Eviter l’erreur alimentaire chez les enfants

10 mai 2017
par Raphaël Duboisdenghien
Temps de lecture : 4 minutes

Marie Mozin est la première diététicienne en Belgique à travailler exclusivement en pédiatrie. En 1959, dès l’enseignement secondaire terminé, la pionnière s’inscrit avec 5 étudiantes à la nouvelle section de diététique de l’Institut de régendat ménager et agricole de l’État au château d’Argenteuil à Waterloo. La septuagénaire raconte l’évolution de sa profession dans «Diététicienne de pédiatrie» aux éditions EME (www.eme-editions.be, VP 10,93 euros, VN 8,49 euros), collection «Médecine au quotidien».

 

Améliorer l’adéquation nutritionnelle

 

"Diététicienne de pédiatrie", par Marie Mozin, éditions EME, VP 10,93 euros, VN 8,49 euros.
“Diététicienne de pédiatrie”, par Marie Mozin, éditions EME, VP 10,93 euros, VN 8,49 euros.

En 1962, Marie Mozin commence sa longue carrière au service de pédiatrie de l’hôpital universitaire Saint-Pierre à Bruxelles. Sa profession est souvent associée au seul traitement nutritionnel du surpoids et de l’obésité.

 

«Depuis cette époque, j’aime mieux expliquer que notre activité vise à améliorer l’adéquation nutritionnelle des enfants et des adolescents en bonne santé ou souffrant de maladies chroniques, digestives ou métaboliques», précise la diététicienne. «L’erreur alimentaire peut avoir des conséquences très graves sur le plan de la santé physique ou mentale du nourrisson et de l’enfant.»

 

«La responsabilité de la diététicienne est très engagée. Non seulement dans l’élaboration d’un régime excluant ou limitant le nutriment concerné, mais aussi en calculant correctement les apports nutritionnels indispensables.»

 

À l’écoute des enfants et des parents

 

Une prise en charge nutritionnelle est bénéfique pour les jeunes enfants atteints de mucoviscidose, la maladie qui affecte les voies respiratoires et le système digestif…

 

«L’ajout d’enzymes pancréatiques et l’adaptation de l’alimentation améliorent la croissance staturo-pondérale. Comme pour toute maladie chronique, la collaboration du jeune patient autant que de ses parents est indispensable. Mon rôle est d’être à l’écoute des parents qui rencontrent des difficultés pour appliquer les recommandations nutritionnelles. Maitriser les techniques de communication est une qualité indispensable pour rendre la pratique de la diététique pédiatrique efficace.»

 

L’auteure évoque l’immigration marocaine et turque des années 1970. Des nourrissons déshydratés arrivent aux urgences et aux consultations avec des diarrhées causées par des conditions précaires, de longs voyages en voiture.

 

«Il fallait faire le choix d’une protéine tolérée autant par les nourrissons dont les villosités intestinales sont altérées par la malnutrition que par ceux qui sont allergiques aux protéines du lait de vache. Vient ensuite le choix de lipides et de glucides qui sont facilement absorbables et tolérés, quel que soit le type de pathologie digestive.»

 

«Il ne suffit pas de mélanger les hydrolysats de protéines avec des lipides, des glucides, des minéraux et autres vitamines pour obtenir une solution homogène. Il s’avère indispensable d’y ajouter au moins 0,5 à 1% de décoction d’amidon. En quelques jours, nous avons pu élaborer un tel aliment et le faire réaliser par notre personnel spécialisé qui résoudra bien des aspects pratiques permettant que ces nourrissons acceptent les biberons.»

 

Prévenir le syndrome de la mort subite du nourrisson

 

Dans les années 1980, la diététicienne s’investit dans la prévention de la mort subite du nourrisson. Des pédiatres lui demandent d’établir un document permettant de noter avec précision l’évolution de l’alimentation des tout-petits qui présentent des malaises inquiétants.

 

C’est le début d’une recherche sur la relation entre troubles du sommeil et particularités de l’alimentation ou de la tolérance digestive. L’étude publiée en 1985 dans la revue Pediatrics conclut que la possibilité d’une allergie aux protéines du lait de vache doit être prise en considération lorsqu’il n’y a aucune cause évidente expliquant l’insomnie.

 

Enthousiaste, Marie Mozin réussit d’autres défis. Notamment, donner cours à l’école d’infirmières de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). S’occuper de l’alimentation d’enfants et d’ados diabétiques en colonie de vacances. Collaborer à des études d’adéquation d’aliments diététiques infantiles. Se charger d’une consultation consacrée à l’obésité des enfants. Participer à la création et au fonctionnement d’une association professionnelle internationale, le Club Européen des Diététiciens de l’Enfance.

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