Rainette verte © Aurélie Robise

La rainette verte est de retour en Wallonie

27 juillet 2022
Par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

La rainette verte, une petite grenouille mesurant de 3 à 6 cm à la peau lisse et vert pomme, était autrefois répandue dans la plupart des régions de Wallonie. Elle a disparu du sud de la Belgique il y a une trentaine d’années à la suite d’un long déclin. En collaboration avec d’autres acteurs, le pôle Raînne de Natagora lance un ambitieux programme de réintroduction de cet amphibien sur quatre sites wallons – trois en Famenne et un en Gaume -, restaurés et particulièrement favorables. Les premiers lâchers viennent d’avoir lieu.

Rainette verte © Aurélie Robise

Un déclin aux causes bien identifiées

Inféodée à l’origine aux plaines inondables des fleuves et grandes rivières, la rainette s’est ensuite adaptée au bocage agricole traditionnel, avec ses haies et ses mares. Dans cet habitat secondaire, elle a trouvé un réseau dense et interconnecté d’habitats aquatiques et terrestres, essentiels à son écologie.

Toutefois, vers la fin des années 80, l’uniformisation des paysages ruraux (monocultures, arrachage des haies, remembrement, herbicides…), la fragmentation de son habitat et la disparition des mares agricoles conduisent à sa disparition.

Progressivement, une meilleure compréhension des besoins de l’espèce et la mise au point de techniques de gestion spécifiques ont permis de redresser spectaculairement les dernières populations de l’espèce, notamment en Flandre et aux Pays-Bas. Certains pays (notamment le Grand-Duché de Luxembourg et l’Allemagne) ont mené avec succès des programmes de réintroduction dans des habitats restaurés.

En Wallonie, depuis plusieurs décennies, des programmes de restauration du milieu agricole sont menés dans divers cadres par de nombreux partenaires publics et privés. Dans certaines zones, les habitats ont retrouvé une richesse suffisante pour pouvoir accueillir à nouveau une espèce aussi exigeante que la rainette verte.

Des pontes prélevées en milieu naturel

C’est ainsi que mi-avril 2022, grâce au soutien des autorités flamandes et avec l’aide de l’association Natuurpunt, des pontes de rainettes ont été collectées dans plusieurs populations florissantes des provinces du Limbourg et d’Anvers. Bénévoles wallons et flamands ont uni leur force durant plusieurs nuits pour les rassembler en quantité suffisante.

« Ces pontes ont été mises en élevage chez nos partenaires « Le domaine des Grottes de Han » et « Pairi Daiza Foundation » ainsi que chez plusieurs volontaires de Natagora », explique Charles Carels du pôle Raînne de Natagora. « Cet élevage est destiné à assurer aux têtards un taux de survie nettement plus important que s’ils avaient été directement relâchés dans la nature. »

Têtard de rainette verte © Aurélie Robise

Protection des milieux aquatiques et terrestres

Après s’être assuré qu’elles ne sont pas porteuses de pathogènes, les jeunes rainettes viennent d’être libérées dans les sites sélectionnés de Famenne (un lâcher de près de 2000 individus a eu lieu samedi 16 juillet à Marche-en-Famenne) et de Gaume avec l’espoir qu’elles y fassent souche.

« Ce projet se veut bien plus ambitieux que la simple réintroduction d’une espèce disparue. Nous espérons que le retour de cet amphibien renforcera à grande échelle les initiatives de protection des milieux tant aquatiques que terrestres que la rainette affectionne particulièrement. Ce qui serait tout bénéfice pour une multitude de plantes et animaux peut-être moins spectaculaires, mais tout aussi essentiels pour la biodiversité », ajoute Charles Carels.

La réalisation de ce projet est rendue possible grâce à la collaboration d’acteurs des services publics, du secteur associatif et du secteur privé. L’opération sera renouvelée en 2023 et 2024 et, si le succès est au rendez-vous, ce programme sera étendu à d’autres sites wallons.

Haut depage