Il existe toutes sortes de tapis roulants: ceux qui transportent des personnes, des bagages, des marchandises. Au Jardin botanique de Meise, celui qui vient d’être installé est bien entendu spécialisé en végétaux.
« Il s’agit d’une machine à numériser », explique le Dr Steven Dessein, Administrateur général de « l’Agence Jardin botanique Meise ». Le Jardin botanique est en effet passé, depuis le 1er janvier 2014, sous l’autorité de la Communauté flamande. Les chercheurs des autres régions du pays y ont également accès, grâce à l’accord de coopération conclu en 2013. Sur les 180 personnes qui travaillent à Meise, une trentaine relève de la Communauté française de Belgique.
5.000 coups de flash par jour
La mission du nouveau tapis roulant est claire. Le scanner qui le surmonte est chargé de numériser, en haute définition, l’ensemble des herbiers du Jardin botanique. La machine scanne jusqu’à 5.000 planches par jour. Son objectif: numériser l’ensemble des végétaux conservés dans les diverses collections qui composent cet herbier.
L’herbier du Jardin botanique Meise compte 3,5 millions de spécimens collectés dans le monde entier. Il contient les collections de référence pour la Belgique, mais aussi pour l’Amérique latine et l’Afrique centrale. Il intéresse donc les scientifiques du monde entier.
Des spécimens âgés de trois siècles
« La digitalisation devenait nécessaire, car une collection numérisée réduit le risque d’endommager ces pièces uniques », indique Sofie De Smedt, en charge du projet DOE (acronyme de « déverrouillage digital des collections patrimoniales ). Les chemises en carton qui contiennent les planches de végétaux séchés en attestent. Au moins elles sont manipulées, au mieux elles se portent. Il faut souligner que certains spécimens datent… de 1724.
« Par ailleurs, permettre l’accès le plus large possible à nos collections, tant aux scientifiques qu’aux amateurs, permet aussi de renforcer notre visibilité internationale », souligne le Dr Dessein.
Un long travail de préparation
La numérisation à la chaine vient donc de commencer au Jardin botanique. Au cours des 18 derniers mois, le travail a été soigneusement préparé.
Une quinzaine de personnes ont inspecté et préparé les spécimens d’herbier. Il a fallu les doter d’un code-barres, mais aussi restaurer et remonter certains spécimens.
Le code-barres est indispensable. Il permet d’identifier l’image et assure le lien entre cette dernière et les informations inscrites sur l’étiquette, introduites dans la banque de données.
Le crowdsourcing pour compléter les données
Après la digitalisation, viendra en effet la phase d’encodage. Les données figurant sur les étiquettes d’herbier contiennent une foule d’informations utiles aux scientifiques. Elles leur permettent notamment de connaître le lieu de collecte, les caractéristiques et la dénomination des plantes.
Pour être finalisé, ce travail d’encodage nécessiterait encore de nombreuses années aux collaborateurs. Le Jardin botanique compte accélérer ce processus d’encodage en y faisant participer le plus de personnes possible, notamment en faisant appel au public. A Meise, on parle de crowdsourcing.
L’herbier digital dira tout… ou presque
Toutes les données seront ensuite disponibles via “l’herbier digital”, qui est une plate-forme accessible via le site web du Jardin botanique. Ce portail devrait être complètement opérationnel à la fin de l’année 2017.
« Toutefois, nous nous interrogeons sur l’intérêt ou l’utilité de diffuser certaines informations sensibles vers le grand public », indique encore le Dr Steven Dessein. « Par exemple en ce qui concerne la localisation précise de certains spécimens dont l’espèce est menacée. Nous ne voulons pas accélérer leur disparition ! »
Un herbier riche de plusieurs collections
L’herbier conservé au Jardin botanique Meise compte quelque 3,5 millions de spécimens. Cette collection se compose de deux volets : l’herbier des plantes vasculaires, d’une part, et l’herbier des cryptogames, d’autre part.
L’herbier des plantes vasculaires est constitué de trois collections principales : l’herbier général, avec plus d’un million de spécimens, l’herbier belge (200 000 spécimens) et l’herbier d’Afrique (un million de spécimens).
L’herbier des cryptogames conserve les échantillons de mousses, de lichens, d’algues, de champignons… Il compte 800.000 spécimens.