L’Europe en 2050 et le retour du Césarisme

26 octobre 2015
par Yannick Colin
Durée de lecture : 3 min

David Engels, professeur d’histoire romaine à l’Université Libre de Bruxelles, n’est pas optimiste. « En 2050 ce sera la fin des guerres civiles en Europe », estime-t-il. « Mais ce sera aussi la voie ouverte pour un régime fort ».

 

Ce pessimisme lui vient de la comparaison entre l’Europe d’aujourd’hui et les dernières décennies de la République romaine. Les crises de l’époque ont débouché sur l’instauration de l’Empire et la confiscation de la « démocratie » romaine. A ses yeux, le marasme multiforme de notre temps devrait produire un nouveau« Césarisme ».

 

Le Pr Engels identifie trois analogies entre ces deux périodes.

Autrement dit, aujourd’hui comme à l’époque romaine, la crise n’est pas seulement économique. C’est  aussi une crise des valeurs.

 

Pour David Engels, l’Europe agit « comme un représentant des Nations Unies ». Elle fait aujourd’hui la promotion des valeurs universelles basées sur l’individu et le capitalisme. Elle tourne ainsi le dos à ses valeurs historiques, parmi lesquelles les valeurs chrétiennes.

 

Cet abandon est une des causes de la guerre larvée que se font aujourd’hui les populations « autochtones » et les migrants. Le migrant ne trouve pas devant lui une modèle culturel fort auquel il pourrait adhérer. Mais un fournisseur de biens matériels. Cette absence permet un repli sur soi et des réflexes communautaires.

 

A l’époque, la République avait progressivement laissé de côté les cultes et les valeurs traditionnels au profit de ceux des migrants de l’époque. Cela l’avait affaiblie et l’Empire avait refait vivre les cultes anciens pour renouer avec ses racines.

 

L’impasse politique

Le système politique de la République finissante était à bout de souffle. Il était incapable de proposer les réformes à long terme, indispensables à sa survie. De la même manière, le système politique européen actuel, basé sur des élections à répétition, est sclérosé. Il est lui aussi impuissant à mettre en œuvre les transformations que demandent la multitude des défis de notre époque.

 

Du coup, pour David Engels le déclin de l’Europe est inévitable. Il ne voit pas comment elle pourrait s’en sortir. Et d’une certaine manière, il assume ce pessimisme.

 

Ecoutez David Engels nuancer ce pessimisme

Reste la question de la méthode. David Engels le reconnaît : « l’analogie historique est un outil difficile à manier ». Mais tirer les leçons de l’Histoire est indispensable.

 

Il en va de son devoir d’historien, comme il l’explique de vive voix.

Ceci n’est qu’un avant-goût de la pensée foisonnante de David Engels. Une pensée qui ne laisse pas indifférent. Elle sera sans doute interrogée, débattue discutée lors du colloque organisé cette semaine par l’Académie royale de Belgique intitulé « Quelle Europe en 2050 ».

 

 

Le Déclin

 

David Engels, ULB.
David Engels, ULB.

David Engels est l’auteur d’un livre au titre évocateur : « Le Déclin. La crise de l’Union européenne et la chute de la république romaine –  analogies historiques », paru aux éditions du Toucan.

 

Il participera au colloque « Quelle Europe en 2050 » organisé par l’Académie royale de Belgique organise du 28 au 31 octobre.

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