De l’ULiège à McGill, sur la piste de l’immunologie

3 avril 2018
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 4 min

Série (1) / Chercheurs « WBI » à Montréal 

Les liens entre les scientifiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Québec sont riches et multiples. Quatre scientifiques belges actuellement à Montréal en témoignent.

 

« L’hiver canadien, quand on y est bien préparé et lorsque l’on s’équipe comme il faut, ce n’est vraiment « pas pire » comme on dit ici. Au contraire, quand on se déplace à pied ou en métro comme moi, et que l’on adore les sports d’hiver, c’est formidable ».

Barbara Polese, docteure en Sciences biomédicales à l’Université de Liège, est ravie de son séjour de postdoctorat à l’université McGill, à Montréal. Et si le climat local lui convient, c’est bien entendu avant tout les recherches qu’elle y mène qui l’enchantent.

Étudiante-chercheuse en biologie de la reproduction

La recherche? « Cela a commencé dès mes premières années à l’ULiège », explique-t-elle. « En tant qu’étudiants, deux domaines particuliers m’intéressaient: la biologie de la reproduction et la génomique. J’ai donc rédigé une lettre de motivation à l’attention de mes professeurs, et finalement j’ai été prise comme étudiante-chercheuse en biologie de la reproduction ».

Au cours de ses études, Barbara Polese entre en contact avec un laboratoire parisien travaillant dans le domaine des cellules immunitaires dans l’utérus et leurs effets sur le développement de l’embryon. «Je trouvais cela passionnant. J’ai donc décidé de me lancer dans une thèse sur cette thématique  au GIGA de l’Université de Liège ». Une bourse Fria de quatre ans l’y a aidée.

Prospection internationale après le doctorat 

À la fin de sa thèse, en juillet 2017, son intérêt pour l’immunologie de la reproduction ne faiblit pas. « Ce qui m’intéressait, c’était le rôle des cellules immunitaires innées et l’implantation de l’embryon dans l’utérus », précise-t-elle. La difficulté de trouver des fonds pour continuer ses travaux en Belgique l’a amenée à prospecter à l’étranger pour y effectuer un postdoctorat. 

Une de ses candidatures spontanées a retenu l’attention d’un chercheur de l’Université McGill, à Montréal. « C’est comme cela que j’ai finalement décroché un poste au laboratoire du Pr Irah King », précise-t-elle.

« Ce que je recherchais avant tout pour ce postdoctorat, c’était un projet de recherche dans un domaine très intéressant et au sein d’une université réputée. Exactement ce que je fais actuellement ». 

Pour mener cette expérience fascinante à Montréal, la chercheuse a bénéficié de quelques coups de pouces financiers: un contrat de chercheurs en mobilité de l’Université de Liège, une bourse européenne Marie Curie qui favorise l’échange de jeunes chercheurs et leur mise en réseau pour un an, ainsi  qu’une bourse d’excellence de Wallonie-Bruxelles International (WBI), l’agence chargée de valoriser à l’étranger les talents des Wallons et des francophones de Belgique.

« À Montréal, je m’intéresse toujours au comportement des cellules immunitaires », précise la scientifique. « En particulier les cellules immunitaires de la peau, qu’il s’agisse d’un peau saine ou d’une peau souffrant par exemple de psoriasis. Il s’agit donc d’un problème d’immunologie général ».

Avec les moyens financiers dont elle dispose, le Dr Polese devrait rester un an à Montréal. « Toutefois j’aimerais rester deux ans à Montréal. Le but pour moi et de développer ici une super expérience en matière de recherche et en compétences transversales. »

Aller au bout de ses idées

Et après quelques mois de travail de ce côté de l’Atlantique, le bilan est positif.

« D’un point de vue professionnel et scientifique, j’ai découvert une autre façon de fonctionner, de gérer et organiser un labo », explique-t-elle. « J’apprends énormément au niveau technique, théorique et relationnel chaque jour. J’ai vraiment le sentiment d’être dans un environnement à la pointe, ce qui est très stimulant. Les relations professionnelles (à l’université McGill et dans les labos) sont totalement différentes ici et c’est très enrichissant. Egalement, on sent qu’il y a plus de moyens (financiers) dans la recherche ici, cela permet d’aller au bout de ses idées ».

« Au niveau personnel, cette expérience est fantastique. Vivre dans un autre pays, dans une ville aussi agréable et multiculturelle que Montréal, c’est génial. Cela nous fait découvrir plein de choses au niveau culturel, mais aussi cela permet de faire un peu le point sur sa vie, ce qui nous manque de la Belgique, ce qui est vraiment important. Je dois préciser que même si la vie est très belle ici, j’ai toujours envie de rentrer dans quelques mois ».

Parce que le plan de carrière du Dr Polese repasse par la Belgique, et Liège en particulier. 

« Mes projets professionnels n’ont pas changé depuis mon arrivée ici », dit-elle encore. « J’espère toujours continuer à faire de la recherche en Belgique à mon retour. J’ai l’impression que je viens de commencer ce postdoc, or, cela fait déjà 6 mois que je suis arrivée. Je ne pense donc pas encore vraiment à la suite. Je vais continuer ce projet jusqu’à ce qu’il aboutisse à une ou plusieurs publications, puis je chercherai un postdoc en Belgique », conclut-elle.

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