Le transgendérisme est inscrit dans le cerveau dès le plus jeune âge

30 mai 2018
par Daily Science
Durée de lecture : 4 min

L’activité et la structure cérébrales des adolescents transgenres ressemblent davantage aux schémas d’activation typiques du genre désiré que du genre de naissance. En d’autres mots, le cerveau des personnes transgenres ressemble plus au genre souhaité par un individu, et ce, dès le plus jeune âge.

Ces résultats suggèrent que des différences de fonctionnement cérébral peuvent survenir au début du développement. « Et que l’imagerie cérébrale pourrait être un outil intéressant pour l’identification précoce du transgendérisme chez les jeunes », indique l’Université de Liège, dans un communiqué.

Au GIGA-Neurosciences (ULiège), le Dr Julie Bakker s’intéresse à cette situation.

Transgendérisme et dysphorie de genre

Le transgendérisme est l’expérience, ou l’identification à un genre différent du sexe biologique assigné, alors que la dysphorie de genre (DG) est la détresse vécue par les personnes transgenres.

Ces phénomènes peuvent être présents dès le plus jeune âge. « Bien que l’incidence de la dysphorie de genre soit rare, l’identité de genre est une partie essentielle de la santé psychologique. Et si elle n’est pas traitée, elle peut entraîner de graves problèmes psychologiques », précise l’ULiège.

Les stratégies actuelles pour traiter la DG chez les jeunes impliquent une psychothérapie et éventuellement un traitement hormonal pour retarder la puberté, de sorte que les décisions sur la thérapie transgenre puissent être prises à un âge plus avancé.

Diagnostic précoce

La génétique et les hormones contribuent aux différences de sexe dans le développement et la fonction du cerveau et conduisent ainsi à des caractéristiques plus masculines ou féminines. Cependant, ces processus ne sont pas encore bien établis. En outre, on sait peu de choses sur le début de la vie, ou dans quelle mesure, les caractéristiques propres au genre des personnes transgenres s’établissent.

Un diagnostic précoce ou une meilleure compréhension du transgendérisme pourrait aider à améliorer la qualité de vie des jeunes transgenres et aider les familles à prendre des décisions plus éclairées sur le traitement.

L’IRM pour évaluer le mode d’activation cérébrale lié au genre

Dans son étude, le Dr Julie Bakker, du GIGA-Neurosciences (Université de Liège – Belgique), et ses collègues du Centre d’expertise sur la dysphorie sexuelle du VU University Medical Center, aux Pays-Bas, ont examiné les différences d’activation cérébrale des jeunes transgenres.

L’étude a porté sur des adolescents (garçons et filles) dysphoriques et a utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) pour évaluer les schémas d’activation du cerveau en réponse à une phéromone connue pour produire une activité spécifique au genre. Le mode d’activation cérébrale chez les adolescents garçons et filles transgenres ressemblait davantage à celui des garçons et des filles non transgenres du sexe désiré qu’à celui des adolescents non transgenres du même sexe biologique. (Illustration en tête d’article).

En outre, les adolescentes atteintes de la DG ont montré un schéma d’activation du cerveau typiquement masculin durant un exercice de mémoire visuelle/spatiale. Enfin, certains changements structurels du cerveau détectés étaient également plus similaires, mais pas identiques, à ceux typiques du sexe souhaité des garçons et des filles dysphoriques.

Selon Julie Bakker : « Bien que plus de recherches soient nécessaires, nous avons maintenant des preuves que la différenciation sexuelle du cerveau diffère chez les jeunes atteints de DG, car ils montrent des caractéristiques fonctionnelles du cerveau qui sont typiques de leur genre désiré. »

Les recherches de Julie Bakker et son équipe vont maintenant se porter sur le rôle des hormones pendant la puberté sur le développement du cerveau et les différences transgenres, pour guider et améliorer les futurs diagnostics et la prise en charge des adolescents présentant une dysphorie de genre. Julie Bakker ajoute : « Nous serons alors mieux équipés pour soutenir ces jeunes, au lieu de simplement les envoyer chez un psychiatre en espérant que leur détresse disparaîtra spontanément. »

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