Cinq lignées de chiens accompagnaient l’homme à la fin du paléolithique

30 octobre 2020
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Voici 10.900 ans, alors que l’homme était encore chasseur-cueilleur, il existait au moins cinq lignées différentes de chiens domestiques. C’est ce que révèle l’analyse de l’ADN fossile de 27 canidés. « Toutefois », indiquent les chercheurs qui sont arrivés à cette conclusion, « la grande variété de races de chiens que nous connaissons aujourd’hui ne représente plus qu’une infime partie de cette diversité canine d’autrefois. »

L’équipe internationale de scientifiques qui signe cette étude, et à laquelle participait Mietje Germonpré, une paléontologue de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique (IRSNB), était dirigée par l’Institut Francis Crick et les Universités d’Oxford et de Vienne. L’ADN fossile de 27 chiens préhistoriques a été passé au crible. Certains de ces animaux ont vécu, il y a près de 11.000 ans, en Europe, au Proche-Orient et en Sibérie.

Une seule lignée a donné naissance aux races contemporaines

« Certaines des différences que vous observez aujourd’hui chez les chiens sont apparues au cours de la dernière ère glaciaire. Les chiens étaient déjà très nombreux dans l’hémisphère nord à la fin de cette période », explique, dans un communiqué, Pontus Skoglund, chercheur à l’Institut Francis Crick et co-auteur de l’étude.

L’équipe a prouvé que ces différentes lignées de chiens primitifs se sont mélangées au cours des 10.000 dernières années. Les chiens tels que nous les connaissons aujourd’hui sont le résultat de ces croisements.

Les premiers chiens européens étaient, à la base, issus de deux groupes génétiquement différents, l’un proche des chiens du Proche-Orient, l’autre des chiens sibériens. Cette diversité n’est plus présente chez les chiens européens modernes. Les chercheurs ont constaté que la diversité des lignées primitives de chiens en Europe a disparu il y a environ cinq mille ans. En cause: la propagation d’une seule lignée de chiens, issue de l’Europe du Nord, qui a fini par remplacer toutes les autres.

Le mystère de la domestication reste entier

« L’analyse de l’ADN ancien a révolutionné l’étude de nos propres ancêtres et est désormais de plus en plus utilisée pour étudier les chiens et autres animaux domestiques. L’étude de notre plus fidèle compagnon à quatre pattes nous aide à mieux comprendre l’histoire de l’humanité », indique Ron Pinhasi, co-auteur de cette étude et chercheur à l’Université de Vienne.

De nombreuses questions restent encore sans réponse. Les équipes de chercheurs tentent toujours de découvrir le lieu et le contexte dans lesquels les loups ont été domestiqués pour la première fois. L’étude n’a trouvé aucune preuve démontrant que ce processus de domestication se soit produit à plusieurs reprises chez différents loups répartis sur plusieurs territoires. Selon les chercheurs, tous les chiens descendent d’une même population de loups, ou de plusieurs populations de loups étroitement liées.

Le fossile de chien le plus âgé connu à ce jour a été découvert en Belgique, dans la grotte de Goyet, en province de Namur. Daté de quelque 36.000 ans, il n’a cependant pas été pris en compte dans la présente étude génétique. « Et pour cause, nous n’avons pas encore pu isoler d’ADN utilisable du chien de Goyet », indique la paléontologue de l’IRSNB, Mietje Germonpré.

L’étude actuelle indique donc que la domestication des chiens a dû intervenir massivement pendant la dernière période glaciaire. Même si le chien de Goyet semble indiquer que la domestication du chien remonte à bien plus longtemps. Celui-ci n’est cependant pas un ancêtre direct du chien moderne. Il appartient plutôt à une lignée aujourd’hui disparue.

 

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