Survivre sur Terre

30 novembre 2020
par Raphaël Duboisdenghien
Durée de lecture : 4 min
"Une brève histoire de la Terre", par Frédéric Boulvain. Collection «L’Académie en poche. VP 7 euros, VN 3,99 euros
« Une brève histoire de la Terre », par Frédéric Boulvain. Collection «L’Académie en poche. VP 7 euros, VN 3,99 euros

Notre planète se modifie, même à brève échéance. Le changement climatique actuel est là pour nous le rappeler dit le géologue Frédéric Boulvain. Le responsable du laboratoire de pétrologie sédimentaire de l’ULiège relate ces transformations dans «Une brève histoire de la Terre» de la collection «L’Académie en poche».

«L’étude de la Lune et des autres corps du système solaire montre qu’entre 4 et 3,9 milliards d’années, toutes les planètes ont subi un intense bombardement météorique dont témoigne encore l’aspect actuel de notre satellite», explique le membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.

Courtes apparitions d’animaux et de végétaux

À l’échelle du milliard ou du million d’années, les continents sont baladeurs. L’océan se modifie. Les espèces animales et végétales ne font que de courtes apparitions avant de retourner au néant.

«Durant les derniers 65 millions d’années, les continents vont adopter progressivement la configuration actuelle», précise le professeur Boulvain. «Les Amériques continuent à s’écarter de l’Afrique et de l’Europe. L’Inde se rapproche de l’Asie. L’Australie se sépare de l’Antarctique et le Groenland de l’Amérique du Nord. L’Atlantique Nord termine son ouverture, entrant en communication avec l’océan Arctique. Les deux Amériques communiquent par l’isthme de Panama. Et l’Atlantique est séparé du Pacifique, modifiant profondément la circulation océanique.»

«L’histoire de la Terre est intimement liée à l’histoire de la vie», observe le géologue. «Non seulement notre planète l’abrite et l’entretient, mais elle est un acteur majeur de son apparition.»

L’histoire humaine s’écoule en 30 secondes

Si une année représente les 4,57 milliards d’années de la Terre, les roches les plus anciennes datent du début février. Les premières traces de vie de fin février. Les premiers fossiles à coquille de fin octobre. Les premiers mammifères remontent au 15 décembre. L’extinction des dinosaures au 25 décembre. Les premiers hominidés apparaissent le 31 décembre à 15 heures. L’homo sapiens à 23 heures. Et toute l’histoire humaine s’écoule au cours des dernières 30 secondes avant minuit.

"La vie sur Terre et son devenir", par Jean-Pierre Gratia. Editions L’Harmattan. VP 25,50 euros
« La vie sur Terre et son devenir », par Jean-Pierre Gratia. Editions L’Harmattan. VP 25,50 euros

Quitter la Terre devenue inhabitable

Dans «La vie sur Terre et son devenir» aux éditions L’Harmattan. Jean-Pierre Gratia exprime ses espoirs, mais aussi ses craintes. Le collaborateur scientifique au service Évolution biologique et Écologie de la faculté des sciences de l’ULB soulève le problème de la survie sur notre planète. Après avoir développé l’origine de la Terre et des océans. La vie et l’environnement des humains. Les performances en biologie moléculaire, biomimétisme, bio-ingénierie, cybernétique et intelligence artificielle.

«On est loin d’une bonne politique en faveur des secteurs du savoir, de la recherche, de la pensée, du lien social, et aussi des producteurs de connaissances et de débats publics», déplore l’ancien chercheur qualifié du Fonds de la recherche scientifique FRS-FNRS. «On peut se demander si la situation ne conduirait pas finalement l’humanité et la vie tout entière à quitter l’espace terrestre devenu inhabitable.»

Changer de genre de vie

Où les êtres humains pourraient-ils trouver refuge s’ils quittaient la Terre? «Il n’est pas du tout raisonnable d’envisager de quitter la Terre pour une quelconque vie sur une autre planète», observe le chercheur. «Non seulement c’est apparemment impossible, mais cela ne résoudrait pas les problèmes que nous connaissons sur Terre puisque nous les y exporterions.»

Et si les humains occupaient l’espace marin? «À supposer que la vie soit possible sur et dans l’eau, qui pourrait en bénéficier et échapper à l’enfer terrestre? Les plus démunis ou, au contraire, les plus nantis capables de payer ces hôtels de luxe sous-marins dont la construction aurait coûté une fortune?»

S’inspirer du passé? Le chercheur se demande si les humains seraient capables de reprendre tout à zéro. De construire des maisons passives, des hôpitaux, des écoles, des véhicules avec des moyens que leur génie industrieux mettrait à leur disposition, avec l’aide de la cybernétique. Selon le docteur en sciences, «l’être humain n’aurait plus toute la biodiversité que l’homme préhistorique a connue à sa naissance. Une terre fertile, cultivable. Et pas encore polluée.»

Que faire alors? «La recommandation qui s’impose à l’homme de demain est qu’il prenne conscience, en toute humilité, que de profondes modifications de son genre de vie, de ses actes, de ses options et décisions doivent être menées sur base de solides connaissances des ressources de l’univers. Et des limites qu’il faut se résoudre à ne pas dépasser», conclut Jean-Pierre Gratia.

 

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