Un bébé plus tard? Les limites de la cryopréservation et de la grossesse tardive pointées à Bruxelles

4 juillet 2018
par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

Faire un bébé « plus tard », une bonne idée? Si les hommes peuvent fabriquer des spermatozoïdes jusqu’à un âge avancé, les femmes par contre naissent avec un certain nombre d’ovocytes qui diminue au fil des années et dont le nombre ne se renouvelle pas. Avec l’âge, la qualité du stock restant diminue, surtout en raison de l’augmentation relative du nombre d’ovocytes présentant une anomalie chromosomique.

Pour contrer quelque peu cette horloge biologique, les spécialistes de la médecine reproductive humaine ont développé diverses techniques. Notamment la cryopréservation d’ovocytes.

« AGE banking »

En congelant un certain nombre d’ovules préventivement, à un âge où ils sont encore nombreux et en parfaite santé, et ce en vue d’une grossesse ultérieure, il est possible de reporter une maternité. C’est ce que les spécialistes appellent « l’AGE banking ». Cette technique peut contribuer à maintenir chez la femme la possibilité d’avoir des enfants dans un avenir plus ou moins lointain, avec son propre matériel génétique.

« Mais attention », préviennent, les spécialistes belges du Centre bruxellois pour la médecine de la reproduction (CRG), de l’hôpital universitaire de la VUB (UZ Brussel). « La technique est sûre mais elle est aussi loin d’être infaillible», indiquent-ils en substance.

7,6% des femmes font décongeler, fertiliser et transférer leurs ovules

Au Congrès de la Société européenne de médecine humaine de la reproduction et d’embryologie (ESHRE), les chercheurs de l’UZ Brussel révèlent que « malgré l’augmentation spectaculaire du nombre de femmes choisissant de congeler leurs ovules pour se prémunir contre une baisse de fécondité anticipée liée à l’âge, les cliniques ne peuvent guère prédire les résultats fondés sur l’expérience réelle ».

Et ils donnent comme exemple les chiffres de cette pratique issue de leur propre Centre bruxellois. Seuls 7,6% des femmes ayant eu recours au « AGE banking » ont effectivement fait appel par la suite à cette structure pour faire décongeler leurs ovocytes et tenter une grossesse. Et seulement un tiers d’entre elles ont finalement réussi.

Ces chiffres proviennent du suivi 563 femmes qui ont fait congeler leurs ovules entre janvier 2009 et novembre 2017 au CRG. Ils viennent d’être présentés à la 34e réunion annuelle de l’ESHRE, organisée à Barcelone.

Age moyen au moment de la congélation: 36,5 ans

L’âge moyen de celles qui y ont fait congeler leurs ovocytes était de 36,5 ans. En moyenne, 8,5 œufs ont été recueillis et congelés (par la technique de congélation rapide de la vitrification) chez ces patientes.

Jusqu’à présent, seulement 12,8% (72 femmes sur 563) sont retournées à la clinique pour un traitement de reproduction. Parmi elles, 43 ont eu leurs ovules décongelés, fertilisés et transférés. Au total, ces manipulations ont donné lieu, actuellement, à 14 grossesses après le transfert d’embryons.

Ces chiffres bruxellois reflètent semble-t-il « une tendance à la hausse apparente dans de nombreux autres grands centres de fécondité européens et américains », indique Michel De Vos, un des membres de l’équipe du CRG.

« Nos résultats montrent qu’une femme sur trois seulement qui revient à la clinique pour réaliser une grossesse avec ses ovocytes vitrifiés démarre effectivement une gestation », indique-t-il encore. « Leur âge moyen était alors 42 ans », constate Michel De Vos, qui avertit: « comme pour tout traitement de la fertilité, la qualité des œufs diminue nettement avec l’âge ».

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