La philobie du tamaris, une espèce du sud de l'Europe, a été observée en juin à Han-sur-Lesse. © Chris Steeman
La philobie du tamaris, une espèce du sud de l'Europe, a été observée en juin à Han-sur-Lesse. © Chris Steeman

La philobie du tamaris s’installe en Wallonie

5 juillet 2017
par Daily Science
Durée de lecture : 3 min

C’est une des surprises du mois de juin, à Han-sur-Lesse. Lors d’une vaste opération de recensement des espèces sauvages menée sur une vingtaine d’hectares du domaine des grottes, un papillon de nuit vivant habituellement dans le sud de l’Europe a été découvert en Wallonie.

 

S’agit-il d’un signe d’adaptation de cette espèce aux changements climatiques ? Ce qui semble clair aux yeux des naturalistes de l’association Natagora, qui organisait ce recensement, c’est que la philobie du tamaris, comme d’autres espèces, élargit son aire de répartition vers le nord et atteint désormais nos régions.

 

Et cette découverte n’est pas la seule surprise livrée par cette opération de recensement réalisée dans une des régions les plus riches en biodiversité de Belgique: la Calestienne, soit la bande de terrain calcaire wallonne riche, notamment, en grottes.

 
1683 espèces différentes

 

Difficile d’imaginer qu’à côté des gloutons, des chevaux de Przewalski, de loups arctiques, des lynx, des ours ou encore des bisons du parc animalier du domaine des grottes de Han-sur-Lesse, la nature « domestique » affiche aussi une belle vitalité.

 

« Au total, les naturalistes ont recensé 1.683 espèces différentes, dont plus de 500 espèces de papillons de nuit », explique Anthony Kohler, responsable adjoint du parc animalier. Pourquoi une telle surreprésentation de ce groupe? « Parce que cette année, nous avions mis l’accent sur ce groupe », précise-t-il. 

 

Espèces recensées par groupes. Cliquer pour agrandir
Espèces recensées par groupes. Cliquer pour agrandir

 

Et ce n’est pas tout. Durant ce recensement, trois autres nouvelles espèces d’insectes pour la Belgique ont été découvertes, en plus de la philobie du tamaris. Il s’agit de deux mouches et d’un névroptère (un insecte dont les ailes présentent des nervures).

 

Un instantané de la biodiversité

 

De nombreuses espèces rares ont également été redécouvertes, certaines n’ayant plus été mentionnées depuis plusieurs décennies. Le site est clairement un véritable réservoir de cette biodiversité.

 

« Cette opération, une première au niveau du Domaine, a permis de dresser une radiographie partielle des richesses naturelles de nos prairies calcaires, nos bois et nos zones rocheuses », souligne Anthony Kohler. « Je dis partielle, car seule une vingtaine d’hectares sur les 250 du domaine ont été étudiés. Nous disposons désormais d’une première radiographie de cette biodiversité, un instantané de la biodiversité. Une information importante, qui va nous permettre à l’avenir de pouvoir apprécier comment les changements climatiques et la pression humaine influencent l’apparition ou la disparition d’espèces ».

 

Refuge pour coronelles lisses

 

On notera que seules deux espèces de reptiles ont été observées lors de cette opération de recensement: un lézard et un orvet. En ce qui concerne les serpents, Han-sur-Lesse est cependant riche, depuis quelques semaines d’une trentaine de couleuvres coronelles lisses.

 

Ces spécimens proviennent de captures réalisées le long des voies de chemin de fer modernisées par Infrabel/TUC rail. « Les coronelles lisses y trouvent un environnement qui leur convient parfaitement », souligne Anthony Kohler. « Lors des travaux aux voies, les spécimens découverts sont récupérés et envoyés chez nous. Nous nous sommes engagés à leur assurer le gite et le couvert pendant trois ans, avant de les relâcher dans la nature, une fois les travaux terminés ».

 

Au total, une centaine de ces coronelles devrait séjourner au centre de sauvegarde pour reptiles du Domaine des grottes d’Han-sur-Lesse.

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