La rivière Cavu, en Corse du Sud, est appréciée des baigneurs, notamment pour ses bassins naturels. © CC Nadine BUDIN
La rivière Cavu, en Corse du Sud, est appréciée des baigneurs, notamment pour ses bassins naturels. © CC Nadine BUDIN

Une maladie tropicale détectée en Corse

18 mai 2016
par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

Le parasite de la bilharziose a fait son apparition en Corse. Au dernier recensement, il a déjà infecté plus de 120 touristes et habitants dans la région de la rivière Cavu, dans le sud de l’île, non loin de Porto-Vecchio.

 

Localisation de la rivière Cavu, Corse du Sud. © Google Map (Cliquer pour agrandir)
Localisation de la rivière Cavu, Corse du Sud. © Google Map (Cliquer pour agrandir)

C’est ce que révèle cette semaine une équipe de chercheurs belges et internationaux dans la revue médicale « The Lancet ». Ils viennent également de démontrer que le ver parasite à l’origine de l’épidémie provenait probablement du Sénégal.

 

« La bilharziose (ou schistosomiase) est une maladie tropicale causée par un ver parasite, le schistosome », rappelle le Musée royal de l’Afrique Centrale de Tervueren, un des musées fédéraux relevant de la Politique scientifique fédérale (BELSPO), où travaille le Dr Tine Huyse, qui cosigne l’article scientifique dont il est question ici.

 

Transmission par les larves, via la peau

 

« Pour réaliser son cycle de vie, ce ver a besoin de deux hôtes successifs : un escargot d’eau douce et un mammifère (l’homme dans le cas de la bilharziose). L’infection a lieu lors de baignades dans des rivières ou des lacs où vivent ces escargots d’eau douce et le parasite ».

 

« La transmission se produit quand les gens souffrant de schistosomiase contaminent les sources d’eau douce avec leurs excréments », indique de son côté l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « L’infection se produit lorsque les larves du parasite, libérées par des gastéropodes d’eau douce, pénètrent dans la peau d’une personne lorsqu’elle est en contact avec une eau infestée ». Depuis l’été 2013, 120 personnes ont été infectées dans la rivière Cavu. Une « épidémie » qui avait déjà amené les autorités sanitaires locales à interdire la baignade dans cette rivière.

 

En 2014, la chaine de télévision France 3 (Corse), avait consacré un reportage à ce nouveau risque sanitaire, aujourd’hui chiffré plus scientifiquement dans « The Lancet ».

 

 

Une origine sénégalaise

 

« Nos analyses montrent que les schistosomes de Corse sont génétiquement très proches de ceux que l’on trouve au Sénégal. Le parasite a donc probablement été introduit par des personnes ayant été infectées au Sénégal », indique la biologiste Tine Huyse.

 

« Nous avons également pu démontrer que les escargots d’eau douce que l’on trouve en Corse (Bulinus truncatus) sont des hôtes parfaits pour les schistosomes », poursuit-elle.

 

« Une fois introduit dans la rivière Cavu, le ver parasite a donc pu se développer rapidement et infecter les touristes lorsque ceux-ci se baignaient », indique la scientifique du Musée Royal de l’Afrique Centrale.

 

Risque de dispersion ailleurs en Europe du Sud

 

« Il existe différentes espèces de schistosomes », continue-t-elle. « En Corse, nous avons trouvé deux espèces (Schistosoma haematobium et Schistosoma bovis), ainsi que des hybrides de ces deux espèces. Les hybrides colonisent facilement et rapidement de nouveaux habitats et d’autres régions d’Europe pourraient ainsi être infectées. Il faut donc suivre attentivement la situation dans d’autres pays d’Europe du Sud et les médecins doivent prendre en compte cette maladie lors de diagnostics de personnes venant de cette région », conclut-elle.

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