En 2014, la Belgique comptait 1800 centenaires. Selon les Nations Unies, leur nombre pourrait être multiplié par 8 à 10 d’ici 2050. Les dernières estimations de l’ONU indiquent que le nombre de personnes âgées de 100 ans et plus dans le monde pourrait ainsi bondir de 320 000 à 3,2 millions.
L’explosion du nombre de centenaires est surtout une affaire de femmes. En Belgique, elles sont aujourd’hui dix fois plus concernées que les hommes par cet allongement de la longévité, comme le montrent les chiffres produits par les chercheurs du Centre de recherche en démographie de l’UCL.
« Cela s’explique de diverses manières », commente le Dr Rizzi, spécialiste de la fécondité et de la famille en Europe, au Centre de recherche en démographie. « Il y a d’abord l’avantage biologique. Mais pour la génération actuelle de centenaires, il faut aussi tenir compte de la pénibilité du travail des hommes lorsqu’ils étaient actifs ainsi que l’impact des deux dernières guerres. »
Cette courbe n’est qu’une des facettes de l’exposition sur la démographie en Europe (« Vivre 100 ans tout en y prenant plaisir »), qui s’ouvrira lundi à Louvain-la-Neuve. L’exposition pointe aussi les enjeux liés à l’évolution de la longévité sous nos latitudes. Par exemple l’âge de la maternité qui est passé de 26 ans dans les années 1970 à 30 ans, l’importance des styles de vie sur la longévité, le fonctionnement d’une société vieillissante…
« Elle propose aussi des comparaisons de pays à pays », souligne le Dr Ester Rizzi, spécialiste de la fécondité et de la famille en Europe, et chargée de cours au Centre de recherche en démographie. Un centre dont les chercheurs ont étoffé les données présentées par des informations plus spécifiquement relatives à la Belgique.
On découvrira ainsi au fil de l’exposition des thèmes aussi variés que la détermination de nos chances de vivre 100 ans, l’importance des premières années de la vie, l’évolution de la vie professionnelle, les migrations, le problème de l’indépendance des personnes âgées.
Les démographes peuvent-ils prédire l’avenir ?
Le réseau Population Europe, à l’origine de cette exposition itinérante qui a été « augmentée » par les chercheurs de l’UCL pour son passage par Louvain-la-Neuve, n’élude aucune de ces questions.
Le réseau « Population Europe » est un réseau collaboratif. Il regroupe les principaux centres de recherche démographique européens. Fondé en juin 2009, il est soutenu par la Commission européenne depuis janvier 2010 et a son siège à Berlin. Le Centre de recherche en démographie de l’UCL en est bien entendu un des membres.
Pour vivre vieux, vivons ensemble
Les démographes de l’UCL s’intéressent aussi à une autre facette de la longévité en Belgique. Savez-vous que les célibataires font face à des risques de décès plus élevés que les personnes mariées ? Ce qui est plutôt une mauvaise nouvelle pour la population francophone du pays.
Un des graphiques proposés par les chercheurs de l’UCL permet de situer d’une part… les familles monoparentales dans le pays et d’autre part la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus vivant seules. Les cartes parlent d’elles-mêmes.
Et à propos, quelle est la principale raison de ce vieillissement de notre population? « Il s’expliquait anciennement par une diminution de la fécondité, laquelle réduisait l’importance des jeunes générations », expliquent les démographes. « Il est maintenant porté par un allongement des durées de vie aux âges élevés ».
Une question d’égalité des chances aussi
« A l’échelle internationale, nous remarquons que les personnes vivant dans des pays ayant un système éducatif et de santé performants ont tendance à vivre plus longtemps lorsque l’accès à ces services est garanti équitablement, indépendamment de l’âge ou des richesses », indiquent encore les concepteurs de l’exposition.
Note : L’exposition itinérante « Comment vivre 100 ans… tout en y prenant plaisir », fait halte au Forum des Halles de Louvain-la-Neuve, du 16 mars au 2 avril 2015.