Bien vieillir c’est aussi bien s’entendre avec les jeunes générations

21 décembre 2017
par Daily Science
Temps de lecture : 4 minutes

Ce n’est pas le nombre de rencontres entre grands-parents et petits-enfants qui favorise les bonnes relations entre ces deux générations, mais bien leur qualité. Voilà un des principaux enseignements de l’étude sur l’âgisme réalisée par quatre chercheurs de l’Unité de Psychologie de la Sénescence (UPsySen) de l’Université de Liège.

« L’âgisme fait référence aux stéréotypes qui débouchent sur des préjugés vis-à-vis des personnes, et ce en fonction de leur âge. Il s’apparente au racisme et au sexisme », rappelle l’association québécoise de gérontologie, qui précise aussitôt: « Les jeunes peuvent être la cible d’âgisme, mais la réalité tend à montrer que les aînés le sont davantage ».

Dans les écoles de Bruxelles, Charleroi, Huy et Namur

Pour tenter d’y voir clair dans ce contexte en Belgique francophone, les chercheurs de l’ULiège ont interrogé un peu plus d’un millier de jeunes âgés de 7 à 16 ans fréquentant des écoles primaires et secondaires de Bruxelles, Charleroi, Huy et Namur.

Dans leurs questionnaires, ils ont demandé aux jeunes ce qu’ils pensaient du vieillissement et des personnes âgées. Ils ont également recueilli des informations sur la santé des grands-parents, sur la fréquence à laquelle les deux générations se rencontraient et comment les jeunes ressentaient leurs relations avec leurs grands-parents.

La santé des grands-parents joue sur les opinions âgistes

En général, les opinions exprimées par les enfants et les adolescents sur les personnes âgées étaient neutres ou positives. Les filles avaient un point de vue légèrement plus positif que les garçons. Elles avaient également tendance à voir leur propre vieillissement plus favorablement, notent les chercheurs.

« La santé des grands-parents a joué un rôle dans les opinions des jeunes sur l’âgisme », notent les chercheurs. » Les jeunes dont les grands-parents étaient en mauvaise santé étaient plus susceptibles d’avoir des opinions âgistes que les jeunes dont les grands-parents étaient en meilleure santé ».

Le facteur le plus important influençant le point de vue des jeunes sur les personnes âgées a porté sur la qualité de leurs contacts avec leurs grands-parents. L’étude a caractérisé le contact des jeunes comme bon ou très bon quand ils expliquaient se sentir heureux ou très heureux lors des rencontres avec leurs grands-parents. Ceux qui ont décrit leurs contacts comme bons ou très bons avaient aussi des sentiments plus favorables envers les personnes âgées que ceux qui ont décrit ces contacts de façon moins positive.

L’impact de la fréquence des contacts

La fréquence des contacts, bien que moins importante, joue également un rôle. Les 10 à 12 ans qui voient leurs grands-parents au moins une fois par semaine ont les opinions les plus favorables envers les personnes âgées. « Probablement en raison de l’effet multiplicateur de la fréquence », estiment les chercheurs.

« Au final, ce sont les filles, les enfants de 10 à 12 ans et les jeunes ayant des contacts de qualité avec leurs grands-parents (surtout si ces contacts étaient fréquents et les grands-parents en très bonne santé) qui exprimaient les plus bas niveaux de stéréotypes et de préjugés à l’encontre des personnes âgées », constate Allison Flamion, la doctorante en psychologie à l’Université de Liège, qui a mené cette recherche.

L’échantillon était composé de 52% de filles et de 48% de garçons. La plupart des jeunes avaient des contacts réguliers avec leurs grands-parents (au moins une fois par mois pour 72% d’entre eux) et avaient une très bonne relation (46%) ou bonne (39%) avec eux. Quinze pour cent ont indiqué que leur relation avec les grands-parents n’était pas bonne.

“Pour de nombreux enfants, les grands-parents sont le premier et le plus fréquent des contacts avec des adultes plus âgés”, note Stéphane Adam, professeur de psychologie à l’Université de Liège, coauteur de l’étude. “Nos résultats soulignent le potentiel, pour les grands-parents, à faire partie de programmes intergénérationnels conçus pour prévenir l’âgisme. Nous espérons désormais pouvoir explorer ce qui rend les contacts avec les grands-parents plus gratifiants pour leurs petits-enfants. Mais aussi mieux comprendre les effets de ces contacts sur les enfants qui vivent ou prennent soin de leurs grands-parents ».

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