dernier appel du Conseil européen de la Recherche (qui finance des projets de recherche fondamentale de très haut niveau, et auquel les chercheurs brésiliens peuvent prétendre, NDLR), quelque 1200 propositions ont été reçues de scientifiques brésiliens », dit-il.

On comprend aisément que, dans ce contexte, la diplomatie scientifique déployée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, via WBI, prend tout son sens. « Le Brésil est un pays où nous souhaitons intensifier notre présence », confirme Pascale Delcomminette. « Cela mérite que nous déployions toute la panoplie de nos ressources sectorielles. La présence d’une ALS et d’une ALAC dans le pays en est un des signes les plus tangibles », conclut-elle.

 

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