Deux flores pour tout savoir sur les espèces botaniques en Belgique

2 janvier 2019
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 5 min

Taraxacum officinale, vous connaissez? Pour Anne-Laure Jacquemart et Charlotte Descamps, respectivement professeure et assistante à la faculté des bioingénieurs de l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), cette plante présente des « feuilles profondément dentées, de plus de 20 mm de large, et aux bractées externes de l’involucre réfléchies à maturité ». (1)

Pour Nausicaa Noret, professeure de biologie végétale, Caroline Stévigny professeure à la Faculté de Pharmacie et Matthias Vilain, responsable de la bibliothèque de Pharmacie, tous les trois à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), il s’agit d’une « plante herbacée vivace qui développe une grande racine blanche pivotante ».

Pour les deux groupes d’auteurs, ces (extraits de) descriptions portent évidemment sur le même végétal : le pissenlit officinal.

Nouvelle classification internationale des végétaux

"Flore écologique de Belgique", par Anne-Laure Jacquemart et Charlotte Descamps, Editions Erasme.
« Flore écologique de Belgique », par Anne-Laure Jacquemart et Charlotte Descamps, Editions Erasme.

La « Flore écologique de Belgique » de l’équipe de l’UCLouvain (Editions Érasme), est le prolongement du site web biologievegetale.be proposé en 2012. Ce site fournit des explications, des exercices de détermination et des fiches de quelques-unes des 1800 plantes rencontrées en Belgique.

L’ouvrage du Pr Jacquemart et de Madame Descamps suit la même philosophie. Il tient compte de la nouvelle classification proposée par l’Angiosperm Phylogeny Group (APG). Cette classification a redessiné profondément les délimitations des familles, des genres et des espèces botaniques en intégrant à des considérations morphologiques traditionnelles, des caractéristiques génétiques, chimiques et écologiques. Les auteures ont logiquement choisi de suivre la nouvelle nomenclature APG IV (2016) pour les noms de genres et d’espèces. De quoi permettre aux étudiants bioingénieurs, biologistes ou pharmaciens de s’y retrouver.

Deux zones biogéographiques : les domaines atlantique et médio-européen

Cette Flore ne concerne globalement que le territoire de la Belgique, au sein duquel deux zones biogéographiques ont été reconnues (séparées traditionnellement par le « Sillon Sambre-et-Meuse ») : les domaines atlantique (au Nord) et médio-européen (au Sud).

« Les termes de domaines atlantique et médio-européen ont été choisis, car ils correspondent aux critères de l’Union européenne et donc aux rapports sur l’état de conservation des espèces et des habitats pour les différents pays (Natura 2000) », précisent les auteures. « Dans certains cas, une localisation plus précise par district biogéographique a été adoptée (Littoral, Haute Ardenne, Ardenne, Campine, Lorraine), lorsque les espèces sont inféodées à ces territoires particuliers ».

« Toutes les espèces indigènes croissant spontanément en Belgique ont été prises en considération, sauf celles indiquées « rarissimes ou disparues » dans Lambinon & Verloove (2015). Les espèces introduites (exotiques) plantées, cultivées et en voie de naturalisation ou déjà reconnues comme envahissantes sont également intégrées ».

Cinquante plantes médicinales sous la loupe

"La flore médicinale: thérapeutique ou toxique?", par Nausicaa Noret, Caroline Stévigny et Matthias Vilain, Editions Racine.
« La flore médicinale: thérapeutique ou toxique? », par Nausicaa Noret, Caroline Stévigny et Matthias Vilain, Editions Racine.

Moins académique, mais pas pour autant moins intéressant, le livre « La Flore médicinale: thérapeutique ou toxique? » proposé par les scientifiques de l’ULB aux Éditions Racine, s’adresse à un public plus large. Il se concentre sur une cinquantaine de végétaux (mé)connus et utilisés pour leurs vertus thérapeutiques.

« Les hommes ont utilisé les plantes pour se soigner depuis l’aube de l’humanité », rappelle dans la préface le Dr Pierre Meerts, directeur scientifique du Jardin botanique expérimental Jean Massart et de l’Herbarium africain de l’ULB. On pourrait donc croire que les vertus médicinales des plantes ont été étudiées depuis longtemps, et n’ont plus de secrets. Il n’en est rien. Aujourd’hui plus que jamais, les ressources médicinales des plantes font l’objet de recherches scientifiques très actives », constate-t-il.

Trésors de la bibliothèque de pharmacie

Les cinquante planches qui illustrent l’ouvrage sont extraites du « Plantæ Méedicinales oder Sammlung Officineller Pflanzen » de Theodor Friedrich Ludwig Nees von Esenbeck, réédité en 1833, et conservé à la bibliothèque de Pharmacie de l’ULB. Dont celle consacrée au pissenlit, qui figure en tête de cet article.

Ces planches ont été sélectionnées pour leur pertinence médicinale ou toxique, ainsi que pour leur présence dans nos régions. Chaque planche est organisée en trois volets, sous le nom latin actuel de l’espèce, suivant la classification botanique récente (APG IV).

La première partie donne une description botanique de la plante illustrée. La deuxième partie explique les usages traditionnels et actuels en phytothérapie avec les précautions d’usage, et la toxicité éventuelle de la plante. Si la plante a permis d’isoler une molécule enregistrée comme médicament, l’information est également mentionnée. Enfin, la troisième partie propose un regard souvent historique, mais parfois aussi actuel, voire ludique, sur l’usage ou sur la biologie de la plante.

Diurétique et… gastronomique

Concernant notre pissenlit, le Taraxacum officinale, on y rappelle par exemple que c’est bien l’effet diurétique de cette « mauvaise herbe » qui lui a valu son nom.

D’un point de vue plus gastronomique, les auteurs détaillent aussi que « la racine de pissenlit était forcée en hiver et consommée comme le sont encore les chicons ». Que les feuilles de cette plante, à l’amertume prononcée, peuvent être consommées en salade au printemps. Ou encore que la racine de pissenlit, récoltée en automne et grillée constituait une alternative au café et à la chicorée ».

 

(1) NOTE: La dernière phrase du premier paragraphe de cet article était incomplète dans la version initiale publiée le 2 janvier. Elle a été complétée avec les trois derniers mots manquants le 3 janvier à 18 heures.

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