Traitement du lymphoedème par compression. © Clinique de lymphologie, Bruxelles
Traitement du lymphoedème par compression. © Clinique de lymphologie, Bruxelles

A Bruxelles, le lymphœdème mobilise les chercheurs

15 mars 2017
par Raphaël Duboisdenghien
Temps de lecture : 4 minutes

Chez 15% des patients soignés pour un cancer, une main, un bras, une jambe gonfle. Cet œdème est dû à une accumulation anormale de lymphe. Ce liquide transparent parcourt le corps. Il contient des lymphocytes actifs dans la défense de l’organisme. Il évacue des déchets. Un lymphœdème peut aussi être causé par une intervention chirurgicale, une inflammation… Avoir une origine génétique.

 

Un lymphœdème est souvent mal diagnostiqué, mal soigné. Les centres spécialisés sont peu connus. Des patients consultent plusieurs médecins, plusieurs kinés. Ils accumulent les insuccès…

 

«Pendant leurs études, les médecins n’ont pas appris beaucoup sur le réseau, la fonction lymphatique», regrette Liesbeth Vandermeeren, chef de la Clinique de lymphologie de Bruxelles, au CHU Saint-Pierre. «C’est une des raisons pour lesquelles, nous essayons d’informer un maximum de consœurs et confrères. Seul un traitement multidisciplinaire, basé sur un diagnostic rigoureux et de la kinésithérapie spécialisée, réduit le volume d’un lymphœdème. Plus tôt le patient est soigné, plus le résultat est positif et rapide.»

 

BeLymph aide les patients et les professionnels

 

La Dre Vandermeeren préside l’ASBL BeLymph, la branche belge de l’International Lymphœdema Framework. L’association renseigne les professionnels de la santé et les patients sur les meilleurs moyens pour diagnostiquer les lymphœdèmes, les soigner. Et les faire disparaître.

 

Un conseil des patients participe aux travaux de BeLymph, aux côtés des scientifiques, des cliniciens et des techniciens… «Le but est d’échanger les informations pour améliorer le traitement du lymphœdème», explique la présidente.

 

Les chercheurs bousculent les méthodes

 

De son côté, la Clinique de lymphologie de Bruxelles innove en s’appuyant sur les travaux de l’Unité de recherche en lymphologie de la Faculté des sciences de la motricité de l’ULB. Elle pratique notamment la lymphofluoroscopie, l’injection d’un colorant, l’indocynanine verte, dans le système lymphatique. Ce colorant aide à visualiser les vaisseaux lymphatiques inobservables à l’œil nu. La Clinique aide également le chirurgien à prélever un ganglion, à renseigner le patient, à rendre plus performant le travail du kiné mais aussi à détecter un lymphœdème secondaire.

 

Découvrez ici les principaux atouts de la Clinique de lymphologie de Bruxelles

[vimeo]https://vimeo.com/167304376[/vimeo]

 

L’innovation passe également par un bandage multicomposant pour décongestionner les lymphœdèmes. «Nous bousculons les méthodes qui prescrivent aux patients de porter un bandage pendant quelque 10 jours, 24 heures sur 24», explique Jean-Paul Belgrado, chercheur principal, de l’ULB. «Sur base de l’analyse de mesures de variations de pression sous le bandage, nous nous sommes aperçus que le bandage a donné 50% de sa capacité après 30 minutes, selon la fluidité des œdèmes. Il est donc temps de prendre une décision. Enlever le bandage et le reposer peut durer jusqu’à 20 minutes pour un membre inférieur.»

 

Doser la pression de manière optimale

 

«Comme l’objectif est de redonner de la pression, nous appliquons plutôt des bandes supplémentaires avec des mousses dont la viscoélasticité permet de retrouver la pression nécessaire. Sans capteurs de pression, les kinés savent, au toucher, s’il est temps d’agir. Le patient retourne chez lui sans bandage, avec une contention élastique qui maintiendra le résultat jusqu’à la prochaine séance. Nous nous inscrivons dans la vie réelle des patients en tenant compte de leurs possibilités. Cette technique met moins de temps pour vider l’œdème.»

 

L’idée des capteurs de pression sous un bandage a poussé les chercheurs à s’associer à l’École polytechnique de Bruxelles pour ajouter des capteurs d’humidité, de température et de mouvement. La Région bruxelloise a financé le projet. Dans le futur, les capteurs communiqueront, via Bluetooth, avec le smartphone du patient afin de mieux calibrer les pressions, sous contrôle du thérapeute. Avec l’accord du patient, ils renseigneront l’Unité de recherche pour mieux comprendre le fonctionnement des lymphœdèmes. Et les traiter plus efficacement. La start-up Noho.Care est chargée de commercialiser ce bandage dynamique.

 

 

Rendez-vous le 25 mars à Bruxelles

 

Samedi 25 mars, BeLymph organise son premier symposium international à Bruxelles, au Campus Érasme de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Le matin, des cliniciens et des chercheurs informeront les professionnels de la santé sur les dernières techniques pour soigner les lymphœdèmes. L’après-midi gratuit, avec inscription, est réservé aux personnes atteintes d’un lymphœdème et aux étudiants. Pour expliquer la maladie, montrer des solutions innovantes.

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