L’intelligence artificielle : fantasmes et réalités en bandes dessinées

4 octobre 2016
par Christian Du Brulle
Durée de lecture : 3 min

Des zombies mi-hommes, mi-machines, des ordinateurs plus futés que nos pauvres cerveaux, des robots interconnectés qui supplantent le genre humain… Les fantasmes relatifs à l’intelligence artificielle sont nombreux. Les avancées réelles également, et pas toujours là où on les attend.

 

Pour faire le point sur la question, les Editions Le Lombard consacrent un des premiers titres de leur nouvelle collection de bandes dessinées, « La petite bédéthèque des savoirs », à ce domaine de la recherche.

 

Une bédé pour parler science ? 

 

Le concept n’est pas nouveau, mais la formule séduit par sa simplicité, son efficacité et sa richesse de contenu. A chaque fois un spécialiste et un dessinateur s’unissent pour faire mieux comprendre la thématique abordée.

 

"L'intelligence artificielle", par Jean-Noël Lafargue et Marion Montaigne, Petite bédéthèque des savoirs, Editions Le Lombard. (10 euros).
« L’intelligence artificielle », par Jean-Noël Lafargue et Marion Montaigne, Petite bédéthèque des savoirs, Ed. Le Lombard. (10 euros).

Pour l’intelligence artificielle (« AI »), ce sont respectivement Jean-Noël Lafargue et Marion Montaigne qui s’y collent. Pour la bédé sur l’Univers, on retrouve l’astrophysicien Hubert Reeves comme caution scientifique. Quant au volume, pardon, à l’album consacré au hasard, c’est le mathématicien Ivar Ekeland qui prend le lecteur par la main. Le résultat est séduisant et accessible.

 

Ne pas confondre cybernétique et AI

 

En ce qui concerne l’AI, la bande dessinée se penche sur son histoire, ses réalités et les fantasmes qu’elle génère. Y compris cette obsession que nous avons d’imaginer des robots aux formes humaines, lesquels seraient, un jour, capables de nous supplanter, voire, de se retourner contre l’humanité et l’éradiquer…

 

« Attention à ne pas confondre cybernétique et AI », préviennent les auteurs. « La cybernétique change de comportement en fonction de capteurs et agit en fonction de ce qu’on appelle des boucles de rétroaction. Un exemple ? Le thermostat dans votre salon! »

 

« L’AI par contre, c’est plus subtil. On lui demande d’apprendre, de s’adapter et même de réaliser un certain raisonnement », précise Jean-Noël Lafargue.

 

« La cybernétique, c’est la communication. L’intelligence artificielle, c’est plein de choses : des systèmes experts, de l’apprentissage, de la créativité, des réseaux de neurones… »
 

Aujourd’hui, ce ne sont cependant pas les robots humanoïdes connectés et dotés d’une « entité informatique intelligente » qui inquiètent Jean-Noël Lafarge. « Les machines conscientes et qui se révoltent : c’est bon pour les films », dit-il. Le big data et l’intrusion qu’elle permet dans la vie privée le préoccupe davantage.

 

La méthode ascendante

 

Bien entendu, la recherche en intelligence artificielle avance.  Les résultats et les approches se multiplient, comme le principe de l’intelligence en essaim.

 

« Plutôt que de bourrer le crâne d’un cerveau artificiel d’une myriade de données pour lui apprendre à réagir au mieux lorsqu’il se trouve confronté à une situation inconnue, on préfère une méthode “ascendante”, explique l’auteur. “Elle consiste à enseigner des règles ultras simples à des robots pour qu’ils développent ensuite ensemble une intelligence en groupe”.

 

Ce type de recherche est menée depuis des années à l’université libre de Bruxelles.

http://dailyscience.be/2016/01/29/les-yeux-et-les-oreilles-de-daily-science-59/
D’autres projets, comme le Human brain project européen, entendent pour leur part simuler le fonctionnement complet d’un cerveau humain par des superordinateurs. Rien de moins! L’enjeu ? Mieux comprendre, par exemple, certaines maladies neuro dégénératives comme l’Alzheimer.

 

“Aujourd’hui, on en est loin”, souligne Jean-Noël Lafarge. Et ce n’est pas parce qu’un superordinateur bat soudain un champion du monde au jeu d’échecs qu’il faut croire que ce sera pour demain », dit-il en substance. De même; il doute qu’un jour, ces machines puissent être dotées d’une conscience ou de sentiments. « Le propre de l’être humain », conclut-il.

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